Amine Aloulou, président ATUGE France (II) : Les opportunités du «Pappy boom» en France

 

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Par
Moncef
MAHROUG

 


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entreprises tunisiennes qui veulent s’implanter dans l’Hexagone peuvent y
créer leur propre antenne ou, encore mieux, profiter du «Pappy boom» pour
racheter une entreprise déjà opérationnelle.

Vouloir s’implanter à l’étranger procède «d’un état d’esprit, d’une
ambition, d’une volonté de conquête», souligne Amine Aloulou. Toutefois,
toutes les entreprises n’ont pas forcément besoin d’avoir une présence
permanente dans un pays étranger, observe le représentant d’Oxia en France.
Si «sa croissance projetée ne nécessite pas de disposer d’une représentation
à l’étranger, une entreprise peut fonctionner avec une équipe de
commerciaux» qui vont opérer sur le marché-cible chaque fois que cela est
nécessaire. D’autant que l’ouverture d’une antenne nécessite «un
investissement -même un bureau commercial est un engagement important-, et
il faut alors qu’il y ait retour sur investissement», souligne Amine Aloulou.

Pour s’implanter à l’étranger, les entreprises tunisiennes peuvent bien sûr
créer leurs propres structures (bureau de représentation, filiale, etc.)
dans un pays donné. Mais elles peuvent parfois avoir la possibilité de
racheter des entreprises locales opérationnelles. De telles opportunités
s’offrent actuellement en France, à la faveur de ce qu’il est convenu
d’appeler le «Pappy boom», c’est-à-dire le départ à la retraite au cours des
prochaines années de milliers de patrons de petites et moyennes entreprises
ayant monté leurs affaires dans les années cinquante et soixante. «Nos
concurrents Indiens sont en train d’acheter des sociétés en France, parce
que c’est le meilleur moyen de se rapprocher de ses clients finaux et de
monter dans la chaîne de valeurs», constate le représentant d’Oxia en
France.

Outre qu’elle doit être mûrement réfléchie, l’implantation à l’étranger
nécessite la mise en place de moyens relevant à la fois de l’entreprise et
des pouvoirs publics.

Les moyens c’est, d’abord, les hommes. On peut recruter dans le pays-cible
ou envoyer des expatriés. Mais le fait d’opter pour une solution ou pour
l’autre «n’est pas un détail», insiste le président de l’ATUGE France.

A propos des expatriés, Amine Aloulou se demande «s’il existe un cadre légal
en Tunisie pour l’expatriation» de Tunisiens pour le compte d’entreprises
tunisiennes. En France, les entreprises tunisiennes ont la chance de pouvoir
disposer de centaines de cadres tunisiens formés et résidants actuellement
dans ce pays et qui peuvent être des «relais efficaces pour réaliser des
affaires et mettre en place des implantations», affirme Amine Aloulou. Ces
cadres «connaissent bien le contexte, sont imprégnés de la culture du pays,
sont comme un poisson dans l’eau en France, et peuvent faire gagner beaucoup
sur un projet de développement» dans l’Hexagone.

En bon connaisseur de la France, Amine Aloulou y trouve «des modèles qui
peuvent être utiles» s’ils sont transposés en Tunisie. C’est le cas,
notamment, du programme de service national à l’étranger, un mécanisme qui
permet à des jeunes diplômés de travailler pour une entreprise française à
l’étranger au lieu d’effectuer le service militaire. Une expérience dans
laquelle «tout le monde est gagnant», estime le président de l’ATUGE France.
Les jeunes, d’abord, qui «y gagnent une expérience professionnelle
internationale» et les entreprises qui «disposent de jeunes de très haut
niveau pour presque rien», le programme étant pris en charge par les
pouvoirs publics.