L’Irak lance des enchères pour développer son secteur gazier

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La raffinerie de gaz de Naher al-Umran au nord de Bassorah en Irak, le 17 juillet 2009 (Photo : Essam -al-Sudani)

[20/10/2010 07:51:06] BAGDAD (AFP) L’Irak organise mercredi des enchères pour attribuer trois champs gaziers avec l’espoir d’attirer des investissements internationaux et devenir un acteur majeur dans la production de gaz, un pari qui s’annonce plus difficile que pour le pétrole.

“Les enchères visent à accroître la production de gaz pour les besoins domestiques, alimenter les stations électriques et les entreprises, et faire de l’Irak un acteur régional et international dans la production et l’exportation de gaz”, a affirmé à l’AFP le porte-parole du ministère du Pétrole Assem Jihad.

Le français Total, le japonais Mitsubishi et des concurrents de Russie, de Corée du Sud, de Turquie et d’Inde figurent parmi les 13 postulants à cet appel d’offres repoussé deux fois.

L’Irak espère réussir aussi bien qu’il l’a fait pour son pétrole. L’an dernier, il a signé des accords avec des majors pour développer dix champs pétroliers et porter sa capacité de production à 12 millions de barils par jour (mb/j) en 2017 contre 2,5 mb/j actuellement.

La capacité des trois champs gaziers est d’environ 11.000 milliards de pieds cubes (317 milliards de m3).

Celui d’Akkaz, découvert en 1992 dans la province occidentale d’Al-Anbar, s’étend sur 50 km de long et 18 km de large. Sa capacité est estimée à 5.600 milliards de pieds cubes (158 milliards de m3) et six puits ont déjà été forés.

Le champ de Mansouriya, dans la province de Diyala, se trouve à 100 km au nord-est de Bagdad. Découvert en 1979, il compte quatre puits et sa capacité est de 4.500 milliards de pieds cubes (127,4 milliards de m3).

Akkaz et Mansouriya avaient déjà été soumis à un appel d’offres dans le cadre d’une mise aux enchères de champs pétroliers, mais les concessions n’avaient pas été accordées.

Le troisième est celui de Siba, dans le sud, près de la frontière avec l’Iran et le Koweït. Ce champ de 25 km sur 6 km, découvert en 1968, n’a jamais été développé. Sa capacité est de 1.100 milliards de pieds cubes (31,1 milliards de m3).

Comme pour le pétrole, il s’agit de contrats de service et non de partage des profits, c’est-à-dire que Bagdad paiera aux compagnies un prix fixe.

“Les enchères pour le pétrole étaient plus faciles car il existe des oléoducs. Pour le gaz, il faut construire à partir de rien, ce qui requiert d’importants investissements”, souligne Ruba Husari, fondatrice d’iraqoilforum.com.

Les coûts concernent, selon elle, la construction de gazoducs vers des stations électriques, des usines ou des terminaux pour l’exportation.

“Réussir à vendre ces contrats est un sacré défi pour l’Irak car aucune compagnie ne va se suicider pour gagner ces champs. Le gaz est différent du pétrole”, juge-t-elle.

Aucune société américaine ne participe ainsi à l’appel d’offres.

Selon une source proche du dossier, le norvégien Statoil et l’italien Edison, en lice initialement, ont décidé de se retirer.

“Il y a un certain intérêt, notamment parmi les sociétés opérant déjà au Moyen-Orient. Mais l’important pour les majors, c’est le retour sur investissements et cela est plus rapide et plus direct avec le pétrole qu’avec le gaz”, explique Richard Quin, principal analyste de Wood Mackenzie basé à Edimbourg.

Pour Alexander Poegl de JBC Energy, à Vienne, les compagnies du Koweït et de Turquie sont intéressées par des champs proches de leur frontières, mais le fait que l’Irak veuille utiliser une partie de son gaz pour des besoins internes et une autre pour l’exportation, complique la donne.

“Les réserves sont importantes mais pas suffisantes pour justifier la construction d’un réseau à partir de rien”, estime M. Poegl.