Le Bélarus menace le transit vers l’Europe si la Russie lui coupe le gaz

 
 
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Une station de transmission de gaz, à 130 km de Minsk le 9 janvier 2006 (Photo : Viktor Drachev)

[27/12/2006 18:31:10] MINSK (AFP) Le Bélarus, par lequel transite environ 20% du gaz russe vers l’Europe, notamment vers l’Allemagne et la Pologne, a menacé mercredi le géant gazier russe Gazprom d’interrompre ces livraisons si Moscou lui coupait le gaz au 1er janvier faute d’accord sur une hausse du prix.

“Le 1er janvier 2007, il y aura du gaz au Bélarus”, a assuré le vice-Premier ministre bélarusse, Vladimir Semachko, devant la presse à Minsk, de retour de négociations infructueuses avec Gazprom à Moscou.

“Car nous sommes interdépendants. S’il n’y a pas de contrat pour les livraisons de gaz (au Bélarus), il (Gazprom) n’aura pas de contrat sur le transit”, a-t-il menacé, rappelant que “22% des exportations de Gazprom” vers l’Europe passaient par le Bélarus.

La Pologne et l’Allemagne seraient les principaux pays touchés par une “guerre du gaz” entre Minsk et Moscou, un an après celle avec l’Ukraine (par laquelle transitent 80% du gaz russe vers l’Europe), qui avait eu des conséquences sur l’approvisionnement des marchés européens.

Près du quart du gaz consommé par l’Union européenne provient de Russie et 5% du gaz consommé transite par le Bélarus.

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Exportations du géant gazier russe vers ses voisins

Le président de Gazprom, Alexeï Miller, a réagi en disant que le délai accordé expirait “dans quatre jours”, à 10H00 de Moscou (07H00 GMT) le 1er janvier.

Et le vice-président du groupe, Alexandre Medvedev, a prévenu les Européens que Gazprom ne pourrait pas “totalement compenser” le gaz qui leur est destiné en cas de prélèvement par le Bélarus.

A Varsovie, la diplomatie polonaise a dit craindre cette coupure, la considérant comme une “menace”.

Et de son côté, la Commission européenne, comme l’Allemagne, a insisté sur le fait qu’il n’y avait “pas de crise, du moins pas encore”.

Le ton entre Minsk et Moscou n’a cessé de monter mercredi depuis l’échec des négociations la veille sur un passage du prix de son gaz de quelque 46 à 200 dollars les 1.000 m3, et ce malgré le compromis proposé par les Russes.

Le vice-Premier ministre bélarusse s’est dit cependant certain que Gazprom ne “tomberait pas deux fois dans le même piège”.

Les analystes étaient eux cependant divisés sur la stratégie adoptée par Gazprom, un an après la crise ukrainienne.

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Le vice-président de Gazprom Alexandre Medvedev, à Moscou le 26 décembre 2006 (Photo : Natalia Kolesnikova)

“Gazprom a une si mauvaise réputation en Europe en tant que fournisseur non-fiable qu’il ne va pas couper les vannes, de peur que le Bélarus ne ponctionne le gaz destiné au transit” vers l’Europe, comme Gazprom l’avait reproché à l’Ukraine en janvier, estime Tatiana Manenok, éditorialiste du journal économique Belarus y rynok, rare publication indépendante à Minsk.

Un autre analyste indépendant, Iaroslav Romantchouk, penche quant à lui en faveur d’une coupure de gaz.

“Et la partie bélarusse réagira très durement. Cela signifiera l’enterrement de l’idée d’Union Russie-Bélarus”, dit-il.

Les analystes russes et bélarusses s’interrogent sur les raisons de cette hausse de tarifs réclamée au Bélarus, pourtant un fidèle allié de Moscou parmi les ex-républiques soviétiques, à la différence de la Géorgie ou de l’Ukraine.

La volonté russe de prendre le contrôle du réseau des gazoducs bélarusses est le motif le plus fréquemment évoqué, suivant l’opération déjà réalisée en Arménie par Gazprom et ses vaines tentatives en Géorgie.

Car “Gazprom a besoin de pouvoir garantir son transit de gaz vers l’Europe” par le Bélarus, selon M. Romantchouk.

Gazprom ne cache pas ses ambitions concernant Beltransgaz, l’entreprise publique gérant le réseau de gazoduc bélarusse, proposant une hausse de tarif amortie par l’acquisition de 50% de Beltransgaz.

 27/12/2006 18:31:10 – © 2006 AFP