Russie : Ioukos poussé par son administrateur vers la liquidation

 
 
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Le logo de Ioukos à Moscou (Photo : Denis Sinyakov)

[25/07/2006 14:12:21] MOSCOU (AFP) Les repreneurs potentiels des derniers actifs de Ioukos, ex-numéro un du pétrole russe, ne devraient plus avoir longtemps à attendre : l’administrateur judiciaire s’est prononcé mardi pour la liquidation du groupe qu’il qualifie d’insolvable.

Les créanciers, réunis au siège de la compagnie à Moscou, ont voté dans la foulée à plus de 90% des voix contre le plan d’assainissement financier présenté par la direction de Ioukos et pour la liquidation des actifs, selon l’agence Interfax.

Le titre du groupe a dévissé de 35% après cette annonce sur le MICEX, l’une des deux principales places boursières russes.

Edouard Rebgoun, l’administrateur chargé du redressement judiciaire du pétrolier russe, a plaidé devant les créanciers pour la mise en liquidation du groupe, la décision définitive revenant désormais au tribunal d’arbitrage de Moscou qui pourrait trancher le 1er août.

L’administrateur a estimé que les actifs de la compagnie, à 477,146 milliards de roubles (17,7 milliards de dollars), étaient inférieurs à son endettement, 491,575 milliards (18,2 milliards de dollars), et a conclu que la solvabilité du groupe ne pourrait être rétablie.

“Les chiffres de M. Rebgoun sont faux”, a observé Claire Davidson, porte-parole de Ioukos à Londres jointe par téléphone.

Présent à cette réunion avec les créanciers, Tim Osborne, le directeur financier du holding GML, principal actionnaire du groupe lié à l’ex-patron de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, a aussi protesté contre ces conclusions.

“Il est évident que Ioukos est solvable et peut faire face à ses obligations”, a relevé M. Osborne, cité par Interfax, estimant les actifs de Ioukos à 37,7 milliards de dollars et ses dettes à 18 milliards de dollars.

Les créanciers commettraient “une grosse erreur” en acceptant la recommandation de l’administrateur car la vente des actifs de Ioukos se fera à un prix artificiellement bas, a averti M. Osborne avant le vote.

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Un poster de l’ex PDG de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski à Moscou le 26 juin 2006, lors d’une manifestation pro-Kremlin à Moscou (Photo : Denis Sinyakov)

L’ex-premier producteur russe de brut a connu depuis la fin 2003 une longue descente aux enfers, considérée comme orchestrée par le Kremlin, désireux de rétablir le contrôle de l’Etat sur des actifs juteux et de neutraliser un potentiel adversaire politique.

Le groupe a subi des redressements fiscaux de plus de 27 milliards de dollars, la saisie d’actifs clés de la compagnie et la condamnation à huit ans de prison de son Pdg Mikhaïl Khodorkovski.

L’Américain Steven Theede, qui dirigeait Ioukos depuis 2003, a démissionné le 20 juillet en qualifiant de “farce” la procédure de redressement judiciaire du groupe.

“Je ne peux plus rien faire pour protéger les derniers actifs de la compagnie en Russie. Si la mise en faillite se produit, comme je l’anticipe, elle sera illégale”, a constaté M. Theede dans sa lettre de démission.

Le géant gazier russe Gazprom et le pétrolier Rosneft, tous deux contrôlés partiellement par l’Etat russe, sont déjà en embuscade pour récupérer des actifs de Ioukos.

Gazprom a proposé de racheter la participation de 20% de Ioukos dans le groupe pétrolier Gazprom Neft (ex-Sibneft) tandis que Rosneft, qui a déjà repris la principale filiale de production de Ioukos, s’est dit intéressé par des raffineries du groupe en difficulté.

La pression judiciaire ne se relâche pas non plus contre les collaborateurs du groupe.

Le parquet a requis mardi la prison à vie pour l’ex-responsable des services de sécurité de Ioukos, Alexeï Pitchouguine, jugé pour deux meurtres et déjà condamné en mars 2005 à 20 ans de prison pour meurtre à l’issue d’un procès à huis clos critiqué par les médias russes indépendants.

 25/07/2006 14:12:21 – © 2006 AFP