USA : la collecte des données téléphoniques vit peut-être ses dernières heures

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ège du Congrès américain, à Washington le 6 avril 2011 (Photo : Jewel Samad)

[31/05/2015 16:40:30] Washington (AFP) Le Sénat américain n’avait plus dimanche que quelques heures pour tenter d’éviter l’expiration du controversé programme de collecte des données des appels téléphoniques par la NSA aux Etats-Unis.

Si le Sénat, convoqué à 16h00 locales dimanche (20H00 GMT), ne trouvait pas de solution, cette collecte deviendrait illégale à 00H01 lundi (04H01 GMT), marquant ainsi une éclatante victoire pour Edward Snowden, l’ancien consultant de l’Agence nationale de sécurité qui a révélé au public l’ampleur des programmes de surveillance de la NSA.

Cette dernière a prévu de commencer à débrancher les serveurs collectant les données dès 15h59 dimanche, pour ne pas risquer d’être dans l’illégalité à l’expiration du programme, figurant dans la section 215 du Patriot Act voté quelques jours après le 11-Septembre.

“Je pense que les terroristes surveillent très attentivement ce qui se passe aux Etats-Unis”, a averti dimanche matin sur CBS John Brennan, le directeur de la CIA, “ils cherchent à exploiter les fragilités”.

“On ne peut pas se permettre maintenant” de diminuer le système de surveillance “lorsque l’on voit les épouvantables attaques terroristes et la violence perpétrée à travers le monde”, a-t-il ajouté.

Le président Barack Obama a appelé le Sénat à approuver un projet de loi déjà adopté par la Chambre des représentants, le USA Freedom act.

Ce projet de loi débloquerait la situation en prorogeant quelques mois la collecte et le stockage des données par la NSA avant que les opérateurs téléphoniques ne prennent le relais.

– Retarder la procédure de quelques jours –

Mais le sénateur républicain libertaire Rand Paul a promis samedi encore qu’il bloquerait toute tentative d’adoption du texte, comme il en a la possibilité du fait des complexes règles de procédure du Sénat américain.

“Demain j’imposerai l’expiration du programme illégal de la NSA”, a fièrement tweeté samedi le sénateur, qui fait partie des candidats potentiels pour la présidentielle américaine de 2016.

Rand Paul ne peut pas à lui tout seul bloquer la procédure législative, mais il peut la retarder encore de quelques jours.

Ce délai forcerait ainsi à débrancher les ordinateurs de la NSA et, peut-être, à relancer un complexe débat juridique et politique sur la surveillance des Américains.

L’administration américaine fait valoir que les services de renseignement ont besoin de disposer d’un outil permettant de savoir très rapidement à qui un suspect téléphone, et à qui les contacts de ce suspect téléphonent.

Ces recherches peuvent permettre à des agences comme la police fédérale FBI de montrer qu’un suspect “a été en contact” avec un membre du groupe jihadiste Etat islamique “à l’étranger, en Syrie ou en Irak”, a souligné cette semaine une source anonyme de l’administration.

L’accès aux métadonnées n’est pourtant probablement pas la plus importante pièce du dispositif de la surveillance de la NSA, estiment des spécialistes.

Un spécialiste du renseignement du groupe de réflexion CSIS, James Lewis, avait expliqué dans un rapport en décembre que, selon toutes ses sources au sein du renseignement, cet outil était “le moins utile” de tous les outils de surveillance de la NSA.

“S’il fallait renoncer à un programme, ce serait celui-là”, même si cela se ferait avec “une augmentation du risque”, avait expliqué M. Lewis.

Les grandes entreprises internet et informatiques américaines, dont l’image avait souffert de leur coopération supposée avec la NSA, soutiennent le USA Freedom Act promu par la Maison Blanche et la Chambre des représentants.

Cette loi laisserait aux compagnies téléphoniques le soin de stocker les données des appels, avec un contrôle judiciaire sur la manière dont les agences de renseignement pourront avoir accès à ces données et les exploiter.