Tunisie – UTAP : Les agriculteurs en colère, réclament une rupture avec le passé

utap-010211-1.jpgIl ne semble pas aisé pour certaines structures et personnes d’assimiler que depuis la Révolution, le déboulonnage des sbires, des relais et des mécanismes de la dictature soit en marche. Au siège de l’UTAP (Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche), les agriculteurs avaient en boucle différentes versions d’une même question: quel avenir peut encore avoir cette organisation et surtout quelle légitimité peuvent encore avoir ses actuels représentants?

La colère gronde et un vent de révolte secoue définitivement l’UTAP, promettant d’emporter ses responsables à travers les manifestations grandissantes d’une majorité d’agriculteurs et de pêcheurs longtemps marginalisés. Pour la plupart des manifestants brandissant pancartes, scandant des slogans sans équivoques et développant multiples cercles de conversations, cette structure est à rebâtir.

Parmi les manifestants se trouvait Leith Ben Becher, agriculteur et président du Groupement des céréaliers de Jendouba. Il est depuis quelques jours porte-parole d’une coordination agricole qui s’est rapidement mise en place. Pour lui: «L’UTAP qui était déjà depuis l’Indépendance le prolongement d’un système partisan devenu rapidement totalitaire, est aujourd’hui une organisation surannée, largement discréditée par tant de compromissions et de suivisme. Ses structures sont peuplées, à quelques exceptions près, d’apparatchiks aussi corrompus qu’incompétents. Ces professionnels de l’opportunisme manœuvrent et font le dos rond en se recroquevillant sur leurs petits privilèges. Ils excipent d’une soi-disant légitimité et veulent rester sourds à tous les appels, même les plus raisonnables. Ils semblent ignorer que depuis le 14 janvier 2011 une Révolution est en cours, et voudraient ainsi nous faire croire que leurs mandats issus d’un congrès tenu en avril 2010 dans une remarquable opacité, sur le modèle des scrutins politiques nationaux, seraient d’une irréprochable validité».

Aujourd’hui, les agriculteurs ne demandent qu’une chose: que leurs voix soient entendues et que celles-ci s’expriment à travers une organisation syndicale qui reste à rebâtir sur de nouvelles bases. Les revendications pour une vraie représentativité efficace et constructive sont aussi simples que légitimes. Cela passe, selon notre interlocuteur, par la dissolution des structures actuelles et l’élection de vrais représentants professionnels par un congrès extraordinaire. Les agriculteurs sont déterminés et promettent de n’accepter «ni faux semblants, ni compromis boîteux».

A une journée de la réunion du Conseil central de l’Utap (organe délibérant) qui doit se tenir jeudi 3 février, les agriculteurs espèrent que cette réunion de la dernière chance pourra enfin  être saisie et que ceux qui se drapent encore du voile d’une légalité bien contestée auront le courage de se remettre en cause et de reconnaître qu’à temps nouveaux, mœurs nouvelles.

– Tous les articles sur
UTAP