Le nouveau président de l’UTICA, Samir Majoul, plaide pour une révolution économique générale. En effet, tout en espérant une autre révolution industrielle en Tunisie, il lance un appel à «… une prise de conscience de ce que chacun d’entre nous peut faire pour ce pays. En tant que patronat, nous disons “arrêtons tout le gaspillage qui est en train de se faire dans le pays aux niveaux de la Compagnie de phosphate de Gafsa, de la prospection pétrolière où des caisses sociales“. Il faut également revoir la Caisse générale de compensation».

Il est anormal de continuer à maintenir en vie des entreprises publiques peu compétitives et mal gérées

Il juge anormal que des entreprises publiques, contre tout bon sens économique, soient maintenues à flots alors qu’elles sont peu compétitives, mal gérées et perdent de l’argent. «Nous n’avons plus les moyens de subventionner ces entreprises», indique-t-il. «Par contre, nous voulons des entreprises publiques performantes, leaders qui soient la locomotive du pays et servent d’exemple par rapport au privé, parce que cela conditionne aussi la compétitivité du site Tunisie», ajoute Majoul.

Et de poursuivre : «quand un investisseur étranger arrive en Tunisie, il doit trouver un site compétitif à tous les niveaux. Il doit aussi trouver une zone industrielle compétitive équipée de tous les services nécessaires (eau, électricité compétitive en puissance et en coûts, connexion, ressources humaines compétitives…). La même chose s’applique à l’industriel tunisien qui doit bénéficier de la compétitivité de son environnement et ne doit pas avoir du surcoût dû à un environnement mal géré. Nous devons avoir une administration qui vous assiste et vous encourage, tout en étant prête à vous soutenir en cas de difficulté».

L’entrepreneur est formaté pour gérer une entreprise et non pas pour traiter avec une administration

Pour lui «les formalités doivent se faire en une journée, par exemple pour changer la vocation d’un terrain. L’entrepreneur est formaté pour gérer une entreprise et non pas pour traiter avec une administration. Celle-ci doit aider l’entrepreneur».

Idem pour les banques qu’il appelle à «évoluer et devenir des partenaires des entreprises».

Mais le nouveau président de l’UTICA refuse de faire endosser au gouvernement seul la responsabilité des difficultés que rencontre le pays. Selon lui, «le gouvernement a lui aussi besoin de soutien car la démarche qu’il est en train de prendre est très courageuse et nous attendons à ce qu’il soit soutenu, d’abord par l’administration -car elle est peut-être traditionaliste ou conservatrice. Il doit être également soutenu par les organisations nationales, c’est notre cas et celui de l’UGTT. Nous l’avons toujours fait, il n’y a pas de raison pour ne pas le soutenir».

Nous voulons avoir un gouvernement stable

Et Majoul de marteler : «Personnellement, je ne conçois pas qu’une organisation nationale ne soutienne pas son gouvernement, nous pouvons avoir un différend sur un dossier, mais nous nous asseyons autour d’une table et nous négocions. Nous voulons avoir un gouvernement stable…».

Il va plus loin pour demander les partis politiques de soutenir le gouvernement, «… sinon les textes de lois qu’il propose ne pourront pas passer à l’Assemblée ou seront vidés de leur contenu. Souvent ils passent, mais plus d’une année après leur soumission. Il y a même des financements que nous avons ratés, parce que les textes de loi n’ont pas été adoptés à temps».

La Tunisie a besoin ici et maintenant d’un plan d’urgence

Dans ce registre, il estime que parfois «… l’économie ne peut pas attendre, d’où la nécessité d’avoir un système de fast-track avec l’Assemblée pour que le chef du gouvernement puisse décréter ces textes». Et Majoul d’appeler à la mise en place d’«un plan d’urgence».

Si les dirigeants du pays oublient les échéances électorales et leurs carrières politiques, le pays se porterait beaucoup mieux

Tout ceci pour dire qu’«il faut que les choses aillent mieux dans les meilleurs délais et sans casser la machine, parce qu’il y a des équilibres à maintenir et des échéances électorales. Si nous oublions ces échéances et nos carrières, le pays se porterait très bien».

Une loi d’urgence économique permettrait au chef du gouvernement de prendre des décisions sans délai

Le président de l’UTICA explique qu’une loi d’urgence économique permettrait au chef du gouvernement de prendre une décision qui s’impose dans la minute qui suit. Il se défend de toute immixtion de l’organisation patronale dans la sphère politique. Cependant, «le privé a besoin de sécurité et de stabilité, quand il y a un conflit social, nous intervenons tout de suite. Mais des conflits apparaissent pour d’autres raisons qui peuvent être politiques,et c’est inadmissible».