Une feuille de route pour renforcer davantage l’organisation Panafricaine des Agriculteurs (PAFO), va couronner les travaux de la 6ème édition de l’Assemblée générale ordinaire de la PAFO qui se tient du 27 au 28 octobre, pour la première fois en Tunisie, a indiqué, vendredi, le président du PAFO, Kolyang Palebele.

Intervenant à l’ouverture des travaux de l’AGO, il a précisé que “cette feuille de route qui sera conçue par les producteurs eux même avec la participation des partenaires techniques et financiers, identifiera le plan d’action de la PAFO pour les deux ans à venir (2024-2025), dans l’objectif de favoriser la prospérité de l’agriculteur et l’agricultrice africaine et garantir la sécurité alimentaire en Afrique”.

De même, une plateforme sera lancée, à la fin des travaux de l’AGO, pour permettre d’instaurer un débat sur les préoccupations communes du secteur agricole, notamment le développement de la réflexion sur les politiques agricoles, la communication entre les membres de la PAFO, le renforcement des capacités, l’identification des financements et l’élaboration de plans d’action concrets pour faire face aux défis qui se présentent à l’agriculture africaine.

Selon Palebele, ces défis sont énormes, à savoir principalement, les changements climatiques, le financement, la sécurité dans la mesure où dans certains pays africains, l’agriculteur se trouve dans l’incapacité d’exercer son activité dans un contexte d’insécurité, ainsi que la désaffection des jeunes pour cette activité et le problème de l’accès de la femme agricultrice à la propriété foncière.

De son côté, le ministre de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Abdelmonem Belati a salué le lancement de cette plateforme africaine d’échange des connaissances et des meilleures pratiques, lequel permet de surmonter les problèmes entravant le développement de l’agriculture africaine.

“Cette plateforme montre l’orientation des pays africains vers l’identification de solutions sérieuses pour promouvoir le secteur agricole, d’autant plus que la plateforme permet de contribuer au développement des projets et de faciliter le dialogue et à la coopération avec les différentes entreprises régionales et internationales”.

Le ministre a appelé à favoriser la création de projets d’investissement dans les pays africains qui disposent de conditions climatiques favorables à la culture des céréales et d’autres produits agricoles, afin de pouvoir atteindre la sécurité alimentaire sur le plan africain.

“Cette rencontre va contribuer à la mise en place de scénarios futurs permettant de renforcer la coopération et la coordination entre les professionnels du secteur agricole. Il est important, à ce niveau, de mettre en place des cadres objectifs pour assurer le suivi de l’exécution des recommandations”.

Le ministre a appelé à identifier les moyens de faire face au défi des changements climatiques afin de pouvoir garantir la sécurité alimentaire, faisant savoir que la Tunisie connaît depuis près de 8 ans, une situation de sécheresse et une augmentation des températures ayant engendré une baisse énorme des quantités d’eau et le déclenchement de plusieurs incendies dans les forêts. Suite à cette situation désastreuse, la récolte de blé cette année n’est que de 0,3 million de tonnes contre une récolte oscillant entre 1,2 et 1,5 million de tonnes auparavant.

Pour sa part, le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Noureddine Ben Ayed qui est aussi, un membre permanent de l’Union Maghrébine et Nord-Africaine des Agriculteurs (UMNAGRI), a estimé que la Tunisie est appelée à procéder au forage de puits profonds et développer la technologie de la culture hors sol qui permet un gain de 80% de la consommation d’eau, pour faire face à la situation de stress hydrique.

Il s’agit également, “de s’orienter, pour ce qui est des grandes cultures, vers des variétés de semences adaptées à la situation de stress hydrique”.

L’Assemblée Générale Ordinaire, organe suprême de la PAFO qui donne les orientations générales en conformité avec la vision de l’organisation, est biennale. Elle statue sur les dossiers clés de l’organisation et procède au renouvellement des organes de gouvernance.

Les recommandations de l’AGO vont concerner trois thématiques transversales liées au rôle de la femme dans le milieu rural, au changement climatique, et à l’agroécologie.

La PAFO est composée de 5 réseaux régionaux d’organisations paysannes, d’Afrique de l’Est, d’Afrique centrale, d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique australe et d’Afrique du Nord. Elle est le porte-voix de plus de 80 millions de paysans africains, intégrés dans près de 73 organisations nationales, unions, fédérations, coopératives et associations présentes dans plus de 48 pays dans le continent.

Elle est chargée de coordonner aussi bien avec ses réseaux membres qu’avec les organismes continentaux et internationaux.