La Tunisie et le marché mondial du travail, un déficit de mobilisation flagrant!

demandeurs-emploi-1.jpgLa compétition entre les pays du bassin sud de la Méditerranée, pour des parts de plus en plus importantes du marché mondial du travail, fait rage depuis longtemps, à l’image de la course folle qu’ils se livrent pour drainer les IDE, séduire le capital nomade international et éblouir les agences de notation des principales places financières du monde occidental.

D’après certains experts, le volume des fonds des diasporas, envoyés dans la mère patrie, est généralement révélateur du classement du pays dans le hit parade des nations, bien positionnées pour la conquête de nouveaux segments d’un marché mondial du travail en recomposition perpétuelle, avide de ressources humaines talentueuses, exigeant le neuf, la mobilité, la reconversion, la valeur ajoutée et l’innovation.

Depuis 2008, la Tunisie occupe, parmi les pays de la région MENA, une position intermédiaire avec un apport en devises de nos compétences à l’étranger évalué à 5% du PIB national, contre 9% pour le Maroc et 20,2% pour la Jordanie. Actuellement, le flux migratoire à la recherche d’un emploi a atteint 11 mille personnes par an, ce qui est de nature à s’interroger sur le fonctionnement des institutions tunisiennes, chargées de l’encadrement, de l’information, de l’orientation, de la formation et de la gestion des dossiers des candidats potentiels à l’émigration. 

Un déficit de mobilisation flagrant 

Les trois principales structures tunisiennes concernées par l’amélioration et le renforcement de la position de la Tunisie dans la compétition internationale d’accès au marché mondial du travail fonctionnent sans aucune coopération entre elles, se contentent de traiter un volet partiel de la problématique et s’ingénient à perpétuer le cloisonnement des institutions au lieu de favoriser une nouvelle dynamique nationale, fondée sur le réseautage des filières, l’échange des informations en temps réel et le maillage des procédures.

Si l’Agence Nationale de l’Emploi et du Travail Indépendant (ANETI) peine déjà à affronter la pression du marché local et se trouve, faute de moyens et de relais logistiques, dans l’impossibilité d’élaborer un plan de prospection des occasions d’emploi à l’échelle internationale, l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE), qui dispose d’un vaste réseau d’attachés sociaux au sein de nos représentations diplomatiques, limite son action à l’encadrement de notre colonie expatriée au lieu de mobiliser ses ressources humaines pour la constitution d’une carte des nouvelles  opportunités d’emploi dans les principales niches de croissance de par le monde et d’un répertoire des compétences tunisiennes, prêtes à répondre à des demandes de projection à l’internationale à tout moment.

Quant à l’Agence tunisienne de coopération technique (ATCT), après le dernier rapport de la Cour des Comptes, qui a mis en exergue ses insuffisances et son penchant unilatéral vers les pays du Golfe, certains observateurs voient désormais, dans cette institution, un obstacle à l’amélioration du positionnement du pays dans la compétition internationale sur le marché mondial du travail. La direction de l’ATCT gagnerait à remobiliser un personnel apparemment enclin au carriérisme et à la suffisance.

Pour une stratégie unifiée 

“Que faire ?”, disait Lénine ! Tout d’abord, si un certain nombre de candidats tunisiens à l’émigration ne maîtrisent pas suffisamment les langues étrangères, notamment l’anglais, il est impératif, dans ce cas, de fournir des efforts supplémentaires pour neutraliser cet obstacle avec des actions de formation ciblée, financées par des programmes d’emploi. D’ailleurs, à cet égard, dans les pays pétroliers du Golfe, eldorado des temps modernes, nous dit-on, le maniement de la langue arabe ne suffit plus pour accéder à un emploi d’un niveau hautement qualifié. Il est donc urgent de pallier au plus vite à cet handicap à la diversification des pays de destination de l’émigration.

Afin de mettre un terme au cloisonnement des institutions, les pouvoirs publics sont appelés à regrouper les missions des services de l’émigration en une seule structure pour mener une politique active et efficace d’identification des opportunités d’embauche sur la scène internationale. Les activités des bureaux privés, liés aux entreprises tunisiennes installées à l’étranger, sont en mesure de jouer un rôle complémentaire dans la prospection sur une scène mondiale du travail, où les forces du marché prennent en main le destin de la planète, pour le meilleur et le pire.