Uber bouscule le marché des taxis en Asie

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à Kuala Lumpur, le 10 octobre 2014

[15/10/2014 06:30:55] Singapour (AFP) Le service de voiturage Uber bouscule le marché des taxis en Asie du Sud-Est à la satisfaction des usagers, mais se heurte à la résistance des autorités de certains pays opposées à cette concurrence jugée déloyale, comme en Europe ou aux Etats-Unis.

Implantée dans plus de 40 pays du monde, la start-up californienne opère désormais en Indonésie, Malaisie, Thaïlande, aux Philippines et au Vietnam, après avoir fait ses débuts dans cette région d’Asie du Sud-Est il y a un an à Singapour.

Créée en 2009, la société met en contact par une application pour smartphone des clients avec des véhicules, taxis, limousines ou voitures particulières et leur permet de suivre le trajet sur leur écran.

Uber et d’autres applications en ligne pour des services de voiturage gagnent en popularité en Asie du Sud-Est, exploitant le mécontentement des usagers à l’égard des taxis.

Cinq capitales de la région — Jakarta (Indonésie), Kuala Lumpur (Malaisie), Manille (Philippines), Phnom Penh (Vietnam) et Bangkok (Thaïlande) — figurent en effet parmi les 10 pires villes du monde pour trouver un taxi, selon un classement établi en mars par le site tourism-review.com.

Avant l’apparition d’Uber à Singapour, des habitants se plaignaient des difficultés à trouver des taxis aux heures de pointe, lors de pluies diluviennes ou d’inondations, et déploraient des prix parfois exorbitants.

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à Singapour, le 10 octobre 2014

“Ce qui irrite Uber, c’est que des intérêts particuliers essayent de protéger des monopoles et d’empêcher l’arrivée de nouveaux entrants et de nouveaux concurrents”, a déclaré à l’AFP le directeur général d’Uber pour l’Asie du Sud-Est, Michael Brown.

En dépit des menaces de voir son activité interdite à Jakarta et à Kuala Lumpur, Uber continue d’opérer dans ces deux capitales. La start-up fait également l’objet de poursuites en Europe et aux Etats-Unis.

Ces derniers mois, les taxis se sont mobilisés en France, ainsi que dans plusieurs villes d’Europe et aux Etats-Unis pour protester contre la concurrence croissante et jugée déloyale des VTC (voitures de tourisme avec chauffeur), en particulier Uber, dont Google est l’un des actionnaires.

La start-up américaine s’est aussi heurtée à l’opposition des autorités à Séoul, estimant qu’elle devrait se conformer à la loi sud-coréenne qui régit les taxis ou les sociétés de location de voitures.

“Uber insiste sur le fait qu’elle agit comme un courtier en ligne mettant en contact des conducteurs et des clients, plutôt que comme une société de location de voitures”, a déclaré à l’AFP un représentant des autorités à Séoul.

Mais “nous ne sommes pas d’accord avec leur définition de leur activité”, a-t-il souligné.

– Améliorer les déplacements –

Les autorités à Jakarta et Kuala Lumpur estiment aussi qu’Uber ne respecte pas la stricte réglementation qui régit l’activité des taxis traditionnels. Ce que Uber dément.

La start-up ne possède pas de flotte de véhicules ou de taxis. Son service permet à des usagers de faire appel à des véhicules d’une flotte en général aux mains de sociétés privées.

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ère de taxi à Jakarta, le 8 octobre 2014

“Nous considérons que ce service de taxi est illégal”, a déclaré à l’AFP Muhammad Akbar, directeur du département des transports de la ville de Jakarta.

En Malaisie, les voitures particulières utilisant Uber risquent depuis le 1er octobre une amende allant jusqu’à 10.000 ringgit (2.400 euros), selon les autorités.

En revanche, des usagers des transports et des experts estiment qu’Uber et d’autres applications de services de voiturage ont le potentiel d’améliorer significativement les déplacements des habitants de certaines villes comme Jakarta.

Pour Winda Rezita, habitante de Jakarta et fondatrice d’une entreprise de commerce électronique, l’arrivée d’Uber est un soulagement: “Quand je suis trop paresseuse pour conduire dans les embouteillages ou attendre un taxi dans une longue file d’attente à un centre commercial, je passe simplement à Uber”.

Aux yeux de Daphné Kasriel-Alexander, consultante à Euromonitor International, “les transports publics inappropriés et surchargés” en Asie du Sud-Est, conjugués à l’émergence de classes moyennes, ont stimulé l’usage d’applications offrant des services de voiturage.

GrabTaxi, lancée en Malaisie en 2012, s’est depuis implantée à Singapour, en Indonésie, aux Philippines, au Vietnam et en Thaïlande, et compte encore se développer. Mais contrairement à Uber, cette société fait appel pour l’essentiel à des taxis, évitant pour le moment les difficultés de la réglementation.