La mise en œuvre de l’orientation vers la réutilisation des eaux usées traitées, vu que les ressources conventionnelles sont de plus en plus rares, est une des recommandations pour contrecarrer de nombreux  risques environnementaux et techniques, dont fait face le secteur irrigué en Tunisie, a fait ressortir le  rapport national sur l’eau pour l’année 2024, dans sa 11ème édition.

Élaboré par le ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, le rapport explique que la réutilisation des eaux usées traitées en irrigation reste très faible en comparaison avec les disponibilités quantitatives, soit 11,3Mm3 sur un potentiel de 295, et ce  en raison de la qualité non conforme essentiellement.

En Tunisie, en dépit d’une superficie réduite des périmètres irrigués qui ne dépasse guère 8% de la superficie agricole utile du pays, le secteur irrigué revêt un caractère stratégique eu égard à son impact sur la sécurité alimentaire et sa place sur le plan économique et social.

Cependant  le secteur irrigué rencontre des limites en termes d’intensification, en plus  la valorisation de l’agriculture irriguée reste globalement assez faible eu égard aux efforts engagés.

Ainsi, pour limiter les défis ainsi que les risques environnementaux et techniques, le rapport recommande, entre autres,  la formation des agriculteurs pour la maîtrise de la gestion de l’irrigation à la parcelle, car la méconnaissance des besoins en eau des cultures conduit à des comportements de sur irrigation, à un problème de variation de pression, à une installation non conforme du matériel d’irrigation, et à la méconnaissance des règles pour la fertilisation.

Il appelle, également, à l’octroi des incitations aux Groupement de Développement Agricole (GDA) pour améliorer leur gouvernance, notamment avec des difficultés de recouvrement des frais d’exploitation et une croissance de l’endettement.

Le rapport a mis l’accent sur l’importance d’assurer  la protection des sols contre les autres effets de dégradation, notamment l’urbanisation anarchique par l’application rigoureuse de la législation en vigueur.

Sur ce point, le rapport souligne que le développement de zones industrielles, gagne généralement sur les terres agricoles et s’effectue dans certains cas aux dépens des terres irrigables, malgré la réglementation en vigueur sur la protection de ces terres.

Il s’agit, également, de sensibiliser les agriculteurs quant aux risques de pollution suite à l’utilisation abusive ou inadéquate des engrais minéraux et des produits de traitement phytosanitaire,  car la pollution chimique menace à long terme les périmètres avec des risques de pollution.

Le rapport met en exergue l’importance de prendre en considération la composante assainissement et drainage et protection des sols contre la dégradation due à la salinisation, car en Tunisie, les ressources en eau conventionnelles sont naturellement caractérisées à des degrés divers par la salinité.

Ceci  affecte le niveau de rendement des cultures et risque de dégrader dans le long terme et d’une manière parfois irréversible la structure et la fertilité des sols irrigués.

S’agissant des infrastructures hydrauliques, le rapport a relevé qu’une partie de ces infrastructures sont devenues obsolètes, du fait de leur ancienneté et du manque d’entretien entraînant une faible efficience. D’où la nécessité de poursuivre les projets de modernisation des Périmètres Publics Irrigués (PPI) pour améliorer la qualité de service, l’efficience des réseaux, le revenu des exploitants agricoles.

Le rapport a rappelé que l’année 2024 se révèle être un tournant décisif pour la gestion des ressources en eau en Tunisie, marquée par des températures records et une sécheresse persistante.

La Tunisie vit ainsi sa cinquième année consécutive de sécheresse, avec des déficits pluviométriques variant de 7 % à 45 % dans la majorité des régions, à l’exception de quelques zones qui ont connu des surplus.

En 2024, la  température moyenne annuelle a atteint  21,5 degrés, soit 1,6 degré, au-dessus des normales, et des précipitations largement inférieures aux taux de référence, la situation hydrique du pays est préoccupante.