Les énergies renouvelables (ER) et l’augmentation de l’efficacité énergétique peuvent générer entre 7.000 et 20.000 emplois supplémentaires en Tunisie, jusqu’en 2030.

Compte tenu de la structure actuelle de la production dans le pays à court terme, la plupart des emplois proviendront de l’installation, de l’exploitation et de la maintenance des capacités d’énergie renouvelable et de l’augmentation de l’efficacité énergétique dans les bâtiments, d’après une étude de l’Agence de coopération internationale allemande (GIZ), intitulée “Energie renouvelable et efficacité énergétique en Tunisie : emploi, qualification et effets économiques”.

La plupart des qualifications dans le secteur des énergies renouvelables sont des spécialisations dans des qualifications déjà existantes: électriciens spécialisés dans le photovoltaïque (PV) et plombiers dans les chauffe-eau solaires, installateurs et autres.

Préparer le marché du travail à de nouveaux emplois et à de nouvelles filières

Mais, les autorités dans le secteur de l’énergie en Tunisie, qui semblent, de l’avis de la société civile et des écologistes, encore attachées au fossile en dépit d’un grave déficit énergétique (57% entre avril 2016 et avril 2017) et réticentes à un déploiement massif des énergies propres, doivent, tôt ou tard, anticiper les changements dans le domaine de l’énergie renouvelable et préparer le marché du travail à de nouveaux emplois et à de nouvelles filières.

Lors du Dialogue de Berlin sur la Transition Energétique, qui s’est tenu les 17 et 18 avril 2018, il a été démontré que les innovations et les nouvelles technologies dans le secteur des ER, obligent à anticiper et à préparer dès aujourd’hui, les emplois de demain. En outre, face à la montée en puissance de la question environnementale, les entreprises vont rechercher des profils de plus en plus pointus.

Or, en Tunisie, seulement 3 390 personnes sont employées dans des activités liées aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique jusqu’au 2012. Environ 1 500 travaillent dans le domaine des énergies renouvelables, près de 1000 dans celui de l’efficacité énergétique et environ 1000 dans les activités transversales (recherche et développement, consulting et promotion de la maîtrise de l’énergie).

Le pays n’a atteint, jusqu’à ce jour, qu’une part de 3% des ER dans le mix énergétique et cible 30% d’ER à l’horizon 2030, en dépit de tout ce qui se passe dans le monde (baisse des prix du PV, montée en puissance de l’énergie solaire) et tout ce qui a été entrepris, sur le plan national, pour promouvoir ces énergies propres (avantages fiscaux, subventions, instauration de lois pour encourager la production de l’électricité à partir des ER…).

La Tunisie doit augmenter jusqu’à 60 % la part de l’énergie renouvelable d’ici 2030

Pour des activistes et des écologistes, la Tunisie, qui dispose d’un taux d’ensoleillement dépassant 3.000 heures par an, doit augmenter jusqu’à 60% la part de l’énergie renouvelable d’ici 2030.

Abondant dans ce sens, Atayi Babs, spécialiste nigérian dans l’énergie et membre du réseau Climate Reporters pour l’Afrique a déclaré à l’Agence TAP, “C’est absurde cette frilosité! la Tunisie doit cibler beaucoup plus que 30% d’énergie renouvelables dans le mix énergétique, compte tenu de son potentiel solaire et de sa situation énergétique et de ses avantages économiques”.

“Le pays devrait être plus ambitieux en matière de déploiement des énergies renouvelables, particulièrement après l’Accord de Paris”, a-t-il encore dit, relevant que la transition énergétique devient, aujourd’hui, nécessaire pour tous les pays africains, “elle devient une question de géopolitique”.

Les emplois verts, une manne dans le monde

Selon l’Organisation Internationale du Travail, plus de 20 millions d’emplois supplémentaires devraient être créés dans le secteur des énergies renouvelables d’ici 2030. Selon l’IRENA, les ER sont déjà une source significative d’emplois puisque les créations d’emploi dans ce secteur sont estimées à 9,4 millions emplois en 2015, dans le monde.

Rien qu’en Allemagne, la transition énergétique montre qu’une politique environnementale exigeante n’est pas seulement bonne pour l’environnement. Elle favorise aussi, la croissance et l’emploi.

Aujourd’hui, un million et demi d’allemands travaillent pour l’environnement. Cela représente 3,8 % de la population active. Rien qu’en 2015, 330.000 emplois ont été créés dans le secteur des énergies renouvelables. Pour les officiels allemands, l’écologie est une économie qui se projette sur le long terme et les objectifs ciblés par “l’Energiwende” (Transition énergétique), ne pourraient être atteints que par la combinaison des “3 E” : énergies renouvelables, efficacité énergétique et économies d’énergie.

Invité au dialogue de Berlin, le directeur de l’Agence Internationale des Energies renouvelables (IRENA), a réiété que les énergies renouvelables vont changer la structure de l’économie et repenser aussi les cursus scolaires.

“La transition ne soutiendra pas seulement les objectifs climatiques, elle soutiendra l’évolution sociale et économiqur partout dans le monde, sortira des millions de personnes de la pauvreté énergétique, accroîtra l’indépendance énergétique et stimulera une croissance durable de l’emploi”, a-t-il dit.

“C’est une opportunité à laquelle nous devons nous rallier en adoptant des politiques fortes, en mobilisant des capitaux et en stimulant l’innovation dans le système énergétique”, a encore déclaré le premier responsable de l’IRENA.

La Tunisie gagnerait à examiner de près l’expérience allemande en matière de transition énergétique, pour en recueillir les enseignements pertinents. Déjà, le pays européen accompagne, que ce soit à travers l’assistance technique ou le financement, la transition énergétique en Tunisie.

Croire en la transition énergétique et aux énergies renouvelables est pour la Tunisie, une opportunité pour créer des emplois à l’heure où le chômage (plus de 628.000 chômeurs) continue d’être un dilemme pour les gouvernements successifs.