La chute du pétrole ne stimulera pas l’appétit d’or noir

773b7cb37f3e14c7a6b3ba3d9bcc4f58bd1085b1.jpg
étrole et une raffinerie près de la Havane, le 6 Mai 2004 (Photo : Gabriel Bouys)

[12/12/2014 18:23:01] Paris (AFP) La dégringolade des prix du pétrole sous l’effet d’une offre surabondante ne stimule pas l’appétit mondial d’or noir, dont la hausse sera freinée l’an prochain par une croissance économique hésitante, prédit l’Agence internationale de l’énergie, ce qui renforcera la pression sur les cours.

“La croissance de la demande devrait se raffermir en 2015, par rapport à 2014, mais cette accélération semble désormais plus modeste qu’anticipé précédemment, au vu du rythme de plus en plus hésitant de la reprise économique mondiale”, explique l’AIE dans son rapport mensuel publié vendredi.

La consommation de pétrole devrait croître de 900.000 barils par jour l’an prochain pour atteindre 93,3 millions de barils par jour (mbj), contre une anticipation précédente de 93,6 mbj, détaille le bras énergétique des pays développés. Pour 2014, elle a maintenu sa prévision à 92,4 mbj.

Le pétrole a chuté de plus de 40% depuis juin. Il a continué à décrocher vendredi à la suite de la publication de ce rapport pessimiste, et le brut américain évoluait depuis jeudi sous le seuil psychologique des 60 dollars, du jamais vu depuis juillet 2009.

A la timide croissance économique s’ajoutent la faible progression des salaires dans les pays développés, la suppression des subventions publiques aux produits pétroliers dans certains pays et le renchérissement du dollar, qui rend plus chers leurs achats en devises locales, mais aussi des mesures d’efficacité énergétiques déployées en période de pétrole cher.

En outre, “l’impact négatif de la dégringolade des prix du pétrole sur les économies des pays exportateurs devrait contrebalancer, sinon dépasser, l’effet stimulant qu’elle pourrait avoir pour les pays importateurs d’or noir, dans un contexte de croissance économique et d’inflation faibles”, estime l’AIE.

– Baril à 50 USD ? –

La Russie est particulièrement touchée: la baisse de ses revenus pétroliers, amplifiée par la chute du rouble, affecte les finances du pays et, par ricochet, la consommation.

Ainsi, la prévision de demande de brut dans ce pays frappé aussi par des sanctions occidentales a été abaissée par l’AIE de 195.000 barils par jour, à 3,4 mbj en 2015.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait elle aussi abaissé mercredi ses prévisions de la demande mondiale pour cette année et la suivante.

“L’adaptation de la demande et de l’offre à cette chute des prix pourrait bien prendre un certain temps”, résume l’AIE.

Cette nouvelle donne pétrolière n’aura ainsi pas non plus d’effet à court terme sur la production, qui reste soutenue aux Etats-Unis comme dans les pays de l’Opep, malgré un repli en novembre par rapport au mois précédent.

Au total, 94,1 mbj ont été produits le mois dernier, soit 340.000 barils de moins que le mois précédent, principalement en raison de perturbations en Libye qui ont affecté la production de l’Opep, qui pompe environ un tiers du pétrole mondial.

Fin novembre, le cartel a décidé de maintenir son plafond de production à 30 mbj, reflet de la volonté de l’Arabie saoudite de préserver ses parts de marché, malgré le désir de certains de ses pays membres de réduire l’offre pour peser à la hausse sur les cours.

En un an, l’offre pétrolière a augmenté de 2,1 mbj, soutenue notamment par la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis, qui devrait permettre aux pays non-Opep d’enregistrer une croissance record de 1,9 mbj cette année, avant de ralentir à 1,3 mbj en 2015.

Conséquence, la pression sur les cours persistera, selon AlphaValue: le bureau de recherche prévoit un baril à 50 dollars début 2015, la production outre-Atlantique continuant “de battre des records semaine après semaine”.