La Norvège face aux risques du plein-emploi

 
 
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La plateforme de gaz naturel Aasgard-Bg à Stavanger en Norvège (Photo : Hagen OEYVIND Oeyvind )

[06/12/2006 10:07:33] OSLO (AFP) Forte d’une croissance vigoureuse, la Norvège est aujourd’hui solidement installée dans le plein-emploi, une situation confortable mais qui pourrait devenir délicate face aux risques de pénurie de main d’oeuvre.

A l’heure où les autres pays européens peinent à protéger leurs industries et leurs emplois contre la concurrence des économies émergentes, le pays scandinave embauche à tour de bras.

“Nous sommes moins exposés que les autres pays européens à la concurrence des pays asiatiques”, explique Espen Soeilen, un responsable de NHO, la principale organisation patronale.

“Au contraire, nous leur fournissons les matières premières dont elles sont très demandeuses et nous importons leurs produits finis bon marché. Pour nous, l’+effet chinois+ est positif à double titre: il se traduit par une hausse de nos exportations et par une limitation de la valeur de nos importations”, ajoute-t-il.

Grosse productrice de pétrole, de gaz naturel et de métaux, la Norvège tire pleinement parti du renchérissement de ces biens sur les marchés mondiaux.

“Les industries peu compétitives ont été démantelées dans les années 1960 et 1970 sous l’effet de la concurrence croissante des pays d’Europe du Sud et nous sommes aujourd’hui bien positionnés sur la scène mondiale”, précise M. Soeilen

Les statistiques récentes sont très flatteuses: un Produit intérieur brut (PIB) en hausse de 1,3% au troisième trimestre, un taux de chômage de 2,1% en novembre –le plus bas en 18 ans–, et une inflation contenue malgré une légère accélération, à 2,7% en octobre.

“Le tableau a pris une bonne tournure avec une croissance forte et une inflation peu élevée qui reflètent une hausse de la productivité supérieure aux attentes”, commente Jan Andreassen, un analyste de Terra Gruppen.

“Mais ce qui risque de poser problème, c’est la perspective d’une pénurie de main d’oeuvre”, ajoute-t-il.

Selon une enquête publiée le mois dernier par NHO, l’économie norvégienne accuse déjà un déficit de quelque 100.000 travailleurs, à comparer à une population active qui tourne autour de 2,3 millions de personnes.

Les entreprises membres de NHO estiment qu’elles auront besoin de 2,9% de travailleurs supplémentaires l’an prochain. Principaux secteurs concernés: le BTP, les chantiers navals mais aussi les services.

“Tout va dépendre de notre capacité à mettre les gens au travail, mais là le vivier est plutôt limité, et à accueillir des travailleurs étrangers”, estime Jan Andreassen.

Pour aider les entreprises à satisfaire leurs besoins, le gouvernement de gauche multiplie les mesures visant à inciter les personnes percevant des pensions d’invaladité à retrouver le chemin de l’entreprise, quitte à leur proposer des emplois taillés sur mesure.

L’Administration du travail et des affaires sociales (NAV), équivalent norvégien de l’ANPE, se tourne quant à elle vers l’étranger. Des campagnes d’information et des collaborations ont ainsi été lancées en Allemagne, en Pologne, dans les pays Baltes, au Portugal, en Espagne et, dans une moindre mesure, en France.

“Mais après, c’est aux employeurs d’être suffisamment généreux pour attirer et retenir ces travailleurs étrangers”, note Berit Alfsen, une responsable de la NAV.

 06/12/2006 10:07:33 – © 2006 AFP