Softbank confirme ses vues sur Sprint et sur le marché américain

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ésident de Softbank Masayoshi Son, le 19 septembre 2012 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[12/10/2012 07:25:11] TOKYO (AFP) L’opérateur japonais de téléphonie mobile Softbank a confirmé ses vues sur son concurrent américain Sprint Nextel, ce qui pourrait entraîner une bataille de titans avec l’allemand Deutsche Telekom pour le contrôle d’une importante part du marché aux Etats-Unis.

“Softbank confirme être engagé dans des discussions avec Sprint à propos d’un investissement potentiel de Softbank dans Sprint. Les parties négocient mais aucun accord n’a été atteint”, a expliqué le groupe japonais dans un communiqué vendredi.

Le troisième groupe nippon du secteur témoigne ainsi de son intérêt pour son homologue américain, troisième sur son marché lui aussi, au lendemain de révélations dans la presse qui évoque une transaction faramineuse pouvant atteindre de 13 milliards à 20 milliards de dollars.

Le groupe américain avait confirmé dès jeudi l’existence de “discussions avec Softbank concernant un potentiel investissement important de Softbank dans Sprint”.

“Bien qu’il n’y ait pas de garantie que ces discussions débouchent sur une quelconque transaction ni sur les modalités selon lesquelles une transaction pourrait intervenir, une telle transaction pourrait impliquer un changement de contrôle de Sprint”, avait ajouté le groupe américain.

Confronté à un marché nippon saturé, où le nombre d’abonnés dépasse la population totale du pays, Softbank veut ainsi poursuivre sa croissance via une expansion internationale, en profitant de la vigueur historique du yen qui réduit le coût des acquisitions à l’étranger.

Aux Etats-Unis, la concrétisation du rachat de Sprint pourrait provoquer un affrontement avec Deutsche Telekom pour le contrôle du numéro cinq américain, MetroPCS, a affirmé le quotidien économique japonais Nikkei.

Le géant allemand a récemment annoncé une fusion de sa filiale américaine, T-Mobile USA, quatrième acteur du secteur aux Etats-Unis, avec MetroPCS. La transaction, assez complexe, doit laisser à Deutsche Telekom 74% du nouvel ensemble, qui sera coté en Bourse.

Mais des rumeurs ont récemment circulé aux Etats-Unis sur la possibilité d’une contre-offre de Sprint sur MetroPCS, afin d’en empêcher la fusion avec T-Mobile USA.

Si Softbank concrétise l’achat de Sprint et si ce nouvel ensemble contrôlé par le groupe japonais parvient à acquérir MetroPCS, la transaction totale pourrait dépasser les 2.000 milliards de yens (25 milliards de dollars), a estimé le Nikkei.

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à San Francisco (Photo : Justin Sullivan)

Cette double acquisition serait alors la plus importante, en yens, jamais réalisée par un groupe japonais à l’étranger, dépassant l’achat par le fabricant de cigarettes Japan Tobacco de son concurrent britannique Gallaher en 2007, pour 1.800 milliard de yens.

La perspective de ces investissements monstrueux a effrayé le marché tokyoïte, où l’action Softbank a plongé de 16,86%, terminant à 2.395 yens.

“Les investisseurs craignent qu’un lourd fardeau financier ne pèse sur l’entreprise”, a expliqué Kenji Shiomura, courtier chez Daiwa Securities.

“Le marché se veut prudent, quelles que soit les potentialités de ce rapprochement à long terme”, a-t-il ajouté.

Les trois principales banques japonaises envisageraient, en partenariat avec leur homologue allemande Deutsche Bank, de prêter un total de 1.500 milliards de yens à Softbank pour l’aider à accomplir cette transaction, a affirmé le Nikkei.

Le groupe s’était déjà énormément endetté à l’époque où son PDG, Masayoshi Son, avait fait le pari d’acheter la filiale nippone du britannique Vodafone pour la somme déjà faramineuse de 1.750 milliards de yens. Cette transaction avait fait entrer Softbank, firme de l’internet, dans le monde de la téléphonie mobile.

La dette du groupe avait culminé jusqu’à 2.000 milliards de yens mais a depuis nettement baissé, à quelque 550 milliards de yens (à la fin mars).

A domicile, Softbank vient d’annoncer l’acquisition d’une autre firme de téléphonie mobile, eAccess, qui dispose d’un réseau LTE (proche de la 4G), dont il a besoin pour satisfaire les utilisateurs de l’iPhone 5.

Softbank a été longtemps le seul opérateur nippon à commercialiser le smartphone d’Apple, désormais distribué aussi par KDDI, le deuxième groupe japonais du secteur, que Softbank va talonner une fois consommée l’acquisition d’eAccess.