Qatar : constat syndical sévère sur la situation des ouvriers migrants

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çais Gilles Letort (c) et des membres de la Fédération internationale de la construction visitent un chantier le 9 octobre 2013 à Doha, au Qatar (Photo : Karim Jaafar)

[10/10/2013 16:12:05] Doha (AFP) Une délégation syndicale internationale a demandé jeudi une amélioration immédiate des conditions des travailleurs migrants du Qatar, riche pays du Golfe accusé d’exploiter la main d??uvre employée sur des chantiers du Mondial 2022.

Le sévère constat établi par une délégation de la Fédération internationale du bâtiment et du bois sanctionne une mission, chahutée, de quatre jours, pendant laquelle les délégués n’ont pu accéder librement à certains des immenses chantiers du pays.

Ils ont pu toutefois rencontrer des travailleurs originaires d’Inde, du Népal, du Bangladesh et des Philippines, dont certains se sont plaints du manque de soins médicaux ou de l’impossibilité d’avoir recours aux tribunaux en cas de litige avec l’employeur.

Les autorités du Qatar ont répliqué en affirmant être prêtes à “relever les défis” posés par la condition de ces travailleurs.

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és sur un chantier lors de la visite de la Fédération internationale de construction, le 9 octobre 2013 (Photo : Karim Jaafar)

Dans un communiqué lu au cours d’une conférence de presse, la délégation syndicale a souligné que “des mesures vigoureuses sont nécessaires maintenant, et non pas à l’avenir”, pour améliorer les conditions de ces travailleurs.

Elle a estimé que les législations du travail du Qatar ne comportaient pas de “principes bien définis, ne sont pas au niveau des standards internationaux et n’incluent pas le droit des travailleurs à se syndiquer”.

La délégation a en outre souligné que les réformes proposées pendant la mission par les autorités ne mentionnent aucune “urgence” à l’amélioration de la situation des travailleurs migrants.

La mission, décidée de longue date, est arrivée au Qatar après la parution d’articles de presse dénonçant l’exploitation de la main d??uvre étrangère dans le pays.

Le quotidien britannique The Guardian a révélé le mois dernier que 44 ouvriers népalais étaient morts sur les chantiers du Qatar, ce qu’ont démenti les autorités de Doha.

La délégation, qui n’a pas parlé d’esclavagisme, a relevé une situation satisfaisante sur de gros chantiers et indiqué que les abus émanent souvent de sous-traitants.

Embryon d’organisation syndicale

Les délégués ont estimé que les mesures envisagées par les autorités étaient insuffisantes, et recommandé que le Qatar intègre dans sa législation les règles de l’Organisation internationale du travail (OIT) en ce qui concerne la santé et la sécurité sur les chantiers de construction, ainsi qu’un système fort d’inspection.

La délégation a également recommandé que l’on cesse de retenir les passeports des travailleurs étrangers et que soit supprimé le système de “kafala”, le parrainage de tout étranger par un national qui ouvre la porte à de nombreux abus.

Elle a d’autre part souligné qu’il fallait interdire aux agences de recrutement de monnayer leurs services, faire en sorte que les contrats de travail soient rédigés dans la langue de ces travailleurs et établir un système pour résoudre les conflits de travail.

Tout de suite après la conférence de presse des délégués, Ali al-Merri, chef de la Commission nationale des droits de l’Homme du Qatar, un organisme officiel, a assuré à la presse qu'”il y a des défis à relever en ce qui concerne le système de la Kafala et des libertés syndicales”.

Le premier fait l’objet des travaux d’une commission qui va soumettre ses recommandations au Conseil des ministres, a-t-il déclaré, et un embryon d’organisation syndicale avec une direction de 50 membres est en cours de constitution.

Il a par ailleurs souhaité que les recommandations finales de la délégation syndicale internationale soient uniquement consacrées à la défense des travailleurs et “ne pas servir d’autres objectifs”, allusion à la campagne dont le Qatar estime faire l’objet à propos de l’organisation du Mondial 2022.

Des voix s’élèvent en effet dans le milieu sportif international pour souligner l’impossibilité d’organiser cette compétition pendant l’été dans un pays où les températures peuvent approcher les 50°. D’autres estiment que l’attribution de cette prestigieuse compétition internationale au Qatar est entachée d’irrégularité, avec un soupçon de corruption.