Le gouvernement veut réveiller l’appétit pour les investissements

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à Paris (Photo : Alain Jocard)

[08/04/2015 05:52:24] Paris (AFP) Le gouvernement dévoile mercredi des mesures qui doivent réveiller l’appétit des entreprises pour l’investissement, de manière à consolider la reprise, mais sans renier ses promesses de discipline budgétaire.

Vendredi dernier, le président François Hollande avait servi les amuse-bouche, en donnant quelques indices sur le menu de mesures que doit dévoiler le Premier ministre Manuel Valls dans la matinée.

Il avait ainsi indiqué que BpiFrance, le bras financier de l’Etat, allait augmenter ses prêts.

Les collectivités locales, dont les dépenses d’investissement l’an dernier ont plongé, devraient elles également être soutenues via des remboursements anticipés de TVA.

La proposition la plus attendue mercredi est celle d’un mécanisme fiscal “exceptionnel” de soutien à l’investissement.

– “Plusieurs centaines de millions” –

“Il s’agira de plusieurs centaines de millions d’euros”, a déjà indiqué mardi le secrétaire d’Etat au Budget Christian Eckert.

Le dispositif employé devrait passer par l’amortissement. En clair, une entreprise qui achète une nouvelle machine voit la valeur de son acquisition baisser dans ses comptes chaque année, et peut traduire cet effet comptable en un allègement fiscal.

M. Valls devrait préciser mercredi les moyens et le montant de ce nouveau coup de pouce aux entreprises.

Ces quelques “centaines de millions d’euros” à dégager sont un défi budgétaire de plus pour le gouvernement, qui s’apprête à transmettre à la Commission européenne son “programme de stabilité”, c’est-à-dire sa trajectoire de finances publiques sur plusieurs années.

La France s’est engagée à inscrire en 2017 un déficit public inférieur au seuil maximal européen, soit 3% du Produit intérieur brut, au terme du troisième délai accordé par ses partenaires européens pour revenir dans les clous.

Le retour timide de la croissance, attendue à plus de 1% cette année contre 0,4% l’an dernier, donne toutefois un peu de marge de manoeuvre au ministère des Finances, qui doit financer ce soutien à l’investissement, mais aussi d’autres mesures exceptionnelles, liées par exemple à la lutte contre le terrorisme.

– Politique de l’offre –

Les mesures de mercredi sont dans la droite ligne de la “politique de l’offre” poursuivie par l’exécutif, qui a déjà accordé aux entreprises une baisse de 40 milliards d’euros de cotisations et impôts.

Mais cette politique, contestée par une partie de la gauche et encore plus depuis la déroute aux départementales, ne pourra être vraiment validée que si la croissance repart pour de bon et, avec elle, l’emploi.

Or pour y parvenir, “le chaînon manquant, c’est l’investissement”, déprimé depuis des années, fait valoir Denis Ferrand, directeur général du centre de recherches Coe-Rexecode.

Malgré des marges regonflées, grâce aux aides du gouvernement mais aussi au désormais fameux “alignement des astres” extérieurs (pétrole moins cher, euro faible, taux d’intérêt dérisoires), les entrepreneurs français hésitent encore à se lancer dans de gros achats de machines. Et encore plus à embaucher.

Mardi encore, un sondage réalisé chaque mois par la société britannique Markit auprès de 700 dirigeants d’entreprises françaises révélait qu’en mars, leur moral était au plus bas depuis le début de l’année, malgré la multiplication des signes de frémissement de la conjoncture.

M. Valls sera aussi attendu mercredi sur d’éventuelles annonces sociales, après avoir déjà plaidé à plusieurs reprises pour une réflexion sur une plus grande flexibilité du marché du travail. Le chef de gouvernement refuse toutefois jusqu’ici de remettre en cause le CDI.