Smic : revalorisation limitée au minimum légal pour 3,4 millions de salariés

[22/06/2009 16:07:16] PARIS (AFP)

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évolution du Smic depuis 2005 en France

Le gouvernement a annoncé sans surprise lundi une revalorisation du Smic limitée au minimum légal, soit 1,3%, en l’absence de “coup de pouce”, un choix approuvé par le patronat, mais critiqué par les syndicats au moment où la France est plongée dans une récession majeure.

Au 1er juillet, le Smic sera porté de 8,71 à 8,82 euros bruts de l’heure (6,93 euros nets). Pour un salarié au Smic travaillant 35 heures par semaine, le salaire mensuel passera de 1.321,02 à 1.337,70 euros bruts et atteindra 1.051 euros nets.

La revalorisation annuelle est applicable quels que soient l’âge, le secteur ou le lieu d’activité. A partir de 2010, elle aura lieu le 1er janvier.

Environ 3,4 millions de personnes sont payées au Smic, dont 2,19 millions dans le privé. 940.000 personnes payées sur la base du Smic sont à temps partiel.

Le Smic dépend depuis 1970 de l’inflation et de la moitié du pouvoir d’achat du salaire horaire ouvrier (SHBO). Comme les prix ont baissé sur un an (-0,2 point de mai 2008 à mai 2009), l’inflation n’est “pas retenue dans le calcul”, selon le ministère du Travail.

Avec une hausse arrondie à 1,3%, “le pouvoir d’achat des salariés concernés est tout à la fois préservé et garanti”, a déclaré le ministre Brice Hortefeux.

“Il vaut mieux une vraie revalorisation qu’un faux coup de pouce qui aurait un effet boomerang sur l’emploi et sur les plus défavorisés, et remettrait en cause l’emploi notamment dans les petites entreprises”, a-t-il expliqué.

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étenteurs de bas salaires en France (Photo : Paz Pizarro)

Le ministre a justifié cette absence de “coup de pouce” pour la troisième année consécutive, en s’appuyant sur les conclusions d’un groupe d’experts.

“La priorité du gouvernement est d’améliorer la situation de l’ensemble des salariés”, pas seulement de ceux payés au Smic, a-t-il assuré devant les partenaires sociaux, réunis rue de Grenelle dans le cadre de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC).

Si “l’ensemble des organisations patronales a été satisfait” selon la CGT, les syndicats, y compris la CFDT, ont été unanimement critiques.

Maryse Dumas (CGT) a jugé “scandaleux” le montant de la revalorisation : “11 centimes de l’heure”, soit “une journée de travail pour se payer une baguette de pain”. “Le gouvernement compromet la justice sociale et la possibilité pour notre pays de combattre la récession”, a-t-elle jugé.

“Dans un contexte de crise économique et financière, des mesures exceptionnelles ont été prises pour les banques et non pour les salariés (…) Le président de la République a dit qu’il était le président du pouvoir d’achat, nous attendons qu’il le prouve”, a réagi Marie-Alice Medeuf-Andrieu (FO).

“On nous dit que l’inflation est en train de baisser mais la situation est exceptionnelle”, a lancé Laurence Laigo (CFDT), soulignant que la CFDT avait, contrairement à l’habitude, demandé un coup de pouce parce que “l’économie court le risque que la consommation chute et que la situation à la rentrée va être très difficile”.

Gabrielle Simon (CFTC) a regretté que le gouvernement “ne prenne pas en compte le fait que les salaires soutiennent la consommation”.

Pour Alain Lecanu (CFE-CGC), “on va observer encore une fois un tassement de la grille salariale des classes moyennes et des cadres”.

Fin 2008, 56 branches professionnelles, comme les grands magasins, sur 276 avaient une grille salariale commençant en dessous du Smic. Les salariés tout en bas de l’échelle percevaient néanmoins le salaire minimum, mais leurs collègues théoriquement mieux payés ont vu leur salaire écrasé au Smic.