Tunisie : Plus de candidats du secteur privé aux législatives 2009

Il y a vingt ans, le parlement tunisien était essentiellement composé de députés
issus des milieux de l’enseignement secondaire ou supérieur, de notables
représentant les régions et un nombre réduit de personnes représentant le monde
des affaires ou le secteur privé.

Aujourd’hui, à la veille des élections législatives et présidentielles, nous
réalisons à quel point la composition de ce même parlement est en train de
muter. Et ceci, ne concerne pas uniquement la présence de représentants de
l’opposition mais également au niveau des appartenances socioprofessionnelles.

A la dernière législature (2004/2009), les sièges étaient répartis à hauteur de
152 députés représentant le Rassemblement constitutionnel et démocratique (RCD),
parti majoritaire et 37 pour les partis d’opposition. En 1989, les députés de
l’opposition étaient au nombre de 19. Mais l’évolution du paysage parlementaire
tunisien ne s’arrête pas là. Une présence plus affirmé du secteur privé est en
train de se mettre en place au niveau de la chambre. Pour les législatives 2009,
plusieurs candidats sont issus de la centrale patronale et du secteur privé :
Hédi Djilani, suivi de Ali Slama (du groupe agroalimentaire Slama) Nabil Triki
(de la confiserie le Moulin), Ridha Bouagina, Mouldi Ayari, Mohamed Jouini,
Nacer EL Gharbi, Faouzi Elloumi, Mohamed Sakhr El Matri, Abdelmajid Ben Yahia,
Sahbi Karoui, Abdellatif Zayane, Mabrouk Khanchaoui, Khéreddine Dhahbi, et Habib
Boujbel.

Il faut reconnaître, également, que jusqu’à là la répartition des sièges au sein
du Parlement ne reflète pas le poids économique de chaque corps de métier. Ce
n’est pas le but bien évidemment car les élus sont choisis en fonction de leurs
capacités à défendre les intérêts de leurs électeurs, quelque soit leur
appartenance ou leur catégorie sociale. Le risque est toutefois de voir certains
déséquilibre au niveau du parlement léser une composante du peuple quelque soit
son appartenance socioprofessionnelle. Ainsi au dernier mandat, ils étaient 83
députés appartenant aux corps administratifs et de l’enseignement, 26 au secteur
médical, 21 au secteur de l’ingénierie, 18 étaient des avocats, 13 appartenant à
l’enseignement supérieur, 12 hommes d’affaires, 5 appartenant aux médias et 11
issus d’autres secteurs.

Si l’on part du principe que les députés sont portés candidats par un parti
auquel ils sont adhérents, doit-on par là conclure au peu d’engouement du
secteur privé ou des autres secteurs à la vie politique et leur peu d’intérêt
pour le pouvoir législatif, sachant que c’est là où sont prises les grandes
décisions concernant la gestion des affaires du pays ? Les professions,
représentées au sein des Conseils de l’ordre qui défendent leurs intérêts et le
font généralement bien, estiment-elles, qu’elles n’ont pas besoin d’être
représentées au sein du Parlement ?

Doit-on attendre de la part d’une majorité de députés composés d’un corps de
métier particulier, lors des débats ou de la discussion des projets de lois, une
maîtrise de toutes les données, des particularités et des petits détails qui
peuvent servir ou desservir les intérêts d’une composante socioprofessionnelle
quelle qu’elle soit ?

Nous évoluons vers une économie de plus en plus libérale dans laquelle
l’initiative privée est déterminante et à ce titre, le secteur privé devrait
être associé d’une manière plus efficace à la gestion des affaires du pays,
c’est en tout cas ce que pensent des hommes d’affaires tunisiens.

Cette dynamique du secteur privé pour une présence encore plus importante et
plus active au sein du Parlement s’explique donc par une volonté et une
détermination à participer à la prise de décision sur les plans législatif et
réglementaire.

Ils estiment qu’étant créateurs de richesses, pourvoyeurs d’emplois et une
source de revenus importante pour l’Etat, ils peuvent prétendre à une
participation plus efficiente et une présence plus accrue au sein du parlement.
Cela s’est traduit d’ailleurs dans les faits lorsque des discussions houleuses
ont eu lieu entre députés hommes d’affaires et représentants de l’Etat lors de
la discussion du projet de loi sur la grande distribution en avril dernier.