GB : Brown annonce une baisse surprise des impôts sur le revenu

 
 
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Le ministre des Finances britannique Gordon Brown le 21 mars à Londres

[21/03/2007 17:43:57] LONDRES (AFP) Le ministre des Finances britannique Gordon Brown a créé la surprise mercredi, en annonçant dans son onzième et sans doute dernier budget des baisses d’impôts sur le revenu, une manière peut-être de gagner la sympathie des Britanniques alors qu’il brigue la succession de Tony Blair cet été.

Alors qu’il pâtit déjà d’une réputation d’ambitieux austère, son image a encore été écornée mardi par l’interview de l’ancien secrétaire au Trésor Andrew Turnbull, qui l’a qualifié dans le Financial Times de “stalinien”, “cynique” avec ses collaborateurs.

Mercredi, M. Brown a semble-t-il voulu laisser une trace plus sympathique. Il a d’abord annoncé une baisse de 30% à 28% du taux de taxe professionnelle à partir d’avril 2008.

Puis, tout à la fin d’un discours de 48 minutes, le ministre a fait mine de conclure, avant soudain d’ajouter: “J’ai une autre annonce à faire”.

Il a alors promis une baisse de deux points du taux de base de l’impôt sur le revenu, qui passera de 22% à 20% à partir d’avril 2008. “C’est le taux le plus bas depuis 75 ans”, a-t-il remarqué.

C’est aussi la première baisse générale de l’impôt sur le revenu depuis 2000. Parallèlement, le ministre a cependant supprimé la tranche à 10% sur les 2.230 premières livres (3.280 euros), qui seront donc elle aussi taxées à 20%.

Il n’y aura donc plus en Grande-Bretagne que deux tranches d’imposition, 20 et 40% (au-dessus de 34.600 livres cette année – 51.000 euros).

Richard Lambert, le directeur général de la CBI, le patronat, a salué la baisse de taxe professionnelle, estimant que le ministre “reconnaissait ainsi le besoin pour la Grande-Bretagne d’être compétitive par rapport aux autres économies développées”.

L’association des Contribuables a pour sa part jugé “fantastique” l’annonce de la baisse de taux.

Le patron de la confédération syndicale Brendan Barber, tout en estimant “qu’il y avait beaucoup à saluer” dans ce budget, s’est interrogé sur “l’impact des modifications fiscales pour les personnes à bas revenus” pour lesquelles la tranche à 10% est importante.

Les économistes ont souligné l’aspect politique de ce budget : “Gordon Brown veut montrer à l’électorat qu’il n’est pas un vieux travailliste qui augmente les impôts et les dépenses” a considéré Ian Kernohan, de Royal London Asset Management.

“C’est un budget fait pour gagner des voix, a renchéri Audry Childe Freeman de la banque CIBC, mais cela risque d’être de l’histoire ancienne au moment des prochaines élections générales, dans deux ans”, a-t-elle dit.

David Cameron n’a pas épargné Gordon Brown, resté goguenard sous les allusions du leader conservateur à son “stalinisme”.

“Enfin, vous nous accordez une baisse d’impôts, lui a lancé M. Cameron. En général, on fait ça à la veille des élections générales. Vous, vous êtes tellement dans le pétrin que devez le faire avant la désignation du prochain leader travailliste”.

Mercredi matin, Tony Blair avait souligné le “bon travail” de M. Brown à la tête des Finances. “A la fin, c’est là-dessus que les gens jugeront son bilan: le résultat”, a-t-il estimé.

M. Brown a pu se vanter encore mercredi d’une croissance ininterrompue depuis son arrivée au ministère des Finances en 1997. Elle devrait encore atteindre 3% cette année, 2,75% en 2008 et 2009, selon ses prévisions.

Il a assuré de surcroît être en mesure de respecter ses deux “règles d’or”, n’emprunter que pour les gros investissements sur la durée d’un cycle économique, et maintenir la dette publique en dessous de 40% du PIB.

 21/03/2007 17:43:57 – © 2007 AFP