La présidente de la Chambre nationale des jardins d’enfant et des crèches, Nabiha Kamoun, a évoqué lors d’une séance d’audition tenue, lundi à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), par la commission des femmes, de la famille, de l’enfance, de la jeunesse et des séniors, les préoccupations des professionnels du secteur et les problèmes et difficultés financières auxquels font face les propriétaires d’institutions privées de garde des enfants, à cause de la pandémie du Coronavirus.

Kamoun a indiqué lors de cette séance que : “Le secteur privé de l’enfance en Tunisie est un secteur fragile et ne bénéficie pas du soutien financier de l’Etat”, notant que les difficultés financières rencontrées actuellement par les institutions privées de prise en charge des enfants, sont le résultat d’accumulations qui ne cessent d’affecter le secteur depuis 2001, date de l’approbation du cycle préscolaire dans les écoles primaires publiques, “causant ainsi, la réduction du nombre des enfants inscrits dans les jardins d’enfants et les crèches, selon elle.”

Elle a indiqué que la décision d’annexer le préscolaire au cycle de l’enseignement primaire, n’a pas tenu compte des intérêts des jardins d’enfants privés dont les enfants qui y sont inscrits au cycle préscolaire, représente 33% de l’effectif total.

Kamoun a dans ce sens reconnu l’incapacité des jardins d’enfants et des crèches à s’accommoder des charges financières des salaires des éducateurs, des travailleurs et des frais du loyer, à cause du Coronavirus, soulignant l’impact négatif de la période de confinement sanitaire qui a duré deux mois, sur le rendement financier de ces établissements dont les activités ont été suspendues durant cette période.

“La pandémie a empêché les jardins d’enfants et les crèches de verser les salaires des travailleurs percevant un salaire en deça du smig, et par conséquent , de les titulariser et de les faire bénéficier de la couverture sociale”, a indiqué Kamoun.

Elle a dans ce sens estimé que la persistance de cette situation mènerait à la faillite de plusieurs jardins d’enfants et crèches, soulignant que malgré la reprise des activités à mi-capacité depuis le 26 mai dernier dans le cadre du confinement sanitaire ciblé, une grande proportion des parents, se sont abstenus d’amener leurs enfants à ces institutions, par peur de la contagion.

Kamoun a encore évoqué la question des espaces anarchiques de garde d’enfants, informant que 42% des enfants sont encadrés dans des institutions légales pour l’enfance, tandis que 58% des enfants demeurent sans encadrement, ce qui implique que leurs parents recourent aux services des jardins d’enfants anarchiques, ou font appel à certaines baby-sitters contre une modique somme d’argent, dans le cadre d’une activité illégale.

Certains députés ont lors de cette séance d’audition, critiqué la décision de reprendre les activités des jardins d’enfants et des crèches avec une capacité de 50% durant la période de confinement ciblé, appelant à réexaminer cette décision, à hisser le budget alloué à l’enfance au ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors, et à lutter contre les jardins d’enfants anarchiques.

A noter que le secteur privé de la garde des enfants en Tunisie compte 4 500 jardins d’enfants, 390 crèches et 2 000 garderies scolaires et fournit des services à environ 190 000 enfants, selon Kamoun.