Sept ans de prison pour l’ex-patron d’un géant informatique dans le scandale de “l’Enron indien”

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Hyderabad, le 9 avril 2015 (Photo : NOAH SEELAM)

[09/04/2015 13:25:39] Hyderabad (Inde) (AFP) L’ancien patron du groupe informatique indien Satyam a été condamné à sept ans de prison jeudi pour une escroquerie comptable géante de 2,25 milliards de dollars, scandale surnommé “l’Enron indien” et qui avait éclaté en 2009.

Un tribunal d’Hyderabad a jugé que Byrraju Ramalinga Raju, son frère et huit autres personnes avaient maquillé les comptes du groupes Satyam, un scandale qui avait secoué le secteur des services informatiques indien alors en plein boom.

“Tous les accusés ont été reconnus coupables de pratiquement toutes les infractions”, a déclaré le procureur K. Surender aux journalistes à l’extérieur du tribunal.

Raju a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs et d’atteinte à la confiance du public et l’accusation avait évalué les pertes pour les investisseurs à 140 milliards de roupies (2,25 milliards USD).

Il a été condamné à sept ans de prison et 50 millions de roupies (800.000 euros), tout comme son frère, selon V. Chandrasekhar, haut responsable du Central Bureau of Investigation (CBI), l’agence qui a conduit l’enquête.

Les huit autres accusés ont écopé de la même peine de prison et d’une amende moindre.

Raju, qui a été emmené dans un fourgon de la police dans une prison d’Hyderabad, va faire appel de cette décision, a annoncé l’un de ses avocats.

“Nous faisons évidemment appel de ce jugement”, a dit E. Uma Maheshwarao aux journalistes.

En démissionnant le 7 janvier 2009, le fondateur et président du quatrième groupe local de logiciels et services informatiques, B. Ramalinga Raju avait révélé avoir falsifié les bilans de Satyam et fait artificiellement gonfler les bénéfices de plus d’un milliard de dollars sur plusieurs exercices.

En avril 2009, Tech Mahindra, la filiale informatique du conglomérat industriel indien Mahindra and Mahindra a acquis une part stratégique de Satyam (42%) alors au bord de la faillite, avant d’annoncer son rachat complet en mars 2012.

Dans une lettre-confession aux actionnaires en 2009, Raju avait dit: “mon inquiétude était que les mauvaises performances n’aboutissent à un rachat”. Diriger cette entreprise “c’était comme monter un tigre sans savoir comment en descendre sans être dévoré”, écrivait-il.

Raju avait été libéré sous caution en novembre 2011 après trois ans de détention provisoire.

Pour les enquêteurs, cette condamnation constitue une rare réussite dans la lutte contre la délinquance financière.

“L’Inde poursuit très rarement les auteurs de fraude d’entreprise. Et il s’agit de la plus importante de toute l’histoire en Asie du sud. Pour nous, obtenir une condamnation est une grande victoire”, a dit un enquêteur à l’AFP sous couvert d’anonymat.

Parmi les autres condamnés figurent deux anciens salariés du cabinet PricewaterhouseCoopers, qui avait audité l’entreprise. PwC s’est dit “déçu” par cette décision et ses anciens salariés envisagent de faire appel.

“Comme nous l’avons déjà dit, il n’y a jamais eu de preuve que l’un de nos anciens partenaires, S Gopalakrishnan ou Srinivas Talluri, a été impliqué ou mis au courant de cette fraude organisée par la direction de Satyam”, a indiqué PwC dans un communiqué.

L’autorité de surveillance des marchés boursiers a infligé l’an dernier une amende de plusieurs millions de dollars à Raju pour violation du code boursier.

L’affaire avait suscité l’inquiétude en Inde car aucune autorité réglementaire n’avait été en mesure de démonter la fraude avant que Raju n’avoue avoir falsifié les comptes.