La «galaxie» Batam en cours de démantèlement

Par : Autres

La «galaxie» Batam en cours de démantèlement

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Par 
Moncef
MAHROUG

 

batam29082005.jpgDans
leur recherche effrénée du gigantisme, les
fondateurs et anciens propriétaires de Batam ont
poussé la logique de la filialisation à son extrême. 
Les frères Ben Ayed ont, effectivement, bâti un groupe
d’une trentaine d’entreprises en un temps record. En
effet, les fondateurs, qui ont créé
Héla d’Electroménager et de Confort Batam en août
1988, n’ont mis que treize ans pour mettre sur pied, à
partir de la petite entreprise familiale de
distribution de produits électroménagers un grand
groupe qui, avant la crise de l’été 2002 -qui allait
lui être fatale- employait plusieurs centaines de personnes et réalisait
un chiffre d’affaires annuel de près de 200 millions
de dinars. 

 

Mais lorsqu’il a pris possession des lieux, en octobre
2002, en tant que que mandataire de justice
chargé de «gérer et préserver les intérêts des
sociétés concernées et ceux des créanciers », M. Ali Debaya n’a pas tardé à s’apercevoir que certaines
entreprises du groupe étaient de «véritables coquilles
vides ».
Celles-ci ont pour la plupart été déjà mise en
faillite (Relax Palace, Media Sale, Centre de Vente en
Gros, Centrale de Distribution) liquidées (Easy Tour,
Batama, Servant Soft, Agriland).
Les entreprises les plus intéressantes du groupe une
dizaine – ont subi un traitement différent et font
l’objet d’intenses efforts de sauvetage menés depuis
trois ans.

 

Dans ce deuxième lot, deux entreprises (la Générale de
Distribution et Batam Services) ont déjà été absorbées
par la société Héla Batam. Quatre autres -Batam
Immobilière, Evolution Conseil (bureau d’études),
Galeries des Marques et Intimité ont été cédées à un
tiers -et pour ces trois dernières entreprises, les
repreneurs ne sont autres que leurs propres employés.
Media Store devait tomber dans l’escarcelle d’un pool
constitué de Batam et des groupes Atef Ben Slimen et
Hachicha. Mais ce trio n’ayant pas libéré le capital,
la société a été placé en règlement judiciaire -tout
comme Kinderland.
Smak (vente en détail de livres, papeterie,
bureautique, fourniture scolaires, articles de
musique, articles de peinture et cadeaux) est proposé
à la vente. Mais les trois appels d’offres lancés  sont restés
à ce jour
sans réponse.

 

Reste les deux plus importantes entreprises du groupe
-Batam et Bonprix- et dont les situations sont aux
antipodes l’une de l’autre.
Reprise par des professionnels de la grande
distribution -en l’occurrence les frères Zouari,
vivant en France où ils sont franchisés de Franprix-,
avec les principaux créanciers du groupe, Bonprix
serait déjà en convalescence. En tout cas beaucoup
mieux loti que Héla Batam -contrôlée quant à elles par
les créanciers (banques et fournisseurs), elle reste la société
la plus endettée du groupe et dont l’avenir est plus
incertain que jamais.

 

Donc, même s’il existe encore -dans une certaines
mesure- d’un point de vue juridique et sur le papier, le
groupe Batam n’est plus ce qu’il était avant la crise et ne le sera probablement plus.

 

Batam avant le cyclone

Créée en 1988, Héla Batam, la société-mère, a
rapidement fait des petits : Intermétal (production
d’acier et de fer), Société générale de distribution
(distribution de meubles) et Batama (création,
fabrication et distribution de meubles et ameublement)
ont vu le jour en 1990-1991.

 

Trois autres sociétés -les Grands magasins spécialisés
(GMS, distribution de jouets et textiles), Société
général métal (distribution chauffage et
climatisation, quincaillerie et sanitaire) et Batam
Services (services en ingénierie informatique)- sont
créées au cours de l’année suivante au cours de
laquelle Batam rachète l’espace Relax Palace (espaces
de loisir, restauration et café).

 

La fièvre entrepreunariale s’empare de nouveau des
frères ben Ayed en 1996 (Media Store -distribution de
produits informatiques, multimédia et accessoires-,
Société Intimité de Lingerie Fine, et La Centrale de
Vente en Gros). Idem en 1997 (Société Galerie des
Marques -distribution de chaussures, maroquinerie et
accessoires-, Easy Tour -, et Servant-Soft Tunisie
-conception, édition et distribution de progiciels de
gestion). En 1998, le rythme se ralentit, mais le
groupe entre dans le secteur de la grande distribution
«généraliste» avec Bonprix, une chaîne de supermarchés
qui en comptera 34.

 

Trois ans plus tard, l’année 1999 voit Batam, en même
temps, entrer en bourse, et étend l’éventail de ses
activités à l’habillement haut de gamme (Galerie des
Marques), à la distribution de chaussures,
maroquinerie et accessoires (Sens Inverse), à celle
des appareils, accessoires et consommables photo et
vidéo (Choof), et des biens culturels, bureautiques et
multimédia (Smak).

 

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