Raz-de-marée sans précédent à Pôle emploi : +90.200 chômeurs en janvier

[25/02/2009 19:16:53] PARIS (AFP)

photo_1235584956150-6-1.jpg
évrier 2009 à l’Elysée (Photo : Gerard Cerles)

Pôle emploi, l’organisme chargé des chômeurs depuis cette année, a connu en janvier un raz-de-marée sans précédent, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie 1 progressant de 90.200 en un mois, a annoncé mercredi le ministère de l’Emploi.

Fin janvier, 2.204.500 demandeurs d’emploi étaient inscrits en catégorie 1, qui sert de baromètre de référence, et ne retient que les personnes à la recherche d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée.

Cela représente une hausse de 4,3% comparé à décembre et de 15,4% sur un an. Ces chiffres font évidemment abstraction des dizaines de milliers de salariés placés au chômage partiel, qui ont encore leur emploi.

La hausse des inscriptions a concerné davantage d’hommes (+5,5%) que de femmes (+2,9%), et plus de jeunes (+5,1%) que des 50 ans ou plus (+3,9%), selon ces chiffres corrigés des variations saisonnières (CVS).

“On va avoir des chiffres comme ça sur plusieurs mois”, a dit sur France 3 le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez.

Lui-même et la ministre de l’Economie Christine Lagarde ont rappelé les “nouvelles mesures d’accompagnement social” décidées lors du sommet social du 18 février.

Depuis mai 2008, des milliers de personnes supplémentaire s’inscrivent tous les mois à Pôle emploi, dont le personnel (ex-ANPE ou ex-Assedic) a plus de mal à suivre qu’il est en pleine réorganisation suite à la fusion imposée par le gouvernement.

Parant au plus pressé, les agents délaissent la prospection des offres d’emploi auprès des entreprises pour se concentrer sur l’accueil, à tel point que le conseil d’administration et le personnel ont tiré la sonnette d’alarme.

Selon la CGT, qui a exigé des embauches “immédiates”, 68.000 dossiers sont en retard et la formation du personnel se fait “a minima”.

Le nombre d’offres d’emploi déposées à Pôle emploi a chuté de 15,4% comparé à décembre (-29,3% sur un an), selon le ministère.

photo_1235564553612-6-1.jpg
ée d’une agence “Pôle Emploi”, le 5 janvier 2009 à Hazebrouck (Photo : Denis Charlet)

Le dérapage spectaculaire de janvier illustre la brutalité d’une crise qui épargne pour l’instant l’artisanat.

Mais les syndicats soulignent depuis plusieurs années l’évolution structurelle du marché du travail vers un modèle dérégulé, avec seulement 20% des embauches en CDI et plus de flexibilité pour les entreprises.

“On est dans un marché du travail, qui sans qu’on s’en aperçoive trop, est plus sur une base anglo-saxonne avec une multiplication des petits contrats, qui en situation de crise se traduisent par une perte immédiate d’emploi”, a déclaré à l’AFP la vice-présidente de l’assurance-chômage (Unedic) Annie Thomas (CFDT).

“On n’a pas encore de raz-de-marée à l’Unedic, car les gens n’ont pas accumulé assez de droits” pour être indemnisés, a-t-elle ajouté, mais cela “risque peut-être de venir”.

Selon elle, le gouvernement doit “revenir sur certaines politiques” comme la loi Tepa sur les heures supplémentaires, car “il n’y a pas de honte à expliquer que des choix ont été faits dans un contexte économique qui a changé”.

Pour FO, l’Etat doit, “quand il intervient être plus strict sur les contreparties en termes d’emploi”.

“Les plans sociaux font la Une des journaux, mais le gros des inscriptions vient des fins de CDD et d’intérim”, a déclaré à l’AFP le président de l’Unedic, Geoffroy Roux de Bézieux (Medef).

Le reproche d’impuissance guette les pouvoirs publics. Selon le baromètre BVA/Orange/L’Express/France-Inter présenté mardi, le scepticisme grandit dans l’opinion : moins d’un tiers croit à l’impact positif de la politique gouvernementale sur le chômage.