«Si vous voulez réussir, pensez à mettre en place une Tunisie positive, une Tunisie qui travaille pour l’intérêt des générations suivantes et pourquoi pas à établir un plan Tunisie 2030 dans lequel vous inscrirez toutes les stratégies et actions devant servir cette fin». Merci Jacques Attali de rappeler que nous devons investir dans les générations futures.

Mais encore faut-il sauver ces générations du formatage en règle dont elles sont les victimes depuis 2011, année néfaste où les islamistes ont pris le pouvoir et ont commencé à instaurer leur modèle sociétal.

La Tunisie des grandes figures féminines -qui en ont fait un exemple dans le monde musulman- est en train de muer vers une société arriérée et rétrograde.

Hatem Ben Salem, ministre de l’Education nationale, nommé à ce poste lors du dernier remaniement ministériel, est scandalisé par les nouvelles pratiques instaurées dans certaines de nos institutions scolaires. «J’ai été assommé, en découvrant des classes où on réservait des rangées aux garçons et d’autres au filles. Un phénomène qui ne touche pas une région plutôt qu’à une autre mais qui couvre tout le pays», affirme le ministre qui estime, à juste titre, qu’il y a péril en la demeure et que tout le modèle sociétal tunisien est aujourd’hui menacé.

C’était au cours d’une rencontre organisée mardi 30 janvier 2018 au siège du ministère de l’Education, avec des représentantes de la société civile. Cauchemardesque !

Un modèle sociétal menacé et un corps enseignant infiltré par les extrémistes

Notre modèle sociétal est menacé parce que, tout simplement, on est en train de concrétiser ce qui semblait être un rêve pour les Frères musulmans et qui est devenue aujourd’hui une réalité : la wahhabisation de la société tunisienne. A l’instar de l’Arabie saoudite où aucun développement n’a été envisagé jusqu’à aujourd’hui et où la Chariaa est considérée comme le seul code familial, la Tunisie, que nous croyions régie par le droit positif et pensions être un Etat civil mais la réalité est autre depuis 7 ans. Depuis que des milliers d’anciens extrémistes religieux amnistiés ont été recrutés dans nos écoles, nos collèges et nos lycées qui ont saisi cette opportunité pour propager leurs idées rétrogrades et endoctriner nos progénitures. Des amnistiés qui ne sont même pas passés par des cycles de formation et de recyclage avant de prendre possession de nos espaces éducationnels et s’adonner à leur sport favori : inculquer leurs idéologies religieuses obscurantistes à des jeunes vulnérables et influençables !

Des images désolantes que celles des toutes petites filles qui ne sont même pas pubères et qui portent le voile. Un rite imposé par nombre d’enseignants qui finissent par en convaincre même les parents. Des professeurs d’éducation religieuse qui, au lieu d’inculquer aux élèves l’amour de Dieu et de leurs prochains, leur parlent des supplices qu’ils peuvent encourir s’ils désobéissent aux préceptes qu’ils leur enseignent.

De quels préceptes parlent-ils et qui dit qu’ils sont les meilleurs? Le rôle des inspecteurs de l’éducation nationale ayant été affaibli par les tous puissants syndicats de l’enseignement dont les agendas politiques et la soif du pouvoir a supplanté les intérêts des élèves, il est devenu difficile de mettre au pas les enseignants réticents. Ceux qui ne suivent pas les programmes décrétés dans les cursus scolaires mais qui distillent leur poison à petites doses à une jeunesse déboussolée.

Retour en force de la misogynie chez les jeunes

Du coup, on observe la montée de la misogynie chez les jeunes. Une étude réalisée par le CREDIF en a fait le constat, ses résultats seront prochainement publiés, d’après Dalenda Larguech, DG du CREDIF.

Qui aurait pu imaginer que la Tunisie, qui a promulgué le Code du statut personnel (CSP) le plus avant-gardiste du monde arabe, qui a engendré des femmes guerrières, des scientifiques de haut niveau, des pilotes et commandants de bord, des femmes officiers dans les forces de l’ordre ou des militaires de haut rang, des douaniers, des pompiers, des chauffeurs de taxis, de bus et la liste est longue, en serait arrivée là?

Un post publié par un observateur très avisé résume la situation que nous vivons aujourd’hui en ces termes: «Nous avions des grandes civilisations au Yémen, dans le Grand Sham, en Egypte, en Iran, en Ethiopie, en Somalie, au Nord de l’Afrique, et puis un jour, nous avons reçu la visite d’Al Badr!». La Tunisie qui a reçu la visite en question au mois de février 2011 pourrait bien se retrouver “talibanisée“ dans à peine quelques années. Le temps que les produits des écoles coraniques et les élèves des amnistiés djihadistes soient assez grands et assez forts pour mener leur bataille pour la Reconquista et la khilafa !

Les pouvoirs publics ont le devoir et l’obligation d’appliquer la loi sans réserve. La circulaire du ministère de l’Education nationale stipule clairement qu’il est formellement interdit de séparer les garçons des filles dans les salles de classe ou dans les activités scolaires. Le ministère de la Femme et de la Famille et celui des Affaires religieuses doivent assumer leurs responsabilités dans la lutte contre la wahhabisation de la société tunisienne.

Les syndicats doivent s’écraser un peu pour que les mesures disciplinaires à l’encontre des récalcitrants illuminés dans l’enseignement soient appliquées. Les médias doivent dénoncer le plan diabolique des Frères musulmans de renvoyer la Tunisie à l’ère noire de l’inquisition.

Que les parents assument leurs responsabilités dans la protection de leurs enfants de l’influence des djihadistes enseignants, et que la société civile mène des actions d’envergure pour mettre les politiques aux devants de leurs responsabilités face à toutes les actions entreprises par les islamistes et qui font qu’aujourd’hui la «khilafa» est en marche.

La Tunisie est aujourd’hui sérieusement menacée par la pensée obscurantiste et a besoin de tous les esprits éclairés pour gagner son indépendance contre la dictature des Frères musulmans. Son histoire a montré qu’il y a toujours eu résistance dès que l’on tente d’y changer l’ordre des choses.

Didon, déesse de Carthage, s’est suicidée pour préserver son règne et ne pas trahir le souvenir de son époux. Sophonisbe, fille d’Hasdrubal, général de Carthage, s’est suicidée en s’empoisonnant pour éviter le déshonneur face aux vainqueurs romains.

Al Kahina a été décapitée après avoir été vaincue par les conquérants arabes. Aroua a imposé le «contrat de mariage kairouanais» qui institua au VIIIe siècle la monogamie entre les époux. Lella Manoubia, la sainte, symbolisa une autorité religieuse au début du XIVe siècle et revendiqua le statut de pôle des pôles réservé uniquement à la gente masculine.

Malheureusement, de nos jours il n’y a aucune garantie pour que nous gardions le statut d’un pays progressiste et moderne. L’Afghanistan l’était avant les Talibans, l’Iran l’était avant Khomeiny et ses Ayatollahs, le Soudan l’était avant l’arrivée des islamistes au pouvoir.

Simone de Beauvoir avait dit : «N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant».

C’est ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie où la vigilance doit devenir un leitmotiv!

Amel Belhadj Ali