Inflation réelle ou ressentie : le difficile calcul du panier type

 
 
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Une personne fait ses courses dans un hypermarché (Photo : Mychèle Daniau)

[26/02/2007 16:38:18] PARIS (AFP) Le décalage entre les indices de prix officiels et l’inflation ressentie par les consommateurs est répandu en Europe depuis le lancement de l’euro, même si les économistes affirment que ce calcul est ajusté au plus près de l’évolution des comportements.

“Il y a eu une vague de contestation déclenchée par le passage à la monnaie unique. Quasiment tous les pays de la zone euro ont connu des débats sur la réalité” des chiffres de l’inflation, remarque Dominique Guédès, de l’Insee.

Même le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a récemment reconnu que les citoyens “perçoivent des augmentations de prix supérieures à ce que nous croyons être la vérité”.

La polémique fait toujours rage en Italie et surtout en France, où les candidats à l’élection présidentielle se sont emparés du sujet.

En France, où la hausse des prix a officiellement atteint 1,6% en 2006, l’Insee tente de “dissiper les malentendus” en lançant un calculateur personnalisé, disponible mardi sur son site internet, emboîtant le pas à l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

Statisticiens et économistes font valoir que les indices comptabilisent non seulement les produits de consommation courante comme l’alimentation et le logement, qui ont beaucoup augmenté ces dernières années, mais aussi des dépenses plus occasionnelles comme les voyages, les télévisions ou l’électroménager, qui ont parfois nettement baissé.

En outre, les indices sont généralement réactualisés une fois par an en Europe. En Italie, les chiffres de janvier prennent ainsi pour la première fois en compte les cartes de mémoire numériques ou les couettes, mais plus les couvertures, les cassettes vidéo ou les appareils photo classiques. L’Espagne inclut désormais certaines opérations de chirurgie esthétique.

L’Insee souligne aussi que les indices officiels répondent à des critères européens, afin de comparer les pays entre eux.

Eric Heyer, de l’OFCE, remarque que si les factures augmentent, c’est aussi parce que les gens consomment plus. Par exemple, “tout le monde a maintenant son téléphone portable, même les adolescents”.

Il y a aussi un “effet euro”, remarque-t-il. “On achète plus facilement des produits à 15 euros qu’on achetait ceux à 100 francs”.

Le cabinet d’étude Bipe prônait il y a quelques mois un calcul du pouvoir d’achat fondé sur les dépenses incompressibles, comme le remboursement des crédits (non pris en compte par l’Insee), les loyers, les assurances obligatoires et les transports collectifs, mais sans intégrer l’essence ou le téléphone mobile, estimant qu’ils relèvent d’un arbitrage des ménages.

Pour l’Insee, il est plus objectif de prendre en compte ce que consomment de facto les ménages plutôt que de décider ce qui relève du nécessaire ou non: “Faut-il inclure l’alcool? En habillement, qu’est-ce qui relève du superflu? Pour les voitures, faut-il prendre en compte seulement le modèle basique?”, questionne M. Guédès.

L’Insee note qu’il publie également un “indice des ménages urbains dont le chef de famille est ouvrier ou employé”, qui reflète peut-être mieux la hausse des prix pour les foyers modestes que l’indice global.

Pour le magazine 60 millions de consommateurs, ce dernier a, entre autres, plusieurs vices: il prend en compte le logement “à seulement 6% des dépenses des ménages, alors qu’elles en représentent 20 à 25%.

Il considère comme des baisses de prix les hausses de qualité (écrans plasma, meilleure capacité de mémoire des ordinateurs…), alors que l’étiquette ne baisse pas, voire augmente. Et le coût des crédits, frais bancaires ou des jeux ne sont pas pris en compte.

 26/02/2007 16:38:18 – © 2007 AFP