Sakhaline 2 : Gazprom scelle son entrée en force aux dépens des étrangers

 
 
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Travaux sur le site de Sakhaline 2 en Extrême-Orient russe, le 30 septembre 2006 (Photo : Denis Sinyakov)

[18/04/2007 19:27:59] MOSCOU (AFP) Le géant russe Gazprom a conclu son entrée en force dans le gigantesque projet gazier et pétrolier Sakhaline 2, ne laissant que la portion congrue aux majors étrangères, qui s’efforcent néanmoins de faire bonne figure en affirmant que l’affaire demeure rentable.

Le groupe gazier a paraphé, lors d’une cérémonie organisée mercredi soir, un accord définitif avec ses nouveaux partenaires, la major anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et les sociétés japonaises de négoce Mitsui et Mitsubishi.

La signature de ce contrat consacre l’entrée en vigueur d’un pré-accord signé le 21 décembre 2006 à Moscou, mais dont certaines parties ont depuis été renégociées, notamment en ce qui concerne le budget d’investissement. Celui-ci, aux termes du nouvel accord, a quasiment doublé à 19,4 milliards de dollars.

Le texte signé prévoit que “Gazprom acquiert une part de 50% plus une action dans (l’opérateur) Sakhalin Energy pour 7,45 milliards de dollars” (5,5 milliards d’euros), selon un communiqué commun des quatre entreprises.

“Les trois autres actionnaires –Shell, Mitsui et Mitsubishi– réduisent chacun sa participation de 50% pour recevoir une part proportionnelle du prix d’achat”, explique le communiqué qui précise que Shell détient à présent 27,5%, Mitsui 12,5% et Mitsubishi 10%.

En décembre dernier, Gazprom avait obtenu de prendre le contrôle de Sakhaline 2 après des mois de pression de Moscou qui accusait le projet mené par Shell, Mitsui et Mitsubishi de violer la législation environnementale.

Les analystes estiment que le gouvernement a pris l’environnement pour prétexte pour obtenir l’entrée de Gazprom dans le projet et en renégocier les termes sous un jour plus favorable pour la Russie.

Mais les représentants des trois groupes étrangers se sont efforcés de faire bonne figure lors de la cérémonie et de la conférence de presse qui a suivi, insistant tous pour “saluer l’arrivée de Gazprom comme actionnaire majoritaire” et applaudir ses compétences techniques.

Sakhaline 2 sera le premier site en Russie à produire du gaz naturel liquéfié, qui sera livré à partir de 2008 en Asie, majoritairement au Japon, mais aussi à la Corée du Sud et aux Etats-Unis.

Le vice-président de Mitsui, Hiroshi Tada, a insisté sur le fait que les consommateurs japonais “saluent l’arrivée de Gazprom” dans le consortium.

De son côté le président de Shell en Russie, Chris Finlayson, a assuré que toutes les parties avaient “signé un accord très satisfaisant”, sans consentir à en dévoiler les détails.

Les participants au projet se sont également montrés peu loquaces sur les raisons qui avaient retardé si longtemps la conclusion de l’accord, et sur le nouveau budget de Sakhaline Energy. Ils se sont contentés d’indiquer qu’ils avaient donné leur feu vert à un doublement des dépenses d’investissement d’ici 2014, qui passent de 10 à 19,4 milliards de dollars pour la deuxième phase du projet.

La question du doublement du budget était en suspens depuis des mois. Elle est cruciale pour la Russie car, selon les termes de l’accord initial de partage de production (PSA), le pays ne devait recevoir de dividendes pour ses hydrocarbures qu’une fois tous les investissements remboursés aux compagnies étrangères.

Selon la presse russe, les trois groupes étrangers ont en réalité consenti, outre l’entrée de Gazprom, à ce que 3,6 milliards de dollars sur le total ne leur soient finalement pas remboursés. Les intéressés ont toutefois refusé de se prononcer sur ce point lors de la conférence de presse.

 18/04/2007 19:27:59 – © 2007 AFP