Services – Qualité de la main-d’œuvre : Des efforts à faire au Sénégal

Par : Tallel

Par Mame Woury THIOUBOU


Les effets de la
mondialisation et la recherche de profits ont mis en évidence ces dernières
années, une nouvelle tendance : la délocalisation de certains services par
les grandes sociétés occidentales ou off-shore. Une dynamique dont le
Sénégal ne profite finalement que très peu.

Pour maximiser leurs profits, de plus en plus d’entreprises et européennes
ont recours à des services dits off-shore, c’est-à-dire, délocalisés, une
activité qui recèle un énorme potentiel en matière de création d’emplois. En
Asie et en Afrique, ces dernières années, on a vu la création de nombreuses
sociétés spécialisées dans les services à distance. Off-Shore Développement,
un portail d’information en externalisation et sous-traitance
internationale, a récemment publié un baromètre qui s’attache à faire une
étude comparée des situations salariales dans les pays aux potentiels les
plus importants en la matière. La liste des pays ciblés par l’étude en Asie
pacifique, en Europe de l’Est et en Afrique du Nord, laisse apparaître que
le Sénégal ne figure pas dans ce peloton de tête. Il est coiffé au poteau
par le Maroc, la Tunisie et l’Ile Maurice. Le pays le plus compétitif de la
liste est le Vietnam.

 

Se
fondant sur les atouts respectifs de chaque pays par rapport à la France, le
Baromètre présente la Tunisie comme un pays «avantagé par sa proximité
culturelle et géographique avec la France, qui offre une liberté
d’investissement et des salaires très faibles pour les spécialistes des
Tics». Off Shore Développement écrit pour le Maroc, que le pays «offre une
affinité culturelle essentielle avec la France, une politique
d’encouragement du développement du secteur de l‘informatique et une
infrastructure bien développée».

 

De
tels atouts valent à ces pays un classement aux 9e et 11e places alors que
le dernier pays africain figurant sur cette étude, l’Ile Maurice, se trouve
rangé dans la catégorie Asie-Pacifique. Les avantages de ce pays sont «une
bonne maîtrise du français et de l’anglais, des infrastructures développées,
la disponibilité de zones spéciales dédiées aux Tics et des coûts
raisonnables de location de locaux professionnels». Une donne qui explique
certainement que ce pays soit classé dans la fourchette des pays aux coûts
salariaux les plus faibles. Avec une moyenne de 60 à 250 Euros par jour
(soit de 39 300 à 163 750 Cfa), l’Ile Maurice qui s’adjuge la 8e place sur
14, a su profiter du regain d’intérêt constaté à l’échelle mondiale pour les
phénomènes de délocalisation.

 

En
effet, le recours à la délocalisation proche ou éloignée (off-shore ou
near-shore, dans le langage spécialisé), permet de réduire très
considérablement les coûts de production tout en disposant de ressources
humaines très compétitives. Aussi, le mouvement de ces entreprises est
exclusivement dirigé vers des pays où l’environnement salarial est
suffisamment attractif. Au nombre des élus, le Vietnam arrive en tête avec
des salaires moyens journaliers allant de 37 à 158 euros (24 235 à 103 490
francs Cfa), suivant l’expérience du salarié. Comparé aux niveaux de salaire
dans les pays occidentaux, cela représente des économies de l’ordre de 70%,
souligne le Baromètre.

 

Les
entreprises françaises se tournent également vers les pays de l’ancienne
Urss, Russie, Moldavie, Ukraine, mais aussi, de plus en plus vers les pays
de l’Europe de l’Est que sont la Roumanie, la Hongrie ou encore la Pologne.
L’Inde et la Chine s’adjugeant une part importante de ce marché. En 2004, le
premier captait 78% de l’offre off-shore européenne.

La question des salaires

Bien
que déterminante, l’attractivité des salaires n’est pas le seul élément en
compte. Des ressources humaines qualifiées sont un critère non négligeable.
Et justement, là réside la faiblesse des pays africains comme la Tunisie. Le
Baromètre écrit à ce sujet que «l’absence d’une main-d’œuvre abondante et
très qualifiée limite la gamme de services. De plus, l’afflux annuel de
main-d’œuvre dans le secteur est encore limité». Malgré tout, avec ses
niveaux de salaires «très bas comparés à ceux des pays développés», environ
9 euros (près de 6 000 Cfa) de l’heure contre 70 (plus de 45 000 Cfa) en
Europe, la Tunisie reste très attractive. Pour le Maroc, le problème se pose
avec encore plus d’acuité, puisque «la pénurie de spécialistes» va entraîner
dans les prochaines années une hausse des salaires, et donc contribuer à une
baisse de compétitivité du pays dans ce secteur.

 

Le Vietnam, cité comme
«une future destination privilégiée de la sous-traitance informatique»
souffre également de ce même handicap. En effet, le numéro 1 du classement
de Off-Shore Développement est aussi confronté à «une pénurie de personnel
qualifié». Mais pour l’Ile Maurice, le problème est tout autre, puisque
souligne le Baromètre, ce sont «les tarifs de communication vers l’étranger
(qui) sont très élevés».  
 

(Source :

http://www.lequotidien.sn/index.php?option=com_content&task=view&id=1851&Itemid=10
)