Fitch Ratings a abaissé la note de défaut des émetteurs en devises étrangères (IDR) à long terme de la Tunisie à “B-” au lieu de “B” avec perspective négative.

Le déclassement à « B- » et les perspectives négatives reflètent des risques accrus de liquidité budgétaire et externe dans le contexte de nouveaux retards dans l’accord sur un nouveau programme avec le FMI, qui est nécessaire pour accéder à l’appui budgétaire de la plupart des créanciers officiels.

Le paysage politique fragmenté et l’opposition sociale enracinée limitent la capacité du gouvernement à adopter de solides mesures d’assainissement budgétaire, ce qui complique les efforts pour sécuriser le programme du FMI.

En l’absence de réformes solides, les créanciers publics pourraient considérer qu’une restructuration de la dette est nécessaire avant de pouvoir accorder un soutien supplémentaire. Le gouvernement a fermement affirmé qu’il n’envisageait pas une restructuration de la dette et la Tunisie ne s’est jamais engagée dans un traitement du Club de Paris.

Selon Fitch :

  • Les revenus de l’Etat devraient augmenter en 2021 mais cela sera largement compensé par des dépenses plus élevées pour lutter contre la pandémie, une augmentation des subventions, une charge d’intérêt croissante et des augmentations de la masse salariale suite à un accord avec les syndicats en 2019.
  • En mai 2021, les syndicats ont rejeté un plan gouvernemental visant à réduire la masse salariale principalement par le biais d’attrition et de départs volontaires.
  • Les besoins de financement provenant des déficits budgétaires importants et de l’amortissement de la dette sont élevés par rapport aux sources identifiées. Les maturités de la dette publique se situeront entre 7,3% et 9,2% du PIB sur 2021-2023, dont entre 3,2% et 5,1% d’amortissements extérieurs.
  • Un accord avec le FMI succédant au programme qui a expiré en 2020 reste essentiel pour le financement extérieur de la Tunisie.
  • En février, le FMI a estimé que la dette de la Tunisie “deviendrait insoutenable à moins qu’un programme de réforme solide et crédible ne soit adopté avec un large soutien”. Dans un scénario de non-réforme, la Tunisie pourrait finalement être considérée comme nécessitant un traitement du Club de Paris avant d’être éligible à un financement supplémentaire du FMI, avec des implications pour les créanciers du secteur privé.
  • Les autorités s’appuient de plus en plus sur le financement intérieur alors que la Tunisie peine à renouveler ses échéances extérieures. La Tunisie a compensé un financement extérieur net proche de zéro en 2020 en levant un montant net record de 7,3 % du PIB auprès de sources nationales. Cela se compare à un encours total de la dette intérieure de 21 % du PIB à la fin de 2019, dont la moitié était détenue par le secteur bancaire. La Tunisie a recouru pour la première fois l’année dernière au financement monétaire direct de la banque centrale, malgré les objections de la banque centrale, mettant en évidence des tensions de financement.
  • L’accès prévu aux marchés internationaux (2,2% du PIB en 2021) serait compliqué par l’absence d’un programme du FMI. Deux obligations garanties par le gouvernement américain de 500 millions de dollars chacune arriveront à échéance fin juillet et début août 2021. Une nouvelle garantie américaine pour les émissions internationales est en cours de discussion, mais à notre avis, il est peu probable qu’elle se matérialise avant le 4e trimestre 2021 et pourrait être liée au succès des négociations avec le FMI. Des financements bilatéraux sont intervenus au premier semestre, mais les montants restent modestes, avec 1,2 % du PIB déboursé par les contreparties européennes. Les autorités ont également levé 1,2 % du PIB en devises grâce à des prêts syndiqués auprès de banques locales.

(Extraits – Source: Fitch Ratings – Hong Kong – 08 juillet 2021)