Développement : Faire des affaires avec les pauvres, un moteur d’innovation et de croissance !

Par : Tallel

L’Organisation des Nations unies, à travers son ‘’antenne’’ chargée du
développement, en l’occurrence le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD), a entrepris une démarche originale, à savoir
convaincre les entreprises de la nécessité pour elles de faire des affaires
avec les 2,4 milliards que compte notre planète. Mais Mourad Wahba, le
représentant du PNUD au Royaume chérifien, estime qu’il ne s’agit pas de
philanthropie. ‘’Entreprendre avec les populations pauvres, c’est un moteur
d’innovation qui crée des marchés et de nouveaux espaces de croissance”,
cité par le site d’information
www.romandie.com.

 

D’ailleurs, un rapport intitulé “Les entreprises face aux défis de la
pauvreté: stratégies gagnantes”, rendu public cette semaine, assure que
“faire des affaires avec les populations pauvres peut parfois générer des
taux de rendement plus élevés que sur les marchés développés” en citant
notamment certaines institutions de microcrédits qui ont obtenu des
rendements de capitaux supérieur à 23%.
Pour les pessimistes, l’étude de l’organisme onusien apporte des chiffres
qui peuvent faire réfléchir plus d’un. En effet, le rapport du PNUD indique
que ‘’les pauvres sont aussi des consommateurs et que les quatre milliards
de personnes gagnant moins de 8 dollars par jour ont un revenu cumulé
d’environ 5.000 milliards de dollars, soit le revenu national brut du
Japon’’.

 

Cependant, le PNUD regrette que cette population souffre d’une “pénalisation
de la pauvreté”, autrement dit «qu’elle paie parfois plus cher que les
consommateurs riches pour des produits et services de première nécessité,
comme les crédits, l’électricité ou les soins de santé».

 

Mais les experts du PNUD vont plus loin dans leur analyse, au risque même de
choquer certains, puisqu’ils affirment que faire des affaires avec les
pauvres est à même «de favoriser l’innovation “qui contribue à la
compétitivité de l’entreprise en offrant par exemple de nouvelles
combinaisons de prix et de performance». Mais encore : «cela permet aussi
aux entreprises de disposer de davantage de main-d’œuvre et de renforcer les
chaînes de valeur, en se procurant sur place les biens et produits dont
elles ont besoin et en intégrant les pauvres dans la chaîne de valeur de
l’entreprise comme producteurs, fournisseurs, distributeurs, revendeurs ou
franchisés».

 

«En contrepartie, en investissant dans ce secteur, les entreprises répondent
aux besoins essentiels de cette population pauvre en lui permettant de
devenir plus productive, en augmentant son revenu et en la démarginalisant».
On appelle cela tout simplement échange de bon procédé.

 

Non, plus sérieusement, en investissant dans la formation afin de créer de
la main-d’œuvre apte à produire et à créer de la valeur, les entreprises
peuvent avoir retour sur investissement en créant une population de
consommateurs. Ce n’est pas facile mais ce n’est pas non plus impossible à
faire ; il suffit de bien penser et d’avoir la volonté de le faire.

 

En conclusion, le rapport du PNUD épingle cinq obstacles: «le manque
d’informations sur le “marché des pauvres”, l’inefficacité du cadre
réglementaire dans ces populations car les règles et les contrats ne sont
pas appliqués, l’absence des infrastructures (les transports, l’eau,
l’électricité, les télécommunications, notamment), le maque de connaissance
et de compétence de ces populations et l’accès restreint aux produits et
service financiers».

 


T.B.