France : nourrie par l’alimentation, l’inflation se maintient à 2,8% en février

 
 
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Une cliente vérifie le contenu de son caddie, le 21 décembre 2007 dans une grande surface à Rots (Photo : Mychèle Daniau)

[12/03/2008 13:11:03] PARIS (AFP) Nourris par la flambée de l’alimentation et de l’énergie, les prix ont de nouveau augmenté en février (+0,2%), l’inflation atteignant 2,8% sur un an, comme le mois dernier, et pesant toujours sur le pouvoir d’achat des ménages.

La hausse des prix sur un an reste à son niveau le plus élevé depuis mai 1992.

“La progression de l’indice des prix à la consommation du mois de février résulte de la hausse des prix des autres services, sous l’effet des augmentations saisonnières liées aux vacances scolaires, et de l’alimentation hors produits frais”, résume mercredi l’Institut national de la statistique (Insee) dans son communiqué.

Dans l’alimentation, les prix ont progressé en moyenne de 0,2% sur un mois et de 4,8% sur un an.

Mais si les prix des produits frais ont entamé leur baisse saisonnière, très marquée cette année (-3,6% en février, +2,0% sur un an), les prix des produits alimentaires manufacturés continuent de grimper, gagnant 0,8% après +1,2% en janvier. Sur un an, leur hausse moyenne atteint 5,2% avec des pics à +9,3% pour les fromages, +14,0% pour le lait et la crème et +13,0% pour la volaille.

“Cela confirme que les pressions inflationnistes sur les matières premières agricoles se diffusent dans la chaîne de production et pourrait alimenter le débat sur les comportements de marge dans le secteur agro-alimentaire et celui de la grande distribution”, souligne Mathieu Kaiser, économiste chez BNP-Paribas.

“La grande distribution n’échappe pas au mouvement, mais ne le renforce pas”, estime de son côté Alexander Law (Xerfi).

En février, l’indice des prix des produits de grande consommation dans la grande distribution s’accroît de 0,8% après une hausse de 1,1% en janvier, soit une hausse de 4,6% sur un an.

“Il y a toujours d’importants délais dans la transmission des prix des matières premières agricoles. On ne s’attend pas à une détente avant le milieu de l’année”, explique un statisticien interrogé.

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Inflation: évolution en février et sur un an

De la même façon, la “pause” enregistrée en février dans les prix de l’énergie (-0,6% et -0,9% pour les seuls produits pétroliers) “n’est pas forcément significative”. Sur un an, la hausse de l’énergie atteint en février 11,4%, avec +17,6% pour les produits pétroliers et +15,2% pour les carburants. Avec un bond de 32,0% pour les combustibles liquides!

“Les prix du pétrole sont repartis à la hausse et battent des records, et sur février c’est plutôt un contexte d’euro fort qui nous a un peu protégés”, estime ce statisticien.

Selon lui le pic d’inflation, initialement attendu à 3% par l’Insee dès février, n’est donc pas encore atteint et pourrait survenir en mars.

Pour les produits manufacturés, la hausse est de 0,3% sur un mois (+0,3% sur un an) en raison de la fin des soldes, qui touche surtout l’habillement.

“Au-delà des polémiques sur les différents modes de calculs de l’inflation, les chiffres officiels traduisent bien à leur manière la hausse soutenue des prix subie par les ménages, ponctionnant fortement leur pouvoir d’achat”, relève M. Law.

“Une inflation à 2,8 ou 3%, ça n’a jamais tué personne! La vraie difficulté, c’est que les entreprises n’ont pas forcément les moyens d’augmenter les salaires”, estime l’économiste Marc Touati.

Face à l’augmentation des prix de leurs fournisseurs, les entreprises doivent rogner sur les autres coûts et cela se répercute sur la création d’emplois et les revenus, dit-il. “Le problème numéro un du pouvoir d’achat aujourd’hui en France, c’est que les revenus augmentent moins vite que les prix”, conclut-il.

 12/03/2008 13:11:03 – © 2008 AFP