Tunisie : Le financement public-privé est indispensable pour développer les projets d’énergie renouvelable

Par : TAP

“La Tunisie est appelée, au cours des prochaines années, à recourir à un partenariat pubic-privé (PPP) pour financer les projets de développement des énergies renouvelables et réaliser son indépendance énergétique”, a déclaré, mercredi à la TAP, Sami Marrouki, expert économique, en marge d’une réunion consacrée aux mécanismes innovants de financement des projets d’ER en Afrique du Nord.

Malgré les pas franchis par le pays sur la voie de promotion des ER, il reste beaucoup à faire, estime M. Marrouki qui co-présentait une étude avec Rafik Missaoui, expert, sur le sujet lors de cette rencontre organisée par la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Bureau pour l’Afrique du Nord).

M. Marrouki a évoqué, dans ce contexte, l’exemple du Maroc qui devance la Tunisie en matière de développement des énergies renouvelables grâce à une “forte implication” du secteur privé dans le financement des projets de développement de ces énergies non conventionnelles.

C’est que l’investissement dans ces projets est très coûteux, a-t-il fait remarquer, relevant qu’un seul KW/H produit par un projet ER coûte deux millions de dollars contre 600 mille dollars pour le KW/H produit par un projet d’énergie primaire, soit un écart de 1,4 millions de dollars.

“Le modèle énergétique que la Tunisie poursuit actuellement, basé sur le financement public, doit être révisé, car tôt ou tard il sera confronté à de multiples contraintes dont l’endettement de l’Etat et la limitation du budget public”, a expliqué M. Marrouki.

La Tunisie importe, aujourd’hui, une part importante de ses besoins en énergie (+ 50%) et se trouve face à un problème de rentabilité des projets de développement des ER (compte tenu de la subvention aux énergies conventionnelles instaurées par les Etats au titre de la protection des couches sociales pauvres et des opérteurs économiques nationaux), a-t-il dit, recommandant un recours à des appels d’offres pour la réalisation de grands projets tels que l’éolien de grande puissance et les centrales solaires.

Le pays devrait également, d’après lui, préparer le terrain aux investisseurs privés en leur garantissant la liberté d’accès au réseau électrique pour la vente d’électricité produite et la transparence dans les transactions.

Or, l’étude sur “les mécanismes innovants de financement des projets d’énergies renouvelables en Afrique du Nord”, rapport provisoire réalisé par la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Bureau pour l’Afrique du Nord), fait état d’une insuffisance des cadres règlemntaires dans tous les pays de la région d’Afrique du Nord et d’un accès presque prohibé au réseau électrique pour la vente de l’électricité.

“Dans ce cas, même avec les conditions de rentabilité les plus intéressantes, les projets ER ne peuvent pas voir le jour, c’est ce qui explique le faible développement des projets éoliens dans la région”, lit-on dans ce rapport.

Le secteur des énergies renouvelable fournit 5 millions postes d’emplois dans le monde, dont 500 mille en Allemagne, pays pionnier dans ce domaine. En Tunisie le secteur assure seulement 3 mille emplois.

WMC / TAP