Dans l’ombre des paysages paradisiaques de Tonga, la crise est là

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archipel des Tonga, le 25 mars 2012 (Photo : Torsten Blackwood)

[19/04/2012 07:09:22] NUKU’ALOFA (AFP) Un mer bleue turquoise où nagent des dauphins et des baleines, des paysages sauvages et préservés, et partout les fragrances capiteuses des fleurs tropicales: Tonga offre en apparence une image de carte postale. Pourtant, la crise frappe durement ce petit archipel.

Surnommé les “îles des amis”, Tonga est confronté à une chute de ses revenus internationaux, en raison de la crise financière mondiale.

“Les gens se trouvent réellement dans une situation de détresse”, estime Kalafi Moala, un éditeur tongien.

“Même si l’économie n’était pas très florissante au cours des dernières années, les ménages avaient encore assez d’argent pour s’acheter de la nourriture ou d’autres produits de base. Mais aujourd’hui, c’est vraiment la misère”.

Petite monarchie polynésienne de 106.000 habitants dont l’excentrique roi George Tupou V est décédé en mars, Tonga est une constellation de 170 îles, éparpillées sur quelques 700 kilomètres carrés, au nord-est de la Nouvelle-Zélande et à 650 km à l’est de Fidji.

Le pays est touché de plein fouet par le repli de l’économie mondiale car 35% de son produit intérieur brut (PIB) est apporté par l’importante diaspora tongienne. Ils sont plus de 200.000 Tongiens, soit le double de la population de l’archipel, à vivre en Australie, en Nouvelle-Zélande ou aux Etats-Unis et à renvoyer au pays une part de leurs revenus.

Or, surtout employés dans le bâtiment et l’aménagement, nombre de ces expatriés ont perdu leur emploi.

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alofa, la capitale des Tonga, le 28 mars 2012 (Photo : Torsten Blackwood)

D’autre part, dans cet archipel où la plupart des biens sont importés, la hausse des prix de l’essence et de l’alimentation a enraciné l’inflation.

Le gouvernement affirme que les effets de la crise sont en partie atténués grâce à des prêts étrangers pour des grands travaux, mais une note budgétaire de décembre mettait en garde sur “la nécessité de ne pas alourdir encore la dette, en raison du risque de défaut de paiement”.

Directeur de l’Institut des politiques publiques du Pacifique, Derek Brien, note que, dans un tel contexte, le pays est à la merci des crises internationales.

“La question qui se pose est : comment se protéger des chocs extérieurs comme la crise financière actuelle, qui affecte les flux entrants dans l’économie?”.

“C’est un défi qui ne concerne pas seulement Tonga, mais la plupart des petits pays insulaires du Pacifique”, selon lui.

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archipel des Tonga le 25 mars 2012 (Photo : Torsten Blackwood)

Le seul vrai potentiel de développement de Tonga est le tourisme, qui piétine pour le moment autour de 90.000 visiteurs par an.

Ce secteur a connu une série de mauvaises fortunes ces dernières années. En 2006, des émeutes raciales ont dévasté le centre-ville de la capitale Nuku’alofa et en 2009, un tsunami déclenché par un séisme a déferlé dans la région reculée de Niuatoputapu. Et quelques années auparavant, la compagnie aérienne nationale, Royal Tongan Airlines, avait fait faillite.

Tonga table sur une croissance de 2% en 2013/2014, grâce à la dynamisation des activités touristiques, notamment dans les îles éloignées, idéales pour la navigation de plaisance et aux plages de rêve.

Le pari n’est pas gagné. Dans un récent rapport, le gouvernement a pointé la pauvreté des infrastructures d’accueil, le manque de fonds pour la promotion, le mauvais entretien des sites historiques ou encore les problèmes dûs à l’éloignement géographique.

“Les choses avancent. Mais il nous faut construire une véritable industrie touristique, à la hauteur de son poids économique potentiel. On a encore du chemin à faire”, analyse Sandra Fifita, membre de l’équipe du ministre du Tourisme.