Le chômage au plus haut depuis six ans au Royaume-Uni

 
 
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Un travailleur en Angleterre (Photo : Nicolas Asfouri)

[12/07/2006 13:57:08] LONDRES (AFP) Le taux de chômage britannique est au plus haut depuis six ans, conséquence du déclin de l’emploi dans l’industrie mais aussi, selon les économistes, de la tendance croissante à travailler au-delà de l’âge de la retraite et de l’arrivée en masse d’immigrés d’Europe de l’Est.

Selon des chiffres publiés mercredi par l’Office des statistiques nationales, le taux de chômage, mesuré selon les normes du BIT, est ressorti à 5,4% sur les trois mois achevés en mai, soit son niveau le plus élevé depuis les 5,5% enregistrés en juin 2000. Il correspond à 1,65 million de chômeurs.

Ce pourcentage reste cependant largement en deça de la moyenne de la zone euro, à 7,9% en mai.

Le nombre de demandeurs d’emploi, calculé selon la norme britannique qui exclut les personnes non indemnisées, ressort quant à lui à 956.600 en juin, au plus haut depuis janvier 2002. Il a augmenté au cours de 15 des 16 derniers mois, du jamais vu depuis le début des années 1990, et s’approche désormais de la barre symbolique du million de chômeurs, pas dépassée depuis début 2001.

Les syndicats mettent en cause le déclin continu de l’emploi dans l’industrie manufacturière, où plus de 100.000 postes ont été supprimés depuis un an, avec une grosse saignée dans l’automobile où des usines ferment ou ont fermé chez Jaguar, Rover, General Motors et PSA.

Mais des économistes, relevant que le taux d’emploi du pays reste parmi les plus élevés au monde avec 71,6% sur la période octobre-décembre 2005, contre 62,8% en France par exemple, font une autre analyse.

Pour John Butler, de la banque HSBC, la hausse du chômage vient avant tout du fait que “la main d’oeuvre disponible croît plus vite que l’offre de travail”. L’afflux de nouveaux candidats au marché de l’emploi ayant plusieurs sources: “le recul du nombre de personnes déclarées en congé maladie de longue durée, une hausse du taux d’activité des personnes en âge de prendre leur retraite et l’arrivée continue d’immigrants”.

Le gouvernement britannique s’était engagé en 2005 à inciter une partie des 2,5 millions de personnes officiellement déclarées inaptes au travail à reprendre un emploi, pour mettre fin à certains abus et payer moins d’indemnités sociales. Plus de 100.000 ont suivi ce chemin en un an, selon une étude du Chartered Institute of Personnel and Development publiée en juin.

Dans le même temps, le nombre de personnes actives bien qu’en âge de partir à la retraite a augmenté de 95.000, selon la même source, conséquence de l’allongement de la durée de la vie et de la faillite des fonds de pensions.

S’ajoute un flux migratoire continu en provenance des pays d’Europe de l’Est ayant rejoint l’UE au 1er mai 2004, au premier chef la Pologne. Les dernières statistiques officielles chiffrent les arrivées à 375.000 depuis lors, mais un sondage réalisé pour la BBC la semaine dernière les a éévaluées à 500.000.

Michael Saunders, de la banque Citigroup, estime que cette tendance pourrait s’accélérer alors que “les arguments incitant les Européens de l’Est à venir travailler au Royaume-Uni restent nombreux”, comme les écarts de salaires et l’essor d’agences d’intérim spécialisées dans leur placement.

 12/07/2006 13:57:08 – © 2006 AFP