Bruxelles inquiète pour l’Espagne et la Slovénie

[10/04/2013 12:07:38] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne s’est vivement inquiétée mercredi de la situation économique en Espagne et en Slovénie et a demandé à ces deux pays de la zone euro de lui soumettre rapidement un programme de mesures cherchant à corriger ces déséquilibres jugés excessifs.

“L’Espagne et la Slovénie présentent des déséquilibres qui peuvent être jugés excessifs. (…) Les deux Etats membres doivent présenter un programme économique complet et détaillé afin de corriger ces déséquilibres de manière décisive” courant avril, indique la Commission, qui a rendu public mercredi un rapport sur les déséquilibres macroéconomiques de 13 pays européens.

Ce rapport est “une sonnette d’alarme nécessaire pour plusieurs Etats membres”, a affirmé le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, lors d’une conférence de presse.

Concernant l’Espagne, c’est le niveau important de l’endettement qui inquiète le plus la Commission et fait peser un risque sur la stabilité des finances publiques du pays, qui a obtenu en 2012 un plan d’aide pour recapitaliser ses banques, en difficulté.

“Même si un ajustement est en cours, l’amplitude des déséquilibres à corriger requiert une politique forte et continue”, d’autant plus que le pays, plongé dans la récession, doit faire face à un chômage de masse qui touche de plein fouet les jeunes.

“Par conséquent, de nouvelles mesures vont être nécessaires dans plusieurs domaines pour corriger ces déséquilibres”, a averti M. Rehn.

En Slovénie, la Commission pointe les déséquilibres du secteur bancaire et demande une réaction “urgente”, au lendemain d’une rencontre entre le nouveau Premier ministre slovène, Mme Alenka Bratusek et plusieurs responsables européens à Bruxelles.

Le secteur bancaire slovène croule sous les mauvaises créances. Celles-ci s’élèvent à 7 milliards d’euros selon un rapport du Fonds monétaire international qui a évalué à 1 milliard d’euros le besoin de recapitalisation des trois principales banques, tandis que l’agence Fitch estime ce besoin à 2 milliards d’euros. Par conséquent, l’Etat issu de l’ex-Yougoslavie est souvent cité comme un maillon faible de la zone euro, susceptible d’avoir besoin d’une aide internationale.

Outre la Slovénie et l’Espagne, qui sont les cas les plus critiques, la Commission européenne épingle également les déséquilibres macroéconomiques de 11 autres pays européens, dont la France et l’Italie, qui souffrent d’un manque de compétitivité conjugué à un endettement massif.

Les déséquilibres sont très différents selon les pays et concernent des domaines aussi divers que le marché immobilier (Suède, Pays-Bas, Danemark) ou la taille du secteur bancaire (Malte). Il est demandé à tous les pays concernés de prendre des mesures pour les corriger et de présenter un plan courant avril. La Commission fera ensuite des recommandations ciblées pays par pays le 29 mai.

Cette évaluation des déséquilibres macroéconomiques s’inscrit dans le cadre de l’ensemble de dispositions législatives appelées “six-pack”, entrées en vigueur en décembre 2011 et qui renforcent la surveillance budgétaire et macroéconomique dans l’UE.

Cette procédure comprend un volet préventif, qui permet à la Commission et au Conseil d’adopter des recommandations aux Etats concernés avant que les déséquilibres ne deviennent trop graves, mais aussi un volet correctif, qui n’a jamais été utilisé, et qui prévoit des sanctions financières.