Tunisie – Manifestations : Que disent les «sit-iners» de La «Koubba»?

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Ce sit-in vient prouver que nous possédons une âme populaire et une fibre patriotique. Et ce sont là les deux ingrédients du «génie national».

Il a été un mouvement spontané, sincère, militant et engagé. Tout cela à la fois. C’est une action glorieuse rien de moins. C’est parti d’un élan du cœur et de la raison. Il y a eu un couac dans l’actualité politique qui a déclenché un sentiment de survenue de péril. On pouvait faire main basse sur la Révolution, notre œuvre commune! Une personnalité syndicale a donné de la voix, pour faire savoir haut et fort que la Centrale n’a pas été consultée pour la nomination du Premier ministre. Et ce fut le «strike». Ils ont vu tout de suite que les appareils pouvaient faire de notre itinéraire vers l’Etat de Droit un épisode d’errance démocratique. Ce qu’ils refusent, tout net. Que disent les «sit-iners» de La «Koubba»?

Un mouvement citoyen certes, mais d’abord patriotique

On a cherché à brouiller l’image de ce mouvement en lui prêtant des accointances avec l’ancien Premier ministre. On a même cherché à le dresser contre le sit-in de La Kasbah. Or les acteurs de ce mouvement ne se déterminent ni par rapport à l’œuvre de Mohamed Ghannouchi pas plus qu’ils ne se déterminent en fonction de la position du sit-in de La Kasbah. Eux, ils se recrutent de toutes les couches du peuple, de toutes les tranches d’âge. Ils ont la physionomie du peuple, on s’identifie à eux. Ils sont géographiquement localisés, certes. Mais ils travaillent d’arrache-pied pour œuvrer à un maillage territorial. Leur mouvement n’est ni encadré ni endoctriné. Ils ont les pieds sur terre et avancent des idées concrètes. Ils sont habités de la motivation qui traverse l’esprit de chaque Tunisien et de chaque Tunisienne: la Révolution doit servir notre modèle d’Etat, notre matrice nationale, celle-là même qui nous a fait nous solidariser ce vendredi 14 janvier. C’est elle qui est en jeu. Et c’est elle que nous devons protéger. Comment cela? Ils ont proposé de quoi faire un «Livre blanc» à l’Assemblée constituante.

Interdire toute modification génétique du modèle tunisien

L’annonce de la feuille de route les a fait se dresser comme un seul homme. Ce qui n’exclut pas la diversité. Ils s’interdisent d’étouffer cette effervescence, qui les caractérise et qui est un gage de leur engagement démocratique. Mais ils sont parvenus à s’entendre sur l’essentiel. Ils ont des convictions d’un pragmatisme convaincant. Leur chemin de pensée n’est pas politique, mais patriotique, car il relève de vérités nationales. La Révolution ne doit être ni une récréation nationale ni un épisode de terreur. Pas plus qu’elle ne doit ralentir notre dynamique d’émergence, ni même hypothéquer notre modèle social, à l’avenir.

En bonne logique et en toute bonne foi d’ailleurs, ils se tournent vers l’Etat pour demander le rétablissement de la sécurité. Et vers le syndicat pour dire qu’il faut switcher vers un syndicalisme participatif et non revendicatif.

A la future Assemblée constituante qui sera composée de représentants de toutes tendances pour dire attention aux égarements et pour imposer la présence de l’armée qui a su avoir un comportement républicain salutaire qui a pu faire aboutir la Révolution.

Mais également la Police nationale, après qu’elle a fait acte de rédemption, criant leur innocence du sang des martyrs.

A la justice, parce qu’elle est garante du droit. Et en exigeant une fois le texte de la Constitution, rédigé et malgré toutes les sécurités sus-citées, de le soumettre à référendum populaire.

Toutes les garanties sont à présent mises du côté du peuple qui ne doit pas être privé de son unité nationale à travers un modèle social qui ne porterait pas ses repères.

En somme, ces acteurs du mouvement de La Koubba veulent se poser en rempart contre les actions de sabotage, l’agitation syndicale et, in fine, contre les formations extrémistes de tous bords dont on sait que certaines d’entre elles ont une occupation organisée du terrain.

Ce samedi 5, ils vont manifester pour populariser le mouvement qui est, de notre avis, porteur et qui constituera un bloc national salutaire nourri des réalités de notre pays, exactement dans la continuité de notre mouvement de lutte contre le colonialisme. Et pour faciliter le travail au nouveau gouvernement, ils ont accepté ce même samedi de rompre le sit-in et de continuer le combat. Nous saluons leur geste de solidarité pour organiser un gala caritatif et non festif, dont les recettes seront reversées aux camps de Ras Jedir.