Pneus “neige” : les garagistes ont du mal à faire face à la demande dès les premiers flocons

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à Ingolstadt, dans le sud de l’Allemagne, le 26 novembre 2010 (Photo : Christof Stache)

[27/11/2010 08:53:20] CLERMONT-FERRAND (AFP) Les garagistes avaient du mal samedi à faire face aux demandes de pneus “neige” avec l’apparition des premiers flocons, même en Auvergne, siège du manufacturier Michelin, qui admet des “retards” pour cause de boom des demandes à travers l’Europe.

“J’arrive encore à assurer 60% des demandes avec mon stock. Mais d’ici une semaine, je pense que je n’aurai plus rien”, témoigne Manuel Borgès, responsable d’une agence de pneus à Aubière, aux portes de Clermont-Ferrand.

“Les manufacturiers ne nous fournissent plus et certains ne produiront plus pour cet hiver”, affirme-t-il, dépité. Ces difficultés d’approvisionnement sont d’autant plus inquiétantes qu’elles sont précoces, selon lui.

“C’est une catastrophe, on refuse des clients. On a surtout des problèmes avec les grandes marques. Les fournisseurs ne nous répondent plus au téléphone, ils sont débordés”, rapporte en écho Mugadin Kryesi, garagiste à Annecy, en Haute-Savoie.

Dans un autre garage à Grenoble, qui n’est plus approvisionné par “certaines marques comme Michelin et Kleber” depuis le début de la semaine, “on se retourne du coup vers des marques moins connues”, dit Anne Deroux, secrétaire de l’établissement.

“C’est un problème national qui concerne tous les manufacturiers et tous les modèles”, estime pour sa part Christian Chapuis, garagiste à Belfort qui n’a “jamais vu ça” depuis plus de 30 ans qu’il vend des pneus.

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écanicien monte un pneu neige sur une voiture à Ingolstadt, dans le sud de l’Allemagne, le 26 novembre 2010 (Photo : Christof Stache)

Chez Michelin, on reconnaît des “retards de livraison” en raison notamment d’un marché européen en forte croissance: “Le marché du pneu +hiver+ a augmenté de 25% en Europe sur la période de janvier à septembre 2010 par rapport à la même période en 2009”, a indiqué une porte-parole du groupe.

“Après un hiver 2009-2010 rigoureux, les gens ont pris leurs précautions et se sont préparés plus tôt”, d’où une plus forte demande, selon elle.

M. Borgès quant à lui avance une autre explication. “Les manufacturiers ne veulent pas avoir de stock en fin d’année pour satisfaire leurs actionnaires. Ils préfèrent favoriser les pays émergents et nous, ça nous créé de vraies difficultés”, analyse-t-il.

“Les manufacturiers préfèrent livrer l’Allemagne, qui représente un plus gros chiffre d’affaires, avant la France”, renchérit Christian Chapuis.

Faux, rétorque Michelin. “La demande augmente partout, nos cadences de production sont au maximum”, observe le fabriquant. “Il n’y a pas de pénurie. On fabrique toujours et on continue à produire”, a assuré la porte-parole du groupe.

Interrogée sur les exportations de la marque, elle a précisé que les ventes avaient augmenté en Allemagne et en Autriche parce que “les pneus +hiver+ sont devenus obligatoires depuis cette année”.

Un dirigeant a toutefois reconnu vendredi, lors d’une réunion interne, que le groupe avait “favorisé le marché allemand au détriment du marché français”, a affirmé à l’AFP une source syndicale de Michelin.

La plupart des revendeurs ont pourtant passé commande dès le printemps auprès des manufacturiers. “J’ai commandé mes pneus au mois de mai et là, je n’arrive pas à être renouvelé”, dit José De Sousa, responsable d’un centre Roady du Puy-de-Dôme, évoquant les files d’attente de clients impatients.

Cependant, “du point de vue des consommateurs, nous n’avons pas eu à ce jour de remontée particulièrement alarmante concernant l’acquisition de pneus +neige+”, temporise Christian Scholly, directeur général adjoint de l’Automobile Club, basé à Strasbourg.