Des dépassements et des pratiques, considérés comme du favoritisme et de conflits d’intérêts, ont été enregistrés au sein du ministère de l’Equipement, de l’Habitat et d’Aménagement du territoire, lors de l’octroi des permis d’installation des panneaux publicitaires, et des marchés des travaux publics. C’est ce que révèle le 24ème rapport du Haut comité de contrôle administratif et financier (HCCAF), au titre des années 2016 et 2017.

Le rapport fait état de conflits d’intérêts lors de l’octroi des permis d’installation des spots publicitaires à la direction régionale de l’Equipement à Tunis.

En effet, des autorisations d’installation de ces panneaux sur la route locale n°456 auraient été accordées à une société créée en 2015 et détenue par la fille d’un chef de sous-direction au ministère de l’Equipement.

Le rapport du HCCAF établit une relation de parenté entre le chef du service de la direction régionale de l’Equipement de Tunis et le gérant d’une Société de promotions immobilière, qui a obtenu plusieurs marchés de manière “suspecte”, en raison d’une situation de conflits d’intérêts au niveau du chef de service chargé de la gestion de ces marchés.

La société de promotion immobilière concernée est détenue par un proche d’un fonctionnaire au sein du service de la maintenance des chaussées à la Direction régionale de l’équipement de Tunis. Cette société opère sous différentes enseignes dans le domaine de maintenance des chaussées, selon les conclusions auxquelles à abouti le HCCAF après avoir mené des travaux de recherches et d’investigations.

En 2015, les transactions de la société de promotion immobilière ont atteint près de 307.000 dinars et plus de 315.000 dinars en 2016. Elles sont passées d’une simple opération de location des équipements, pour une valeur de 24.000 dinars en 2014, à un marché des travaux de maintenance globale d’une valeur de 116.000 dinars en 2016.

Les marchés des travaux de maintenance ont été accordés à travers des avis de consultations limitées à 3 ou 4 sociétés de promotion immobilière seulement, en dépit de l’importance des enveloppes mises en jeu.

Le rapport indique aussi que le chef de service concerné a présidé la commission de l’ouverture des plis et a été également membre des commissions de préparations des consultations techniques.

La même personne a également présidé, en 2015, une commission de consultation technique et de l’évaluation financière préliminaire, servant de référence lors des opérations de tri et d’évaluation des offres.

Et ce n’est pas, car toujours selon le même rapport, es offres de la société appartenant à son proche sont toujours au-dessous des évaluations de l’administration, ce qui lui a permis de remporter tous le marchés.

Par ailleurs, le rapport montre que le même agent cumule entre deux tâches. Il a à cet effet signé le procès-verbal de réception des travaux et de leur conformité au cahier de charges, ce qui constitue un danger pour les intérêts de l’administration.

Ce dépassement relève d’un soupçon de crime, pour tout fonctionnaire public, qui use de sa qualité et, de ce fait, pour se procurer à lui-même ou procurer à un tiers un avantage injustifié, tel que stipulé par l’article 96 du code pénal.

Le HCCAF appelle à mettre en œuvre la recommandation de l’inspection générale au ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, de traduire cette personne devant le conseil de discipline eu égard aux erreurs commises, et de transmettre son dossier à la Direction générale des affaires foncières et juridiques aux fins d’examiner les dépassements et de le traduire en justice.