Le Tunisien Amine Al Ghozzi, auteur du roman en arabe “Zindali, La Nuit du 14 janvier 2011” (Zeineb éditions), est le lauréat du Prix de l’Union européenne pour la littérature (EUPL) 2021.

Cet opus est le premier roman en langue arabe à avoir participé à ce prestigieux concours qui récompense les écrivains de fiction émergents de l’Union Européenne et d’ailleurs. La littérature tunisienne est également représentée pour la première fois.

Le palmarès de cette édition 2021 a été dévoilé, mardi, au cours d’une cérémonie en ligne. Treize lauréats des divers pays participants ont été récompensés.

Pour cette édition 2021, le jury tunisien est présidé par Raja Ben Slama (universitaire et directrice générale de la Bibliothèque nationale de Tunisie, BNT), avec trois autres membres, Kamel Gaha et Jalel El-Gharbi (universitaires) et Adam Fethi (poète).

Le jury félicite l’auteur pour ce roman qui décrit “avec tant d’humanisme et de poésie plusieurs scènes ayant eu lieu dans les rues de Sousse, la veille du 14 janvier 2011”.

Dix-sept personnages sont au cœur de cet opus. Un roman sans héros, ce qui est à l’image d’une révolution sans leader, a encore déclaré la présidente du jury, Raja Ben Slama, dans une séquence vidéo publiée sur le réseau social de la BNT.

“L’ouvrage documente des faits marquants de la révolution tunisienne et des semaines de manifestations ayant abouti à la chute de la dictature sous Ben Ali.”
Entre réalité et fiction, l’auteur revient sur cette nuit qui a connu la constitution des comités de quartiers dans une Tunisie mitigée et une situation d’insécurité générale.

Son style valse entre humour et audace à travers une grammaire littéraire unique où il opte pour une fusion entre l’arabe littéraire et le dialectal tunisien. Il rentre au coeur des bouleversements de l’époque et de citoyens gagnés par des sentiments assez contradictoires entre la joie et la peur, par crainte de ce qui pourra se passer.

La présidente du jury a présenté un roman qui creuse dans les méandres de l’âme humaine toujours partagée entre sa soif pour la liberté et sa crainte de se détacher des chaînes de son oppresseur. Il fouille dans la crise existentielle de toute une population.

Amine Al Ghozzi est professeur d’histoire et de géographie installé en France. Ce jeune auteur avait écrit les paroles de la célèbre chanson “Kelmti Horra”, interprétée par Emel Mathlouthi.

Deux autres auteurs tunisiens, ont été en lice pour ce prix avec des romans en français, à savoir ” L’Emirat ” de Béchir Garbouj (Editions Demeter) et ” Sept morts audacieux et un poète assis ” de Saber Mansouri (Editions Elyzad).

Les romans tunisiens de la short-list figuraient parmi 50 livres de 14 pays sélectionnés (Albanie, Arménie, Bulgarie, République Tchèque, Islande, Latvia, Malte, Moldova, Les Pays-Bas, Portugal, Serbie, Slovénie, Suède).

L’EUPL (European Union Prize for Literature) est un concours annuel financé par le programme Europe créative de la Commission européenne. Selon le règlement, un seul roman par pays participant est lauréat.

Chaque année, un tiers des jurys nationaux désigne les auteurs gagnants, ce qui permet à tous les pays et à toutes les zones linguistiques d’être représentés par cycle de trois ans.

Ce concours annuel existe depuis plus de dix ans. Il s’adresse aux pays participant au programme Europe créative qui est ouvert à tous les Etats membres de l’UE. La Tunisie est parmi les pays non-membres de l’UE qui participent au programme Europe créative.

L’EUPL est un consortium composé de la Fédération européenne et internationale des libraires (EIBF), de la Fédération des associations européennes des écrivains (FAEE/EWC) et de la Fédération des éditeurs européens (FEE). Il vise à promouvoir la mobilité transfrontalière de ceux qui travaillent dans le secteur culturel, encourager la circulation transnationale de la production culturelle et artistique, et nourrir le dialogue interculturel.