Afrique : le recul des naissances, un accélérateur pour l’économie

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Des enfants au Nigeria (Photo : Pius Utomi Ekpei)

[18/11/2014 07:53:51] Londres (AFP) Le recul des naissances pourrait contribuer au cours des prochaines décennies à un “miracle économique” en Afrique sub-saharienne, selon le rapport annuel du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) publié mardi.

Selon ce rapport, 59 pays au total, presque tous situés en Afrique, pourraient bénéficier d'”un dividende démographique” lorsque la population en âge de travailler dépassera en nombre le reste de la population, en raison de la baisse de la fertilité.

“Le +miracle économique+ vécu par les économies d’Asie de l’est pourrait devenir la réalité de nombre de pays parmi les plus pauvres aujourd’hui”, affirme-t-il.

Ce changement démographique pourrait aussi favoriser la transition démocratique, selon le rapport.

La tranche d’âge des 15 à 24 ans a connu un pic autour de 2010 dans les pays les moins développés et “elle commence à baisser”. Le résultat est que d’ici 2050 la population en âge de travailler aura donc plus que doublée.

Conséquence, au Nigeria par exemple, le pays le plus peuplé d’Afrique, ce changement démographique pourrait aboutir à “tripler le revenu par habitant d’ici une génération” s’il est accompagné des bonnes politiques et d’investissements, souligne l’UNFPA.

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émographique des jeunes entre 1980 et 2050 dans le monde (Photo : K. Tian/J. Storey, K. Tian/J. Storey)

Le fonds onusien appelle donc les gouvernements des pays concernés à se préparer à profiter de “cette opportunité unique” en investissant dans la santé et l?éducation, en améliorant leur gouvernance et en mettant en place les infrastructures nécessaires. Car “sans un cadre économique et politique solide pour le soutenir, ce dividende démographique pourrait ne pas se réaliser entièrement”.

“Les bons investissements sont à réaliser dans l’éducation, en particulier celle des filles. Les filles doivent aller à l’école, elles doivent y rester jusqu’à ce qu’elles aient atteint une certaine maturité”, a déclaré à l’AFP le directeur exécutif de l’UNFPA le Nigérian Babatunde Osotimehin, venu présenter le rapport à Londres.

– Dividendes combinés énormes –

Outre les pays d’Afrique, l’Afghanistan, l’Irak, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Yemen pourraient bénéficier de ce dividende.

Tous connaissent une baisse de la mortalité infantile qui encourage en retour les parents à avoir moins d’enfants et à investir davantage dans l’éducation et la santé.

Le rapport rappelle que les femmes dans les pays en développement “ont généralement plus d’enfants qu’elles ne le désirent” et que des centaines de millions d’entre elles “ont un besoin non satisfait d’une contraception plus moderne”.

“Aujourd’hui il y a plus de 220 millions de femmes qui veulent une planification familiale mais ne l’ont pas”, a souligné M. Osotimehin.

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un puits au Mali, en 2013 (Photo : Pascal Guyot)

Le rapport met en avant l’expérience de l’Asie de l’est -définie comme la Chine, Hong-Kong, le Japon, la Corée du sud et Singapour – où le revenu annuel moyen par tête a plus que quadruplé entre 1965 et 1995. Une hausse à laquelle a contribué pour un tiers “le dividende démographique”, selon le chercheur à l’université de Harvard David Bloom, cité par le rapport.

“Si les pays d’Afrique sub-saharienne font les bons investissements et adoptent des politiques pour améliorer les opportunités offertes aux jeunes gens, leur dividendes démographiques combinés pourraient être énormes, au moins 500 milliards de dollars US par an (400 milliards d’euros), soit un tiers du PIB actuel de la région, pendant trente ans”, prédit-il.

Le taux de fertilité mondial est en recul depuis les années 1950, passant d’une moyenne de six enfants par femme à 2,5 enfants aujourd’hui, un mouvement particulièrement sensible dans les économies matures.

Mais comme dans les pays occidentaux, le “dividende démographique” pourrait engendrer “des risques” après 2050, souligne le rapport.

“Un grand nombre de jeunes gens pourraient se retrouver à contribuer individuellement davantage pour les retraites et dépenses de santé de la population plus âgée”.