Sa crédibilité en jeu, le G7 a tenté de donner une image d’unité à Tokyo

 
 
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Les ministres participant au G7 Finances à Tokyo, le 9 février 2008 (Photo : Toru Yamanaka)

[10/02/2008 18:52:36] TOKYO (AFP) Le G7 Finances, dont la crédibilité est en jeu face à la crise financière la plus sévère depuis plusieurs décennies, a tenté samedi à Tokyo de mettre ses dissensions de côté pour afficher une image d’unité.

“La crise que connaît l’économie mondiale aujourd’hui est une crise de confiance. On ne sait pas trop où elle nous mène au niveau économique. Donc les pays du G7 n’allaient pas ajouter une incertitude supplémentaire d’ordre politique”, estime Nicolas Bouzou, économiste d’Asterès.

Pendant les jours précédant la réunion à Tokyo des ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon), on a assisté à “un tir croisé entre les Européens et les Américains, surtout en provenance des Européens”, remarque M. Bouzou.

Ces derniers avaient été irrités par les deux baisses de taux surprise de la Réserve fédérale américaine (Fed), menées selon eux sans concertation avec les autorités monétaires des autres pays et qui ont propulsé l’euro à des niveaux proches de ses records historiques face au dollar.

Washington de son côté avait appelé par la voix du sous-secrétaire au Trésor David McCormick les autres pays à engager des plans de relance, pour prendre le relais des Etats-Unis et tirer la croissance mondiale.

Mais samedi à Tokyo ces dissensions ont laissé place à un message d’unité.

Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a dit n’avoir “jamais imaginé” demander à ses partenaires des plans de relance car chaque pays “a une situation économique différente”.

Les récentes baisses de taux de la Fed “n’ont pas été discutées” entre M. Paulson et la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, a affirmé cette dernière, qualifiant la réunion de Tokyo de “bon G7” marqué par un “fort esprit de consensus” et la volonté de “prendre des mesures concrètes”.

Tous les responsables ont soigneusement évité de prononcer le mot tabou de “récession”, se voulant rassurants coûte que coûte sur l’évolution économique aux Etats-Unis.

Pour M. Bouzou, “chacun fait à peu près ce qu’il a à faire”: les Etats-Unis avec le plan Bush et les Européens, contraints par le Pacte de Stabilité, ne pouvant de toute façon mener une politique de relance coordonnée. “Il n’y a donc pas besoin d’étaler des divergences”, juge-t-il.

Quant aux Européens, ils avaient déjà accordé leurs violons lors de réunions préparatoires à Paris et Londres fin janvier.

Le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, avait notamment qualifié leur état d’esprit avant Tokyo de “très uni”, sur les réformes des marchés financiers à engager pour parer une prochaine crise, et même sur les changes, traditionnelle pomme de discorde entre Paris et Berlin, le premier faisant taire ses critiques récurrentes contre l’euro fort et la politique de la Banque centrale européenne (BCE).

Les Européens n’ont rien obtenu à Tokyo des Américains dans le message du communiqué final du G7 sur les changes, mais le changement de ton de la BCE, ouvrant la voie à une probable baisse des taux d’intérêt de la zone euro, a apaisé les tensions à ce sujet.

Mais alors que Christine Lagarde a répété que l’euro fort défavorisait les exportateurs européens, une remarque de son homologue allemand Peer Steinbrück qui a dit n’être “pas inquiet” du niveau de la monnaie unique à l’issue du G7, montre que les dissonances intra-européennes ont la vie dure.

L’enjeu du prochain G7 Finances, en avril à Washington, sera de concrétiser les réformes souhaitées des établissements de crédit, des banques, des agences de notation. Car la crédibilité du G7 se jouera sur la mise en oeuvre de ces réformes.

 10/02/2008 18:52:36 – © 2008 AFP