Italie : vers un premier feu vert à la cure d’austérité de Mario Monti

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écembre 2011 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[16/12/2011 10:43:49] ROME (AFP) Les députés italiens doivent donner vendredi un premier feu vert à la nouvelle cure d’austérité du gouvernement de Mario Monti qui impose de lourds sacrifices aux Italiens pour tenter de mettre le pays à l’abri de la crise de la dette.

Afin d’accélérer l’adoption de ce plan, composé de mesures de réduction du déficit d’environ 20 milliards d’euros d’ici 2014 et de mesures de relance de plus de 10 milliards, le gouvernement a posé la question de confiance.

Le résultat de ce vote est attendu à la mi-journée et celui du vote à proprement parler du plan – qui ne sera qu’une formalité si la confiance est votée – dans la soirée.

Le Sénat le votera à son tour la semaine prochaine.

Son adoption ne fait pas de doutes car hormis le parti populiste de la Ligue du Nord – qui vocifère contre l’ex-commissaire européen nommé il y a un mois avec une équipe de technocrates pour sortir le pays de la crise – et l’Italie des Valeurs (gauche), les autres partis se sont engagés à le voter.

Tout en prenant néanmoins leurs distances avec le gouvernement, mauvais présage pour son avenir.

“Il n’y a aucune certitude que le gouvernement de Monti reste pour toute la durée de la législature” qui doit s’achever en 2013, a averti son prédécesseur Silvio Berlusconi.

Signe du climat de tension politique, une dizaine d’enveloppes contenant des balles et adressées à MM. Monti et Berlusconi, ainsi qu’à des directeurs de journaux, ont été interceptées jeudi soir dans un centre postal.

Adoptée le 4 décembre par le gouvernement, cette cure d’austérité, la troisième depuis cet été, impose de lourds sacrifices aux Italiens pour tenir l’objectif de l’équilibre budgétaire en 2013 afin de rassurer les marchés et l’Europe.

L’Italie “a un message à donner à l’Europe”, a déclaré vendredi Mario Monti, qui souhaite que l’UE renforce comme prévu sa discipline budgétaire mais “dans une approche durable de long terme” prenant aussi en compte la croissance, alors que l’Italie est déjà entrée en récession, de l’aveu même de Rome.

“Il ne s’agit pas seulement de satisfaire la soif de discipline de court terme de certains pays”, a souligné M. Monti, dans une allusion implicite à l’Allemagne.

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à Cannes (Photo : Pascal Guyot)

Le plan de rigueur de M. Monti, qu’il a lui même baptisé “décret pour sauver l’Italie” et qui suscite la grogne des syndicats qui ont fait grève lundi, s’attaque en premier lieu frontalement aux retraites en augmentant le nombre d’années de cotisations ou en relevant l’âge de départ des femmes.

Il prévoit aussi entre autres une augmentation de la fiscalité sur l’immobilier, une nouvelle hausse de la TVA si nécessaire ou la taxation des capitaux cachés au fisc à l’étranger et régularisés par l’ancien gouvernement de Silvio Berlusconi.

Des “sacrifices” que les Italiens “comprennent” car la seule alternative serait des “sacrifices encore plus graves”, a affirmé jeudi M. Monti qui a mis en garde à plusieurs reprises contre un scénario de tragédie grecque pour l’Italie.

La situation est en effet toujours tendue sur les marchés pour le pays qui croule sous une dette colossale de 1.900 milliards d’euros (environ 120% du PIB) et a encore dû concéder mercredi des taux d’intérêt record pour emprunter.

Les députés ont toutefois réussi à imposer des modifications au chef du gouvernement pour aller vers plus d’équité en relevant le seuil du gel de l’indexation des pensions sur l’inflation ou en allégeant l’impôt sur la résidence principale pour les familles avec enfants.

Sur le front de la croissance, cette cure anti-crise prévoit notamment des déductions fiscales pour les entreprises embauchant des jeunes et des femmes.

Le spectre de la récession se montre aussi en France, l’institut de statistiques français Insee ayant estimé jeudi que le pays devrait connaître un repli de son PIB au quatrième trimestre 2011 et au premier trimestre 2012.

Mais Paris a assuré, par la voix du ministre de l’Economie François Baroin, que l’objectif de réduction du déficit public serait quand même tenu cette année, même en cas de récession, et qu’il n’y aurait pas de nouveau plan de rigueur.

S’efforçant de digérer cette nouvelle, les Bourses européennes étaient en légère hausse en milieu de matinée dans un marché qui attend toujours fébrilement l’abaissement de la notation des pays de la zone euro.