Cuba entame la rénovation de sa production électrique avec l’aide de Moscou

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ésident russe Vladimir Poutine (gauche) et son homologue cubain Raul Castro à La Havane le 11 juillet 2014 (Photo : Alejandro Ernesto)

[16/07/2014 15:02:28] La Havane (AFP) En concluant la construction de quatre centrales thermiques avec la Russie, Cuba a entamé un ambitieux programme de développement qui vise à presque doubler sa production électrique à l’horizon 2030.

Les quatre unités de production de 200 MW chacune doivent servir la zone industrielle du mégaport de Mariel, à 50 km à l’ouest de La Havane, où fonctionne déjà une centrale thermique de 300 MW, produisant 12,8% de l’électricité de l’île.

L’investissement prévu est de l’ordre de 1,6 milliard de dollars, conclu la semaine dernière lors d’une visite à La Havane du président russe Vladimir Poutine.

Cette première pierre d’une rénovation de la production électrique s’inscrit dans un plan de développement de 10 milliards de dollars, visant à faire passer la production de 18,746 GWh aujourd’hui à 30,299 GWh en 2030.

Le tout avec un rééquilibrage des moyens de production afin de réduire la dépendance au pétrole et favoriser les énergies renouvelables, tout en abaissant le coût de production du KW.

“Tout cela va coûter de l’argent, et avec ce dont on dispose aujourd’hui, on ne peut pas le faire, il faut faire appel à des sources de financements externes”, a assuré début juillet devant le Parlement le vice-président du conseil des ministres Marino Murillo, en charge des réformes économiques.

Cuba mise beaucoup sur sa nouvelle loi sur les investissements étrangers entrée en vigueur fin juin et la visite de Vladimir Poutine a coïncidé avec l’annulation de 90% de l’énorme dette de Cuba envers l’ex-Union soviétique.

– Abandon du nucléaire –

La situation financière à l’égard de la Russie est assainie et si Cuba doit commencer à payer sa dette (ramenée à 3,5 milliards de dollars sur 10 ans), les encours doivent normalement être réinvestis par Moscou à Cuba.

Le régime communiste cubain compte aussi sur un autre gros investisseur potentiel, la Chine.

Le président chinois Xi Jiping est attendu en fin de semaine à La Havane et a déjà indiqué que Pékin entendait accélérer “les efforts de coopération dans les secteurs prioritaires” pour Cuba, les infrastructures et l’énergie.

Le souci principal de La Havane est d’amoindrir sa dépendance au pétrole. Depuis plusieurs années, les recherches dans le golfe du Mexique restent infructueuses et Cuba ne produit que la moitié de ses besoins. Le reste est importé à des conditions avantageuses du Venezuela.

Le plan vise à faire passer à l’horizon 2030 la part des énergies renouvelables de 4,3% aujourd’hui à 24%. La génération à base de produits pétroliers passant dans le même temps de 95,7% à 76%.

Sont ainsi prévues les constructions de 19 unités bioélectriques, pour une puissance totale de 755 MW, associées à des centrales sucrières et produisant de l’électricité avec la biomasse de la canne à sucre. Chacune coûte 40 millions de dollars, selon Marino Murillo.

Treize parcs éoliens (633 MW), des systèmes photovoltaïques (700 MW) et des petites unités hydrauliques (56 MW) doivent compléter le panorama des sources d’énergie renouvelables.

Ce plan de développement est chiffré à 3,7 milliards de dollars, a assuré le patron du développement de Cuba qui cherche encore à sortir du modèle économique hérité de l’Union soviétique des années 80.

Parallèlement à l’accent mis sur les énergies renouvelables, 6,2 milliards de dollars doivent être consacrés à la rénovation du système de production électrique classique.

Avec une croissance espérée de la production de 3% par an, le coût du KW devrait baisser de 0,21 dollar à 0,18 en 2030, a assuré Marino Murillo.

La visite du président russe a en revanche définitivement enterré les projets de nucléaire.

Lancée en 1983, la construction de la centrale nucléaire de Juragua, près de Cienfuegos, dans le centre du pays, a été interrompue 10 ans plus tard, après la disparition de l’URSS.

Après un investissement commun d’un milliard de dollars, il en manquait autant pour terminer le projet, qui avait déclenché de nouvelles tensions avec Washington, qui voyait d’un mauvais oeil Cuba prendre la voie du nucléaire.