Tunisie : Le gouvernement Jomaa veut accélérer la cadence dans la cession des entreprises confisquées


gov_jomaa-4545d.jpgDans
sa recherche de moyens pour combler le trou du budget de l’Etat 2013 et assurer
les ressources requises pour celui de 2014, le gouvernement ne néglige aucune
piste. A l’extérieur, tout est fait pour obtenir de nouveau prêts ou ceux déjà
promis mais non décaissés par les différents bailleurs de fonds internationaux.
A l’intérieur, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaa, table, outre l’emprunt
national en préparation, sur la cession d’actifs –sociétés, terrains et actions-
confisqués.

Entamé sous la Troïka, ce programme va reprendre et s’accélérer au cours des
mois à venir, ainsi que l’a annoncé le ministre de l’Economie et des Finances,
Hakim Ben Hammouda, mercredi 26 mars. Alors que le précédent gouvernement avait
tablé sur 700 millions de dinars, M. Ben Hammouda –qui affirme que ce montant
n’aurait pas pu être atteint avec les biens dont la cession a été programmée- a
révélé que l’équipe dont il fait partie espère récolter près de 1,5 milliard de
dinars grâce à la vente d’une trentaine de biens.

Une fois la liste –en cours d’élaboration avec la présidence du gouvernement-
définitivement arrêtée, des lots seront constitués dont la mise sur le marché
sera pilotée par des banques d’affaires auxquelles le gouvernement envisage
d’avoir recours.

Une aubaine pour Mohamed Ali Chekir, directeur général d’Al Karama Holding, qui
attendait depuis longtemps le feu du –précédent- gouvernement pour vendre
certains des biens dont cette entité a la charge.

Al Karama Holding mettrait sur le marché les trois sociétés du Groupe Al Ford
(Alpha Ford S.A., Alpha Bus Tunisie et Alpha International Tunisie), Jet
Multimédia, et Global Telecom Networking, ayant toute appartenu par le passé à
Karthago Group de Belhassen Trabelsi, et Ennakl Véhicules Industriels qui
faisait partie de Princess Holding El Materi, ainsi que les 10% du capital de
Tunisiana encore contrôlés par l’Etat.

Les participations confisquées à Marouane Mabrouk ne feraient pas partie de
cette liste, du moins pas pour l’instant, car la bataille judiciaire entre Al
Karama Holding -détentrice des parts de l’ex-gendre de Ben Ali confisquées par
l’Etat dans Orange Tunisie, des Assurances GAT et de Shems FM, via Maghreb
Participation Holding (MPH), Investec et Media Invest- et le cadet des frères
Mabrouk, bat son plein. En effet, après la décision en sa faveur obtenue
récemment par Marouane Mabrouk, Al Karama Holding a porté la question de son
aptitude ou non à convoquer une assemblée générale des entreprises appartenant
jadis à cet homme d’affaires et aujourd’hui sous son contrôle en vue de nommer
de nouveaux administrateurs et dirigeants. L’appel aura lieu les 14 et 15 avril.

Marouane Mabrouk conteste à Al Karama Holding ce droit en se fondant sur la
première partie de l’article 277 qui stipule qu’une AG est convoquée par le
conseil d’administration, le directoire ou, en cas de nécessité, par le ou les
commissaires aux comptes. Al Karama Holding s’appuie quant à elle sur la
deuxième partie du même article qui habilite un ou plusieurs actionnaires
détenant au moins cinq pour cent du capital de la société anonyme lorsqu’elle ne
fait pas appel public à l’épargne ou trois pour cent lorsqu’elle fait appel
public à l’épargne à convoquer une assemblée.