La GIZ, à travers sa présence en Tunisie, a entamé en 2016 un programme de coopération triangulaire «Développent du tourisme durable» entre l’Allemagne, le Costa Rica et la Tunisie. Ce programme s’inscrit dans le cadre du projet «Fonds pour la promotion de l’emploi des jeunes en Tunisie» et le projet «Fonds régional en Amérique Latine et dans les Caraïbes». Le programme se poursuit par un voyage d’étude de professionnels, d’associations de la société civile et de des cadres de l’administration tunisienne, du 17 au 26 janvier 2017, afin de participer à un échange d’expériences dans le secteur du tourisme durable.  Par Amel Djait

Quand Trèves risque de perdre un site inscrit au patrimoine de l’UNESCO, elle réagit avec fermeté et engagement. Le résultat est alors une leçon sur comment donner vie à un patrimoine archéologique. Du coup, depuis sa reprise en main, la ville attire de plus en plus de monde et la dernière exposition du musée de Trèves, dédiée à Néron, a engendré pour la ville 18 millions d’euros de rentrées pour 1,5 million de dépenses. Le parallèle avec la Tunisie et ses nombreux sites abandonnés ou menacés est alors évident.

Trèves est une ancienne colonie romaine. Fondée en l’an 16 av. J-.C qui se trouve dans le land de Rhénanie-Palatinat. Connue pour sa «Porta Nigra», une monumentale porte fortifiée devenue le symbole de la ville, elle est une destination culturelle et historique par excellence. Outre le fait qu’elle soit la ville natale de Karl Marx, c’est surtout son musée qui a fait sa réputation.

Connue pour son célèbre trésor d’or et ses mosaïques, la ville exploite toutes les ressources qui lui sont disponibles pour créer de la valeur ajoutée. Tout y passe: un son et lumières dans une aile du musée, un jeu de rôle alliant théâtre et histoire dans un site archéologique, des cours de gladiateurs, la reconstruction des thermes,….

Le programme d’exploitation mis en place repose sur plusieurs axes:

Les visites scéniques sont nombreuses et évoluent en fonction des saisons et des publics. C’est le Bureau d’informations touristiques de la ville qui concentre les réservations et paye l’équivalent de 400 euros la prestation des artistes qui assurent près de 1.000 représentations par an. Les artistes, qui sont sous contrat avec la ville, travaillent la qualité de leurs textes, innovent sur les thèmes, les costumes, les happenings… En saison, le spectacle, qui dure à peine 25 minutes, peut être reproduit jusqu’à 7 fois en une journée pour des petits groupes ne dépassant pas les 20 personnes.

Pour en savoir plus : http://www.erlebnisfuehrungen.de

Les circuits à thèmes : circuits pédestres, randos pour les enfants, circuits déguisés en costumes d’époque, Segway tour… Les randonnées sont guidées, accompagnées, sur réservation, avec des dates précises… Toutes les options sont disponibles sur le site de la ville.

L’école des gladiateurs : Dans l’arène à combats de l’amphithéâtre de Trier (Trèves), le gladiateur Valerius découvre avec les participants les passages sombres, caves et oubliettes … Une formation de gladiateur avec remise d’un certificat est disponible en une journée sur réservation. Celle-ci est facturée à 149 euros/pax.

Le musée de Trèves est l’un des principaux musées archéologiques d’Allemagne. Il abrite des collections s’étendant de la Préhistoire au Baroque en passant par la phase romaine et le Moyen Âge; mais c’est surtout au passé romain de la plus vieille ville d’Allemagne (Augusta Treverorum) que se consacre cet établissement. Le musée de Trèves a mis en place un son et lumières qui permet une immersion historique des plus authentiques et originales. Casque sur la tête (pour les langues étrangères), le visiteur marche dans une galerie et profite d’un spectacle qui alterne les récits, les dialogues, les images, les photos animées, la vidéo, la musique, les lumières…

Le spectacle dure 45 minutes et anime l’ensemble d’une aile du musée en permettant aux visiteurs de se déplacer en fonction du rythme du spectacle.

Et la Tunisie?

L’idée de cette énumération de produits conçus par la ville de Trèves est bien entendu volontaire. Son objectif est de pousser à la réflexion sur l’exploitation et l’état des sites tunisiens inscrits au patrimoine de l’Unesco.

Il s’agit ici de solliciter l’entreprenariat à plus d’audace mais surtout le public à plus de souplesse et d’ouverture. La Tunisie est menacée de perdre quelques uns de ses sites inscrits, sauf que les réactions pour animer, réhabiliter, protéger et exploiter les sites sont encore très lentes à venir. Pire encore, elles prétextent des moyens incommensurables pour commencer à créer de la valeur sur les sites concernés. Or, ne serait-ce que par l’exemple de Trèves, cela est faux et archifaux. A quoi cela sert-il d’avoir des pierres et des sites mondialement reconnus si on ne peut pas les faire vivre, parler et créer de la richesse et de la notoriété? Trèves a prouvé qu’avec un jeu de rôles, une volonté politique et du travail, un site archéologique revit.

Le Patrimoine mondial de l’UNESCO a été inventé pour protéger et pour signaler des sites d’importance pour le monde entier. Cette inscription a des impacts potentiellement importants sur le développement socio-économique des zones où sont situés ces sites.

Dans un des rapports de l’Unesco on lit: «En vérité, ces impacts réels ou supposés sont l’un des ressorts principaux, sans doute même le plus important, de la demande d’inscription sur la liste, qui est très forte. Dans l’esprit de ceux qui portent généralement cette demande, être inscrit sur la liste est une promesse et un instrument de développement économique, c’est-à-dire d’activités et d’emplois».

C’en est à se demander pourquoi la Tunisie a voulu classer ses sites si c’est pour les abandonner, les laisser défigurer, détruire, ne pas valoriser.