Moscou et Minsk règlent la crise du gaz in extremis et temporairement

 
 
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Station gazière à Nesvij au Bélarus (Photo : Viktor Drachev)

[03/08/2007 15:20:09] MOSCOU (AFP) Gazprom a renoncé à réduire de moitié ses livraisons de gaz au Bélarus qui a réglé vendredi in extremis une partie de sa dette, mais le géant gazier russe a sommé Minsk de payer le reste de la somme due d’ici une semaine, sans quoi il diminuera le flux gazier de 30 %.

Gazprom avait menacé mercredi de réduire de 45% son flux de gaz vers le Bélarus vendredi à 06H00 GMT si la dette bélarusse de 456 millions de dollars n’était pas honorée. Le géant gazier russe avait pris soin de rassurer ses clients occidentaux, mais la menace avait suscité l’inquiétude de l’Union européenne.

Gazprom a finalement annoncé vendredi matin qu’il maintenait le volume des livraisons après paiement à la dernière minute d’une partie de la dette bélarusse par Beltransgaz, l’entreprise qui exploite les gazoducs bélarusses.

“Aujourd’hui, Beltransgaz a effectué le premier paiement d’une partie significative de la dette”, a indiqué Gazprom dans un communiqué. “En conséquence, nous avons décidé de reporter la réduction des livraisons de gaz”, a-t-il ajouté.

Cependant, Gazprom a prévenu qu’il attendait d’ici à une semaine le reste de la somme due pour le gaz livré au 1er semestre 2007.

“Dans une semaine, nous prendrons notre décision sur la réduction des livraisons de gaz en fonction du paiement effectué” et le flux sera réduit de 30% si de nouveaux fonds ne sont pas transférés, a déclaré son porte-parole Sergueï Kouprianov à la radio Echo Moscou.

Le responsable a une fois de plus voulu rassurer les pays européens, indiquant que Gazprom avait étudié “tous les scénarios possibles” et que “toutes les actions viseront à assurer des livraisons de gaz aux pays tiers”.

A Minsk, Beltransgaz a confirmé que la livraison de gaz se poursuivait vendredi dans sa totalité vers le Bélarus et l’Europe.

“Ce matin, une première tranche de la dette, d’un montant de 190 millions de dollars, a été versée”, a indiqué un porte-parole de Beltransgaz citant son directeur général adjoint Tsvitomir Sorokhane.

Les négociations commencées jeudi soir entre responsables des deux compagnies se poursuivaient à Moscou pour déterminer le calendrier des prochains versements, a ajouté le porte-parole.

La Russie avait déjà menacé fin 2006 de fermer les vannes du tuyau gazier si le Bélarus n’acceptait pas de s’acquitter d’un nouveau prix du gaz, plus élevé, imposé par Gazprom.

Près d’un an plus tôt, Gazprom avait interrompu ses livraisons à l’Ukraine à la suite d’un conflit similaire sur le prix du gaz.

L’UE avait fait part de son inquiétude ces derniers jours au sujet de ce nouveau conflit gazier. Quelque 20% des importations de gaz russe vers l’UE transitent par le Bélarus, essentiellement vers la Pologne, l’Allemagne et la Lituanie.

Vendredi, la Commission européenne a renoncé à convoquer pour mercredi prochain une réunion du groupe de coordination des 27 sur le gaz, estimant qu’elle “n’était plus nécessaire” après le désamorçage de la crise. “Nous saluons le développement intervenu”, a commenté un porte-parole à Bruxelles.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko avait promis jeudi de rembourser la dette de son pays à Gazprom “dans les prochaines jours”, ouvrant la voie à un règlement du conflit. Mais M. Loukachenko s’était plaint que la Russie cherche à l'”humilier”.

De son côté, le groupe russe insiste depuis le début sur le fait qu’il a scrupuleusement respecté ses engagements en fournissant le volume de gaz prévu (21,8 milliards de mètres cubes sur l’ensemble de 2007).

Gazprom, qui a aussi payé 625 millions de dollars pour les 12,5% qu’il a acquis cette année dans Beltransgaz dans le cadre de la renégociation générale du contrat, estime en outre que le Bélarus ne saurait être à court de liquidités.

 03/08/2007 15:20:09 – © 2007 AFP