Les solutions à apporter aux obstacles qui entravent le développement des énergies renouvelables (EnRs) en Tunisie ont été évoquées et discutées, récemment à Tozeur, par l’Economic Policy Dialogue (EPD). Il s’agit d’un séminaire organisé mensuellement à l’initiative des représentations du PNUD et de la Banque mondiale en Tunisie, aux fins de débattre avec des experts nationaux et internationaux des secteurs économiques en difficulté et de proposer des pistes de solutions.

Cette 5ème édition s’est tenue sur le thème : « Déficit énergétiques et énergies renouvelables». En voici une synthèse des recommandations publiées dans l’Economiste Maghrébin, partenaire de l’EPD avec Radio Express FM.

Abou SARRA

La première piste à exploiter consisterait pour la Tunisie qui «a un retard sur les pionniers de la région MENA comme le Maroc ou l’Egypte», de lancer un message fort aux investisseurs en finalisant dans les meilleurs délais (avant la fin de cette année) les contrats de concession de plus de 500 mégawatts et les contrats d’achat de l’électricité produite à partir des EnRs par des privés.

S’agissant du régime d’autoproduction prévue par la loi du 11 mai 2015, les intervenants ont suggéré la finalisation des textes d’application relatifs à la Loi transversale d’investissement de 2019, particulièrement en ce qui concerne le tarif de transport d’électricité pour la haute tension. Ils suggèrent, également, la révision du système de comptage et de facturation de l’excédent d’électricité à vendre à la STEG dans la limite des 30% prévus par la réglementation.

La 5ème édition de l’EPD plaide, au sujet de la tarification du transport d’électricité à travers le réseau de la STEG, pour un compromis. L’objectif est d’opter pour « des tarifs raisonnables qui assureraient la rentabilité des projets sans pour autant faire supporter des surcoûts à la STEG.

Dans cette perspective, l’EPD recommande d’assister la STEG dans la détermination des différents coûts de services qu’elle assurerait aux tiers, entre autres les coûts de transport d’électricité produite par les privés.

Plaidoyer pour la création d’une autorité de régulation indépendante

Au niveau institutionnel et logistique, le séminaire a proposé la création de deux structures.

La première consiste, c’est le cas dans la majorité des pays, d’une autorité de régulation indépendante, notamment dans cette phase d’implication du secteur privé dans le développement des énergies renouvelables.

Cette autorité aura pour mission de réglementer les prix et les tarifs conformément à la loi, d’assurer la gestion de l’accès au réseau pour les EnRs, le règlement des litiges et l’arbitrage, ainsi que la gestion de tout le processus des appels d’offres pour les Projets de production d’énergie indépendante (IPP) conventionnels et renouvelables sous les trois régimes: concession, autorisation et autoproduction.

La deuxième a trait à la création d’un comité technique autour du problème foncier dans la mesure où les problèmes fonciers représentent un obstacle majeur au développement des énergies renouvelables. Les problèmes relatifs à la gestion de certains terrains entravent le développement du photovoltaïque et de l’éolien. L’EPD recommande de trouver une solution avec les ministères de l’Agriculture et de la Défense nationale.

Ce comité aura pour mission de faire des propositions concrètes au conseil des ministres. Une telle démarche permettrait de faciliter l’accès au foncier par les investisseurs des EnRs en allégeant les procédures notamment en ce qui concerne les terrains publics.

Il est recommandé de prévoir une mégazone urbaine pour héberger des projets publics ou privés. Ce regroupement d’acteurs permettrait de développer des synergies favorisant la recherche et le développement technologique de leur offre.

Des solutions aux talons d’Achille des EnRs

L’EPD propose également plusieurs solutions à deux épineux problèmes rencontrés par les développeurs des EnRs, en l’occurrence le stockage et l’intermittence. Trois d’entre elles méritent qu’on s’y attarde.

Il y a les stations de transfert d’énergies (STEP) pour lesquelles une étude projet à Oued El Maleh d’une capacité de 400 à 500 MW est en cours de réalisation.

L’interconnexion électrique avec l’Europe constitue également une solution pour une meilleure intégration des EnRs. A ce titre, le projet d’interconnexion avec l’Italie en cours d’étude avec le concours de la Banque mondiale permettrait un maillage avec l’Europe et bénéficier des tarifs spot d’achat de l’électricité en Europe, ce qui peut être favorable financièrement.

Vient ensuite le solaire à concentration (CSP) considéré comme une énergie pilotable grâce à son stockage thermique qui assurerait plus de flexibilité au réseau pour absorber plus d’énergies renouvelables.

Au final, nous pensons que la conférence de l’EPD, le 24 septembre 2020 à Tozeur, a apporté des réponses appropriées aux problèmes qui se posent aux potentiels investisseurs-développeurs d’EnRs en Tunisie. Espérons qu’elles seront entendues.

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