Sur Twitter, de nouveaux défis pour la diplomatie américaine

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ège de la société à San Francisco, en 2011 (Photo : Kimihiro Hoshino)

[07/03/2013 12:07:41] WASHINGTON (AFP) Contraints de jongler entre les impératifs de leur fonction et la volonté de s’adresser au plus grand nombre, les diplomates américains ont fait de Twitter et des réseaux sociaux un nouvel outil de leur mission, au risque parfois de susciter la polémique.

Comme un symbole de cette tendance lourde, dès son entrée en fonctions, début février, le secrétaire d’Etat John Kerry s’était illustré en publiant sur le compte Twitter du département d’Etat un message personnel: “Très exaltant d’entrer aujourd’hui au @StateDept et de se mettre à travailler avec cette équipe formidable. Je pense à papa!”, avait écrit le fils de diplomate.

Si sa prédécesseur Hillary Clinton ne tweetait pas elle-même, elle avait en revanche largement contribué à faire des réseaux sociaux un axe de développement fort de la diplomatie américaine.

Et aujourd’hui, le département d’Etat, les ambassades et les diplomates américains gèrent –le plus souvent en anglais et dans la langue locale– au total quelque 300 comptes Twitter suivis par 3 millions d’abonnés, plus de 400 pages Facebook, 185 chaînes sur le site de vidéos YouTube, sans compter des pages sur Flickr, Google+ ou Instagram.

“Nous voulons participer aux conversations qui se déroulent partout dans le monde tous les jours”, résume Victoria Esser, chargée de la stratégie numérique au sein du département des Affaires publiques du département d’Etat.

Les diplomates travaillent aujourd’hui “à une époque qui n’est plus dictée par une lettre allant d’un cardinal au roi; tout est instantané”, résumait lors d’un récent voyage à Rome John Kerry.

“Un défi”

Mais cette instantanéité ne va pas sans poser de problème, comme l’illustrent des controverses récemment nées de cette utilisation massive des réseaux sociaux par la diplomatie américaine.

Une polémique avait ainsi éclaté –entre autres sur Twitter– entre l’ambassadeur russe à Moscou Michael McFaul et le Kremlin en 2012, autour de propos controversés du diplomate.

Lors des violentes manifestations survenues dans le monde arabe en septembre 2012, notamment autour de la diffusion d’un film islamophobe, un communiqué diffusé par l’ambassade du Caire sur sa page Facebook et condamnant le film à l’origine des manifestations avait suscité la polémique, en pleine campagne présidentielle entre Barack Obama et son adversaire Mitt Romney.

En Chine, ce sont des relevés sur la qualité de l’air diffusés via Twitter par les diplomates américains qui avaient suscité l’ire de Pékin, qui avait affirmé qu’il était illégal pour une ambassade étrangère de réaliser et publier ses propres relevés.

“C’est un bon moyen de communication (…). J’ai le sentiment que nous devons explorer cette voie et l’emprunter partout où c’est possible”, souligne l’ambassadeur américain en Italie, David Thorne. “Mais c’est un défi pour le département d’Etat de diffuser par ces canaux son message et d’avoir des interactions avec les populations qui ne soient pas mal interprétées”, reconnaît-il.

Ambassadrice en Thaïlande, Kristie Kenney a quelque 38.000 “followers” sur Twitter, et sa page Facebook compte 124.000 “J’aime”. Elle écrit elle-même tous ses tweets en se fondant sur son “bon sens”.

“Twitter et les autres réseaux sociaux peuvent être un complément très intéressant à la diplomatie, mais cette profession implique toujours une bonne dose de discrétion”, souligne-t-elle.