Contre la montée du chômage, l’UE se contente d’un mini-sommet

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ésident du parlement européen, Hans-Gert Pottering, le 7 mai 2009 à Prague lors d’un mini-sommet sur le chômage (Photo : Dominique Faget)

[07/05/2009 14:37:29] PRAGUE (AFP) Faute de politique sociale européenne forte, l’UE a dû se contenter jeudi d’un mini-sommet sur l’emploi débouchant sur un catalogue très général d’outils pour faire face à la poussée brutale du chômage.

“Nous sommes tous d’accord sur les objectifs, mais pas toujours sur les moyens”, a reconnu d’emblée le Premier tchèque, Mirek Topolanek, illustrant l’éternelle difficulté des 27 gouvernements de l’UE à parler d’une même voix en matière de politique sociale.

Les syndicats et le patronat européen ont qualifié de “très générales” les conclusions préparées par les seuls autres participants du sommet: la Commission européenne et la “troïka” (l’actuelle présidence tchèque de l’UE, plus la Suède et l’Espagne qui lui succèderont).

“Elles ne sont pas suffisantes et nous n’avons pas souscrit à ces conclusions”, a précisé à l’AFP John Monks, le dirigeant de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui organise la semaine prochaine trois manifestations “européennes” sur le thème de la montée du chômage.

“Il est très important que l’UE ait une réponse vigoureuse à la crise, sinon ses citoyens auront des réflexes nationaux”, a mis en garde M. Monks.

“Je crois que les conclusions sont bonnes en tant que point de départ” pour l’UE, a estimé Celestino Corbacho, le ministre espagnol de l’Emploi, à l’instar de tous les participants. Elles seront affinées à temps pour un sommet européen fin juin.

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èque, Mirek Topolanek, le 7 mai 2009 à Prague pour un mini-sommet sur le chômage (Photo : Dominique Faget)

Bruxelles table désormais sur une perte de 8,5 millions d’emplois en 2009 et en 2010 dans l’UE. “Il ne peut y avoir de reprise économique construite sur les fondements d’un effondrement social”, a plaidé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui avait initialement appelé à une grande messe sur le chômage en présence de 27 chefs d’Etat ou de gouvernement.

Plusieurs capitales, dont Paris, Berlin et Londres, ont toutefois bloqué l’idée, de crainte qu’elle ne suscite des attentes irréalistes dans une opinion publique inquiète. D’où le format rétréci du sommet.

M. Barroso promet d’être bientôt plus concret sur certaines mesures à l’échelle européenne. L’UE est appelée par exemple à trouver des approches “innovantes” pour aider les sans emploi et les jeunes à lancer leur propre entreprise, via par exemple l’apport de capitaux.

Mais le sommet a surtout recensé des actions nationales.

En tout premier lieu, il faut “maintenir autant de personnes que possible dans leur emploi”. Et un recours au chômage partiel “peut constituer une option efficace pour des entreprises de toutes les tailles, avec le soutien de fonds publics”.

Une méthode déjà déclinée par douze pays européens, souligne le commissaire européen au Travail, Vladimir Spidla, un social-démocrate tchèque, qui la juge “raisonnable et efficace”.

Mais le très libéral Premier ministre démissionnaire tchèque, Mirek Topolanek, a au contraire lancé une mise en garde contre les remèdes “étatiques paternalistes”.

“Beaucoup de responsables politiques s’emparent de la crise actuelle, qui va conduire à une hausse du chômage, pour se lancer dans des dépenses gouvernementales incontrôlées”, a-t-il critiqué, décrivant cette voie comme “une route vers l’enfer”.

“Les emplois ne sont pas créés par l’Etat mais par les entreprises”, a-t-il ajouté, en phase avec le Premier ministre suédois, Frederik Reinfeldt.

Pour respecter ces différents courants de pensée, les actions préconisées par le mini-sommet sont axées également sur les entreprises.

“Des efforts supplémentaires sont nécessaires” pour pousser à l’embauche et à la création d’entreprises, souligne la déclaration finale, suggérant un abaissement des coûts non-salariaux, idée critiquée par les syndicats.