Philanthropie : Warren, Billy, Ted et les autres

ted-turner-1.jpgLes milliardaires américains font œuvre spectaculaire de charité. Ils vont collecter un butin de 600 milliards de dollars pour lutter contre les méfaits de la pauvreté. Pourquoi continuer à traiter les symptômes et ne pas tenter d’éradiquer la maladie ?

Warren buffet fait école. Après avoir annoncé au début de l’été qu’il suivait le cas de Bill Gates en faisant don, à son tour, de toute sa fortune à des associations caritatives, le voilà qu’il lance un appel à ses pairs milliardaires américains ainsi qu’à leurs familles de verser dans la charité, leur demandant de faire don de la moitié de leur fortune.

Une bouteille à la mer, parvenue à destination

Le 4 août 2010 Warren Buffet a initié un téléthon pour réunir 600 milliards de dollars -le quart du PIB d’un pays comme la France, Dieu du ciel !- pour financer les programmes de lutte contre la maladie, la pauvreté et diverses causes de détresse et fléaux qui frappent les populations pauvres des pays démunis en Afrique et ailleurs. Il faut rappeler qu’en 2009 les fonds collectés ont atteint la somme de 300 milliards. Warren Buffet entend tout simplement doubler la mise. Un «collège» de près de 400 milliardaires, totalisant une surface de 1.200 milliards sont ciblés. Les têtes d’affiche ont déjà répondu à l’appel, notamment  Michael Bloomberg, maire de New York, Ted Turner, patron des medias dont CNN, Georges Soros, financier hors pair, et d’autres figures emblématiques du monde de la culture et du spectacle dont Georges Lucas, le producteur du film “La guerre des étoiles“ ; et on spécule sur la participation de Michael Moore, pourfendeur de l’administration Bush et fervent de la cause.

Le geste ostentatoire

Il est inscrit dans le ciel que l’Amérique restera le pays du gigantisme et de la démesure. Ses milliardaires nous ont habitués à des excès en tous genres. Et les voilà qui prouvent qu’ils ne manquent pas de cœur. Léguer la moitié de ce qu’on possède d’un seul geste de la main demande du caractère et de la conviction. Et c’est tout à l’honneur des Américains riches d’accepter de donner aussi simplement. Warren Buffet est monté lui-même au filet en donnant l’exemple. Il donnera progressivement  99% de sa fortune, estimée à 47 milliards de dollars, en distribuant les actions de sa Holding financière «Berkshire Hataway». Bill Gates et son épouse Melinda ont fait pareil, avec un montant équivalent. Mais ils l’ont fait en toute discrétion. En revanche, Warren Buffet s’est mis au devant de la scène et a même pris la tête du mouvement, ce qui, en toute probabilité, a donné de l’éclat à cette initiative. Il a ainsi soulevé une gigantesque lame de fond puisqu’il a été très largement suivi. Le nabab d’entre tous garde donc son flair intact. D’entre le gotha des milliardaires américains -en dollars US !damned-, c’est celui qui a investi quand la Bourse s’effondrait et a raflé les prises de bénéfices de la reprise. Ce financier rapace et carnassier a su trouver en lui-même les ressorts de cette alchimie qui transforme l’or en charité. La morale des riches self-made est très austère. Ils sont capables des extravagances fastueuses, pharaoniques et de verser dans des excès d’avarice tout aussi spectaculaires. Il semblerait que Paul Getty, le richissime pétrolier, avait installé des taxiphones chez lui de sorte que ses invités téléphonent à leurs frais et que les Rockefeller, l’hiver, quand ils reçoivent, avisent leurs invités pour prévoir une «petite laine» car ils mettent le chauffage assez bas, par souci d’économie.

 Milliardaires du monde entier, imitez-vous les uns les autres

Les riches américains, qui se sont fait à la force du poignet et du génie des affaires, sont, de tradition, peu cléments envers les gens de peu. Ils ont peu de compassion envers les pauvres qu’ils regardent comme des incapables qui n’arrivent pas à s’en sortir. Leur conversion à la charité n’en traduit pas moins un élan du cœur qu’il faut saluer, et nous espérons qu’ils parviendront à contaminer les riches des autres pays. On imagine les retombées d’une telle prodigalité avec les revenus du pétrole. Cette manne transformerait la physionomie de notre vaste région. Cela dit, On peut toujours rêver.

L’envers de la charité

La tradition américaine protestante incite les riches à faire don de tout ou partie de leur patrimoine, pour préserver le tissu social. Les  sociologues  soutiennent par contre que ces largesses protègent le système capitaliste   libéral et le perpétuent. Les riches se paient ainsi un blindage et reconduisent leur suprématie à l’infini. Le libéralisme n’arrive pas à corriger ses excès. Il concentre les richesses entre les mais d’une oligarchie de «happy few» et le clergé se fait fort de faire les transferts sociaux nécessaires. Les choses ont évolué et les milliardaires américains regardent au-delà des frontières et se solidarisent avec les pays peu nantis. Ils ont des attitudes de civisme et de solidarité. Leur action citoyenne est méritoire et méritante. Il reste qu’à leur tour ils perpétuent un ordre mondial inique. Il serait malvenu de faire la fine bouche et de bouder cette manne, mais la générosité des milliardaires a ceci d’inconséquent : elle est si importante qu’elle acquiert un caractère politique, et il aurait été plus judicieux de la canaliser par les voies de l’ONU (Organisation des Nations unies) et de ses diverses structures. C’est une question de dignité pour les populations récipiendaires. En toute bonne foi, on pense que les pauvres aimeraient y voir l’engagement de solidarité d’une humanité une et unie au lieu de se sentir les obligés de quelques uns. Mais cela, soulignons-le encore une fois, n’efface pas la magnanimité du geste.

font œuvre spectaculaire de charité. Ils vont collecter un butin de 600 milliards de dollars pour lutter contre les méfaits de la pauvreté. Pourquoi continuer à traiter les symptômes et ne pas tenter d’éradiquer la maladie ?

Warren buffet fait école. Après avoir annoncé au début de l’été qu’il suivait le cas de Bill Gates en faisant don, à son tour, de toute sa fortune à des associations caritatives, le voilà qu’il lance un appel à ses pairs milliardaires américains ainsi qu’à leurs familles de verser dans la charité, leur demandant de faire don de la moitié de leur fortune.

Une bouteille à la mer, parvenue à destination

Le 4 août 2010 Warren Buffet a initié un téléthon pour réunir 600 milliards de dollars -le quart du PIB d’un pays comme la France, Dieu du ciel !- pour financer les programmes de lutte contre la maladie, la pauvreté et diverses causes de détresse et fléaux qui frappent les populations pauvres des pays démunis en Afrique et ailleurs. Il faut rappeler qu’en 2009 les fonds collectés ont atteint la somme de 300 milliards. Warren Buffet entend tout simplement doubler la mise. Un «collège» de près de 400 milliardaires, totalisant une surface de 1.200 milliards sont ciblés. Les têtes d’affiche ont déjà répondu à l’appel, notamment  Michael Bloomberg, maire de New York, Ted Turner, patron des medias dont CNN, Georges Soros, financier hors pair, et d’autres figures emblématiques du monde de la culture et du spectacle dont Georges Lucas, le producteur du film “La guerre des étoiles“ ; et on spécule sur la participation de Michael Moore, pourfendeur de l’administration Bush et fervent de la cause.

Le geste ostentatoire

Il est inscrit dans le ciel que l’Amérique restera le pays du gigantisme et de la démesure. Ses milliardaires nous ont habitués à des excès en tous genres. Et les voilà qui prouvent qu’ils ne manquent pas de cœur. Léguer la moitié de ce qu’on possède d’un seul geste de la main demande du caractère et de la conviction. Et c’est tout à l’honneur des Américains riches d’accepter de donner aussi simplement. Warren Buffet est monté lui-même au filet en donnant l’exemple. Il donnera progressivement  99% de sa fortune, estimée à 47 milliards de dollars, en distribuant les actions de sa Holding financière «Berkshire Hataway». Bill Gates et son épouse Melinda ont fait pareil, avec un montant équivalent. Mais ils l’ont fait en toute discrétion. En revanche, Warren Buffet s’est mis au devant de la scène et a même pris la tête du mouvement, ce qui, en toute probabilité, a donné de l’éclat à cette initiative. Il a ainsi soulevé une gigantesque lame de fond puisqu’il a été très largement suivi. Le nabab d’entre tous garde donc son flair intact. D’entre le gotha des milliardaires américains -en dollars US !damned-, c’est celui qui a investi quand la Bourse s’effondrait et a raflé les prises de bénéfices de la reprise. Ce financier rapace et carnassier a su trouver en lui-même les ressorts de cette alchimie qui transforme l’or en charité. La morale des riches self-made est très austère. Ils sont capables des extravagances fastueuses, pharaoniques et de verser dans des excès d’avarice tout aussi spectaculaires. Il semblerait que Paul Getty, le richissime pétrolier, avait installé des taxiphones chez lui de sorte que ses invités téléphonent à leurs frais et que les Rockefeller, l’hiver, quand ils reçoivent, avisent leurs invités pour prévoir une «petite laine» car ils mettent le chauffage assez bas, par souci d’économie.

 Milliardaires du monde entier, imitez-vous les uns les autres

Les riches américains, qui se sont fait à la force du poignet et du génie des affaires, sont, de tradition, peu cléments envers les gens de peu. Ils ont peu de compassion envers les pauvres qu’ils regardent comme des incapables qui n’arrivent pas à s’en sortir. Leur conversion à la charité n’en traduit pas moins un élan du cœur qu’il faut saluer, et nous espérons qu’ils parviendront à contaminer les riches des autres pays. On imagine les retombées d’une telle prodigalité avec les revenus du pétrole. Cette manne transformerait la physionomie de notre vaste région. Cela dit, On peut toujours rêver.

L’envers de la charité

La tradition américaine protestante incite les riches à faire don de tout ou partie de leur patrimoine, pour préserver le tissu social. Les  sociologues  soutiennent par contre que ces largesses protègent le système capitaliste   libéral et le perpétuent. Les riches se paient ainsi un blindage et reconduisent leur suprématie à l’infini. Le libéralisme n’arrive pas à corriger ses excès. Il concentre les richesses entre les mais d’une oligarchie de «happy few» et le clergé se fait fort de faire les transferts sociaux nécessaires. Les choses ont évolué et les milliardaires américains regardent au-delà des frontières et se solidarisent avec les pays peu nantis. Ils ont des attitudes de civisme et de solidarité. Leur action citoyenne est méritoire et méritante. Il reste qu’à leur tour ils perpétuent un ordre mondial inique. Il serait malvenu de faire la fine bouche et de bouder cette manne, mais la générosité des milliardaires a ceci d’inconséquent : elle est si importante qu’elle acquiert un caractère politique, et il aurait été plus judicieux de la canaliser par les voies de l’ONU (Organisation des Nations unies) et de ses diverses structures. C’est une question de dignité pour les populations récipiendaires. En toute bonne foi, on pense que les pauvres aimeraient y voir l’engagement de solidarité d’une humanité une et unie au lieu de se sentir les obligés de quelques uns. Mais cela, soulignons-le encore une fois, n’efface pas la magnanimité du geste.